Statistiques des arrestations du 11 novembre 1940 à Paris

Légende :

Liste manuscrite, datant sans doute de la fin novembre, des 113 arrestations par établissement

Type : Note manuscrite

Source : © Archives nationales, AJ16/7116 Droits réservés

Détails techniques :

Document manuscrit de 3 pages

Date document : sans date [novembre 1940]

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Cet état des arrestations effectuées suite à la manifestation du 11 novembre 1940 à Paris distingue l'enseignement d'Etat et l'enseignement libre et différentes catégories : enseignement supérieur, enseigement secondaire, enseignement technique, EPS (écoles primaires supérieures, enseignement secondaire court) et met à part les professeurs.

L'enseignement supérieur compte 24 personnes arrêtées dont 20 pour l'Université de Paris. 
Pour l'enseignement secondaire, il est fait état d'un total de 56 arrestations (dont 10 pour le lycée Buffon, 7 pour Voltaire, 6 pour Louis-le-Grand...). 
20 étudiants de l'enseignement technique ont été interpellés, 11 de l'EPS (collège Chaptal et lycée Arago).
Enfin, il est fait mention de deux arrestations de professeurs du lycée Lakanal et de l'école Saint-Joseph d'Aubervilliers. 

Ce qui porte l'ensemble à un total de 113 arrestations.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Combien y eut-il d’arrestations ? Une liste de la police parisienne mentionne 39 étudiants arrêtés le 11 novembre puis relaxés, noms qui ne paraissent pas dans les autres documents. Au poste de police des Champs-Élysées et au commissariat du quartier Chaillot sont transférées 39 autres personnes, dont 30 « étudiants » (en fait étudiants ou lycéens et élèves), qui ont été arrêtés par la police française, parfois sur injonction allemande, parfois directement remis par les Allemands. Ces 30 étudiants, presque tous interrogés par la police, sont ensuite remis aux autorités d’occupation, une « manière de procéder paraissant tout à fait anormale » au secrétaire d’État à la Guerre qui demande des explications au préfet de police Langeron.  

En outre, les Allemands ont d’eux-mêmes procédé à la majorité des arrestations, et établi leur propre liste cumulative par établissement (outre l’Université, 40 établissements sont mentionnés), non datée, de 115 étudiants et lycéens, ainsi que 3 personnes considérées comme enseignants. Le rapport du commandement militaire évoque 143 arrestations maintenues au 17 novembre, à la Santé ou au Cherche-Midi, ce qui inclut les non-lycéens et non-étudiants. C’est cette liste de 19 étudiants et 93 lycéens qui, communiquée à Jérôme Carcopino le 2 décembre, lui permet de plaider le caractère peu universitaire de la manifestation. Ces chiffres ne sont pas ceux du communiqué officiel de la vice-présidence du Conseil qui évoque le 8 décembre 123 arrestations, dont 90 lycéens et 14 étudiants.


Extrait de :
Monchablon, Alain. « La manifestation à l'Étoile du 11 novembre 1940. Histoire et mémoires », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 110, no. 2, 2011, pp. 67-81.