Rue Bourneuf et Dampierre, Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines)

Légende :

Plaque de rue aux noms de Maurice Dampierre et Emmanuel Bourneuf, résistants fusillés au Mont-Valérien le 11 avril 1944 (et non 1945 comme indiqué sur la plaque !).

Genre : Image

Type : Nom de rue

Source : © Cliché Jean Présent Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Décembre 2019

Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Conflans-Sainte-Honorine

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Emmanuel Bourneuf est né le 1er juin 1894 à Ballée, dans la Mayenne. Il demeurait route de Conflans a Herblay. Il était membre actif du Parti communiste et appartenait a un réseau de résistance dépendant du Front National. Il avait comme nom de guerre « Guillaume. » Il militait au sein de la cellule communiste d'entreprise à l'usine des LTT, où il était le responsable «masses », comme on disait à l'époque pour les militants qui étaient chargés de l'élargissement du nombre d'adhérents et de l'animation politique locale.
Dans la Résistance, il devient rapidement chef de groupe (10 hommes), fonction correspondant au grade FFI de sergent-chef. Il participe en tant que tel à de nombreuses opérations sur le secteur d’Herblay. Il était également chargé des relations avec les gaullistes. A ce titre, il était en contact avec René Defert, résistant gaulliste demeurant à Conflans. II est arrêté à son domicile le 29 novembre 1943 par des fonctionnaires de la Brigade spéciale de la préfecture de police. II est aussitôt incarcéré pour menées «communo-terroristes», selon la terminologie en vigueur sous l'administration collaborationniste de Vichy. Lors de son arrestation, il déclare que, depuis décembre 1942, sa mission consistait à distribuer des tracts le soir dans les rues de Conflans et, parfois, à la sortie de l'usine des LTT où il travaillait. Son activité de résistant s'effectuait au sein des FTPF. Il a été fusillé le 11 avril 1944 au Mont Valérien avec son ami et camarade, Maurice Dampierre. Il est l'un des principaux organisateurs de l'arrêt de travail et de la manifestation patriotique du 11 novembre 1943 aux LTT. A cette date, plus d'une centaine de salariés hommes et femmes avaient répondu a l'appel. Le 13 avril 1944, les salariés des LTT cessent massivement le travail pour honorer sa mémoire et celle de Maurice Dampierre, fusillé le même jour. Il était contrôleur mécanicien dans cette usine.

Maurice Dampierre est né le 20 avril 1909 à Pontoise, en Seine-et-Oise (95 aujourd'hui). Il est marié, père de quatre enfants dont Maurice le petit dernier qui portera son prénom mais qu'il ne connaîtra jamais. Maurice Dampierre est ajusteur-mécanicien à la Tréfilerie Lignes Télégraphiques et Téléphoniques (LTT). Maurice est communiste. Il a une activité de résistant jusqu'en novembre 1943 sous le pseudonyme de « César » et jusqu'à la date de son attestation. Il lui est reproché d'avoir effectué des actes hostiles aux armées d'occupation, comme la diffusion de tracts et de journaux anti-allemands, des actions armées et des sabotages. Il a réalisé un coup de main contre des sentinelles allemandes en septembre 1943 à Saint-Germain-en-Laye. Il a également participé à un déraillement sur la voie ferrée stratégique reliant Epluches à Achères via Eragny-sur-Oise au kilomètre 28,200. Cette action a eu lieu sous son commandement, le 12 octobre 1943 à 23 heures. La manoeuvre avait comme but le déraillement d'un train de permissionnaires allemands se dirigeant vers Achères et l'obstruction de la voie ferrée pendant 48 heures. L'action s'est déroulée sur le territoire de Neuville. Après son arrestation, le 26 novembre 1943, à son domicile, par quatre policiers en civil, Maurice Dampierre est incarcéré en même temps que Roland Parisé à la prison de Fresnes où il est soumis à la torture. Il est supplicié. Avec Roland Parisé, il comparaît devant le tribunal militaire allemand dans la prison elle-même, le 18 mars 1944. Tous deux sont accusés d'actes hostiles à l'armée allemande d'occupation. Il est condamné à mort. Maurice Dampierre est fusillé au Mont Valérien avec 18 codétenus, dont Emmanuel Bourneuf, le 11 avril 1944, à 15 heures 35. Il a reçu la mention « Mort pour la France ». Les quatre enfants de Maurice Dampierre sont reconnus pupilles de la Nation. 


Jacques Defer
D'après Yannick Amossé et Jean Présent, La Résistance à Conflans-Sainte-Honorine, Montreuil, Le temps des Cerises, 2013