Adam Rayski (Rajgrodski Abraham)

Légende :

Adam Rayski à Marseille en 1941.

Journaliste polonais engagé dès sa jeunesse dans le mouvement communiste, Adam Rayski fut l’un des principaux dirigeants de la section juive de la MOI qui se reconstitue en 1940 dans la clandestinité sous la couverture de l’organisation "Solidarité". Il participe en 1942 à la création du 2e détachement juif au sein des FTP-MOI.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. Adam Rayski Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1941

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Journaliste polonais engagé dès sa jeunesse dans le mouvement communiste, Adam Rayski fut l’un des principaux dirigeants de la section juive de la MOI qui se reconstitue en 1940 dans la clandestinité sous la couverture de l’organisation "Solidarité" et participe en 1942 à la création du 2e détachement juif au sein des FTP-MOI.

Né en 1914 dans une famille de commerçants juifs, Adam Rayski a grandi à Bialystok, petite ville industrielle aux confins de la Biélorussie. Il milite très jeune et devient alors qu’il est lycéen le secrétaire du Komsomol (Jeunesses communistes) de Bialystok. Mais la répression anticommuniste menée en Pologne entraîne son exclusion du lycée et l’oblige en 1932 à venir en France pour pouvoir suivre des études supérieures. Après avoir étudié à la Sorbonne et à l’Ecole libre des sciences politiques, Rayski est engagé par le PC comme rédacteur et devient permanent du parti. Il travaille comme stagiaire à L’Humanité entre 1934 et 1936 sous la direction d’André Marty puis de Paul Vaillant-Couturier et écrit également des articles pour Naye Prese, le quotidien de la section juive de la MOI.

En mai 1940, Adam Rayski est mobilisé pour servir d’interprète dans un régiment de l’armée polonaise basé à Coëtquidan (Morbihan). Fait prisonnier lors des combats de juin 1940, il réussit à s’évader et à revenir à Paris le 14 juillet 1940. Ayant renoué avec l’appareil du PC devenu clandestin depuis l’interdiction du parti en septembre 1939, Adam Rayski participe à la création en septembre 1940 de l’organisation "Solidarité" qui sert de couverture à la reconstitution de la section juive de la MOI. Derrière les activités d’entraide semi-légales de "Solidarité ", Adam Rayski organise des activités de propagande visant à diffuser la propagande communiste au sein de la communauté juive par le biais de distribution de tracts ou de journaux clandestins. Il s’occupe également de la reparution du journal de la section juive, désormais baptisé Unser Wort.

En avril 1941, l’appareil du parti le nomme délégué en zone non occupée. Sa mission consiste à développer des structures pour les nombreux juifs qui se sont réfugiés depuis juin 1940 dans le sud de la France afin de ne pas connaître l’occupation allemande. Adam Rayski organise à Toulouse un réseau de prise en charge des juifs étrangers internés aux camps de Gurs, d’Argelès ou du Vernet qui ont réussi à s’évader. Il installe à Marseille une imprimerie clandestine qui permet de diffuser le premier journal clandestin de la section juive en zone sud.

Si l’agression de la Wehrmacht contre l’URSS marque un tournant pour le parti communiste, qui renoue avec l’antifascisme et appelle à la lutte armée contre l’occupant après avoir dénoncé la poursuite d’une guerre qualifiée "d’impérialiste " au cours de la période précédente, elle entraîne également des menaces nouvelles pour la population juive. La dénonciation par la propagande allemande d’un danger "judéo-bolchevique" amène l’occupant à renforcer la répression des menées communistes mais aussi à organiser les premières rafles de juifs étrangers en région parisienne. Dans un tel contexte, Adam Rayski, qui devient responsable national de la section juive de la MOI en septembre 1941, propose d’intensifier les activités de résistance. Pour développer la lutte armée, il est l’un des fondateurs du 2e détachement juif qui s’impose comme le fer de lance des FTP-MOI et dont les combattants seront immortalisés par la fameuse "Affiche rouge" diffusée par la propagande allemande au moment de leur procès en février 1944. Pour développer les activités liées au sauvetage, il définit une stratégie consistant à empêcher l’isolement de la population juive de l’ensemble de la nation et à chercher un maximum de complicités dans la population non juive. Il s’oppose à la création de l’UGIF par Vichy qui consiste à englober l’ensemble des organisations juives dans une seule communauté obligatoire pour pouvoir mieux les contrôler.

Du fait de ses importantes responsabilités politiques et de sa participation également à la lutte armée dans le cadre du 2e détachement, Adam Rayski est identifié en 1943 par les Brigades spéciales (BS) qui le traquent. Il réussit toutefois à échapper aux différentes vagues d’arrestations qui démantèlent la plupart des groupes FTP-MOI de la région parisienne entre juillet et novembre 1943 et gagne la zone sud où il participe aux activités du Comité général de défense juive (CGD). En riposte à la politique de collaboration menée par l’UGIF avec les autorités de Vichy, cette institution cherche à unir les différentes branches de la résistance juive et à intensifier le sauvetage des juifs en France. Le CGD deviendra à la fin de la guerre le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Après la guerre, Adam Rayski militera auprès de la direction du PCF pour que soit reconnue la spécificité d’une résistance juive au sein du parti. Il retourne en Pologne en 1949 avant de revenir en France en 1957 après avoir rompu avec le parti communiste polonais. Condamné dans le cadre de l’affaire Bertelé pour avoir entretenu des liens avec un espion polonais en France, il est emprisonné entre 1961 et 1963 avant d’être libéré grâce à l’intervention d’anciens résistants. Adam Rayski consacrera la fin de sa vie à faire connaître l’histoire de la résistance juive en publiant plusieurs ouvrages sur le sujet et en participant à de nombreuses actions mémorielles au sein de l’UJRE (Union des Juifs pour la résistance et l’entraide) dont il a été président d’honneur. Adam Rayski est décédé à Paris en 2008, à 95 ans. 


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Mémorial de la Shoah, fonds Adam Rayski (biographie d’Adam Rayski)
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994.
Adam Rayski, Nos illusions perdues, Balland, 1985.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Perrin, 2018.