Jehoszua Lederman, dit Charles

Légende :

Charles Lederman en 1963 à Berlin lors du procès contre Hans Globke.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1963

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Contexte historique

Charles Lederman naît le 27 janvier 1913 à Varsovie en Pologne. Fils de Chaïm Lederman, vernisseur sur meubles, engagé volontaire dans l’armée française au cours de la Première Guerre mondiale, et de Perla Zeidmann, ouvrière dans une usine textile, Charles Lederman poursuit de brillantes études au lycée Voltaire à Paris où il est boursier. Adhérent des Jeunesses communistes en 1928, il évite de peu une exclusion du lycée pour ses activités politiques. Diplômé en Droit, il s’inscrit au barreau de Paris en 1934 et adhère l’année suivante au Parti communiste français. Entre 1935 et 1938, il est le collaborateur de Gorges Pitard, avocat communiste, qui sera fusillé comme otage au Mont Valérien le 20 septembre 1941. Charles Lederman se spécialise dans la défense des syndicalistes et devient en 1936, l’avocat de l’Union des syndicats CGT de la Seine.

Après avoir accompli son service militaire en novembre 1938 au 8e régiment de Zouaves, il est maintenu sous les drapeaux à la déclaration de guerre. Capturé à Dunkerque, le 4 juin 1940, il est fait prisonnier et interné au stalag VIa (Rhénanie-du-Nord). Rapatrié sanitaire le 27 octobre 1940 grâce à des faux papiers fabriqués au sein même du camp, il rejoint Lyon où il est démobilisé. Il se rapproche alors d’organisations juives clandestines.
Délégué par l’OSE comme travailleur social volontaire auprès des internés du camp de Rivesaltes, il contribue à la libération de nombreux enfants et à leur placement dans des maisons d’accueil. En octobre 1941, suspecté par la direction du camp d’avoir favorisé des évasions, il est éloigné de son poste. Devenu responsable du centre OSE de Lyon, il participe dans la nuit du 26 août 1942, aux côtés de son beau-frère Georges Garel, à la commission de criblage qui réussit à faire exempter et relâcher, ou bien évader, 108 enfants et adolescents et environ 500 adultes parmi les 1 200 rassemblés à Vénissieux.

Après un bref séjour à Toulouse et Montauban, il revient à Paris où la direction juive communiste a subi de lourdes pertes. Il est en avril 1943 l’un des fondateurs de l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE) et de ses groupes de combat. Il participe à la création du Comité militaire des groupes de combat dont il est assure le contrôle avec le grade de commandant. Il a alors pour adjoint Julien Winny et Albert Goldman. Il est également l’un des fondateurs du Mouvement national contre le racisme (MNCR), d’abord intitulé Mouvement contre la barbarie nazie, et participe à la rédaction de J’accuse et de Droit et Liberté. En août 1944, il prend part à la libération de Villeurbanne puis de Lyon avec les groupes de combat de l’UJRE.

Après la Libération, de retour à Paris, Charles Lederman reprend son activité professionnelle en devenant avocat du Parti communiste français. Il est également défenseur des Combattants de la Paix poursuivis pour leur action contre la guerre d’Indochine, puis pour les militants communistes et ceux du FLN lors du conflit algérien. Egalement impliqué sur le plan associatif et mémoriel, il préside l’UJRE de 1944 à 1998. Sur le plan politique, à partir de 1965, il est élu conseiller municipal de Paris, puis conseiller général de la Seine jusqu’en 1971. Il devient sénateur du Val-de-Marne le 25 septembre 1977. La même année, il devient membre du Conseil régional d’Ile-de-France.

Chevalier de la Légion d’honneur en 1996, Charles Lederman est titulaire de la croix de guerre avec étoile d’argent, de la croix de combattant volontaire de la Résistance et de la médaille de la France libérée. Décédé le 26 septembre 1998 à Paris, la mairie de Paris a fait apposer en 2009 une plaque sur la face de l’immeuble où il demeurait, rue Saint-Louis-en-L’île.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 351 769
Biographie sur le site du Sénat
Notice "LEDERMAN Charles, Jehoszna" par Frédérick Genevée, version mise en ligne le 30 octobre 2009, dernière modification le 2 mai 2020.
AACCE, Les Juifs ont résisté en France, 1940-1945, 2009.