Elie Dorn-Schifman

Légende :

Certificat d'appartenance aux FFI délivré à Elias Dorn le 21 février 1951.

Juif polonais réfugié en France, militant syndical et communiste, Elie Dorn fut l’un des combattants des FTP-MOI de la région parisienne, participant aux opérations de guérilla développée en 1942 et 1943 dans la capitale contre les forces d’occupation, avant d’être muté dans l’Est puis le Nord de la France où il joua un rôle important d’organisation et exerça des fonctions d’encadrement au sein des états-majors FTP.

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Service historique de la Défense à Vincennes, GR 16 P 190 041 Droits réservés

Date document : 21 février 1951

Lieu : France

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Contexte historique

Juif polonais réfugié en France, militant syndical et communiste, Elie Dorn fut l’un des combattants des FTP-MOI de la région parisienne, participant aux opérations de guérilla développée en 1942 et 1943 dans la capitale contre les forces d’occupation, avant d’être muté dans l’Est puis le Nord de la France où il joua un rôle important d’organisation et exerça des fonctions d’encadrement au sein des états-majors FTP.

Elie Dorn est né en 1896 à Varsovie. Ouvrier maroquinier, il milite au sein du Parti communiste polonais mais préfère quitter le pays du fait de la dérive autoritaire du maréchal Pilsudski. Après avoir séjourné à Bruxelles, il s’installe au début des années 1930 à Paris, où il poursuit son engagement communiste, au sein de la section juive de la MOI. Il reste fidèle au PC après son interdiction en septembre 1939 provoquée par le pacte germano-soviétique et participe à sa reconstitution dans la clandestinité.

Après avoir mené des activités militantes clandestines, Elie Dorn rejoint la lutte armée en 1942 en intégrant les FTP nouvellement créés pour servir de bras armé au PC. Au sein des FTP-MOI, il participe sur le terrain aux actions armées (sabotages, attentats) qui s’intensifient à Paris et en région parisienne entre la fin 1942 et l’été 1943. Il fait ainsi parti des deux petits commandos qui lancent en plein Paris des grenades contre des hôtels réquisitionnés et occupés par les Allemands rue de la Voûte (fin 1942) et rue Bergère (début 1943). Le 31 mai 1943, Elie Dorn participe à l’attaque près du métro de La Motte Piquet d’un petit détachement allemand sur lequel sont lancées des bouteilles explosives fabriquées de façon artisanales. Si ces opérations menées avec peu de moyens provoquent au final des pertes minimes dans les rangs ennemis, elles n’en permettent pas moins de montrer aux Allemands qu’ils ne sont pas en sécurité dans Paris occupé et qu’une forme de danger permanent pèse sur eux.

En mai 1943, Elie Dorn intègre le 4e détachement dit des "dérailleurs" chargé sous la direction de Joseph Boczov de procéder à des sabotages de voies ferrées en région parisienne. Il participe à ce titre à une dizaine de déraillements de trains allemands. Quelques mois plus tard, en septembre 1943, Elie Dorn est muté par l’appareil en Meurthe-et-Moselle où il intègre l’état-major départemental des FTP. Cette mutation lui permet d’échapper à la répression qui démantèle la quasi-totalité des groupes de la FTP-MOI de région parisienne au cours de l’automne 1943. Fort de son expérience acquise au sein du détachement Boczov à Paris, Elie Dorn organise en Meurthe-et-Moselle des commandos FTP-MOI chargés de procéder à des déraillements de train.

En janvier 1944, il est affecté à l’état-major régional pour la 21e région qui réunit les Vosges, le territoire de Belfort, le Doubs, la Haute-Saône et la Haute-Marne. Il exerce essentiellement des fonctions d’organisation et participe à la structuration des différents maquis FTP de la région en détachements militaires en vue de l’insurrection armée qui doit se déclencher lorsque les Alliés auront débarqué. Elie Dorn participe également à la mise en place de filières de recrutement parmi la communauté polonaise locale ainsi qu’à des opérations visant les soldats soviétiques enrôlés de force au sein de la Wehrmacht pour les encourager à déserter et rejoindre ensuite la résistance armée. A partir de juin 1944, il réalise ce même travail de structuration et d’organisation au sein de la 25e région (Nord, Pas-de-Calais-Ardennes) où il est muté. Avec le grade de lieutenant, il participe aux combats de la libération, notamment ceux qui permettent de libérer Charleville-Mézières en septembre 1944.

Après la guerre, Elie Dorn reste un membre actif du PC et rejoint l’Association des Anciens Combattants de la Résistance, participant à ses différentes activités commémoratives et associatives. Elie Dorn est décédé le 8 février 1966, dans sa 70e année.


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 190041, dossier individuel d’Elie Dorn.
Claude Collin, "Etrangers et nos frères pourtant : contribution à l’histoire des FTP-MOI", Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 174, avril 1994, p. 161-177.
David Diamant, 250 combattants de la Résistance témoignent, L’Harmattan 1991.
David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française, Le Pavillon, 1971.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des Juifs en France 1940-1944, 1973.