Eugène Joseph Bass

Légende :

Attestation de services dans la Résistance délivrée par Maurice Brener en faveur d'Eugène Bass.

Genre : Image

Type : Attestation

Source : © Yad Vashem Droits réservés

Date document : 26 décembre 1952

Lieu : France

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Contexte historique

Fils de Moïse et de Teckla Eppstein, Eugène Joseph Bass naît le 28 novembre 1924 à Sarrelouis (Moselle). Avant-guerre, la famille demeure à Nancy, 40 rue de la République. Réfugiés en Haute-Vienne, ils résident de 1943 à 1945 chez Marguerite Berrouin, 25 avenue Branly à Saint-Junien.

Au début de l’année 1943, Eugène Bass rejoint l’Armée juive sous les ordres de Sender Szejner. Il quitte son emploi à l’usine électro-technique de Limoges en février 1944 pour entrer dans la clandestinité. Au sein de cette organisation clandestine, il est chargé du recrutement et de l’entraînement des jeunes juifs qu’il dirige ensuite vers Toulouse ainsi que de la surveillance et de la mise en place d’une aide matérielle aux enfants dont les parents sont déportés ou dispersés.

Le 10 juin 1944, Eugène Bass arrive à la gare de Saint-Junien par le train de 17 heures, venant de Limoges. Par suite des dégâts causés au pont de la voie ferrée, ce train qui devait aller jusqu’à Chabanais, est resté en gare de Saint-Junien. Depuis le 8 juin 1944, les Allemands occupaient la ville. Bass reste dans son wagon jusqu’à 18h30, puis décide de se rendre chez sa mère. Il est revient à la gare pour prendre le train pour Limoges (il devait semble-t-il convoyer dès le lendemain trois jeunes israélites à Toulouse). Arrivé 5 minutes avant le départ du train, il est arrêté dans la cour de la gare par quatre civils armés. Après avoir été frappé à coups de crosses, il est emmené route de Rochechouart et exécuté au lieu-dit Chez Mondie. Selon le témoignage de M. Chauvat, chef de la petite vitesse à la gare de Saint-Junien, les responsables de cette exécution était des soldats de la 3e compagnie de la division SS Das Reich (plus précisément la 3e compagnie du 1er bataillon du régiment Der Führer de la division Das Reich).

Selon l’enquête du service des crimes de guerre du SRPJ de Limoges, l’auteur de l’exécution serait un sous-lieutenant du Sicherheitsdienst (SD) de Limoges. Lors de son audition par le commissaire Bordier le 4 décembre 1944, sa sœur Irma déclare : « Je ne puis vous donner aucun autre renseignement sur les causes de sa mort. (…) C’est seulement le 14 juin que j’ai eu connaissance de sa mort car il avait des fausses cartes d’identité et je me suis rendue à la morgue pour reconnaître son corps ». Effectivement lors de son arrestation, Eugène Bass était porteur d’une carte d’identité au nom de Marcel Pelluau, étudiant, demeurant à Limoges, 12, rue de Fontaury.

Inhumé en premier lieu à Saint-Junien, le corps d’Eugène Bass est ramené à Nancy en 1948.
Son nom figure sur la stèle commémorative des victimes de la Seconde Guerre Mondiale à Saint-Junien. Il figure également à Nancy (Meurthe-et-Moselle) sur la plaque commémorative 1939 - 1945 du lycée Poincaré. 


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives départementales de Haute-Vienne 986W687, 1517W464 (enquête du SRPJ de Limoges, janvier 1949)
Service historique de la Défense – DAVCC, Caen : AC 21P 421 810 (notamment rapport de gendarmerie du 29 janvier 1950 sur les circonstances de la mort d’Eugène Bass)
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 36692
Yad Vashem
Organisation juive de combat – France – 1940-1945, Paris, éditions Autrement, 2006.
Notice « BASS Eugène » par Bernard Pommaret, Dominique Tantin, Michel Thébault, version mise en ligne le 31 mai 2017, dernière modification le 23novembre 2020.