"32 actions de l'activité de combat de l'UJRE de Lyon"

Légende :

Synthèse des actions réalisées par les groupes de combat de l'UJRE de Lyon

Genre : Image

Type : Document

Source : © AD 93 - 335J36 / David Diamant - Archives du PCF Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Analyse média

Ce document dactylographié, non daté, dresse une liste des principales actions menées par le groupe de combat de l’Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) de Lyon.

Le groupe revendique 32 actions à son actif dont les principales sont énumérées à savoir :
- Attaque contre un service sanitaire boche, boulevard Pinel, le 23 décembre 1943 à Lyon ;
- Attaque sur deux locaux de l’UGIF, rue Sainte-Catherine, et l’autre Montée-des-Carmélites ;
- Rupture de la ligne téléphonique Rouanne-Lyon-Paris ;
- Sauvetage des 6 enfants (destinés à la déportation) de l’hôpital de l’Antiquaille ;
- Action contre le commissaire aux questions juives le 26 juillet 1944.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

A Lyon, le groupe de combat de l’UJRE est constitué au début du mois de novembre 1943 autour de « Julien » Winny, Albert Goldman et Roman Lestch. La première opération revendiquée par ce groupe est la destruction d’un transformateur alimentant une usine travaillant pour le compte des Allemands, rue Paul Sisley à Lyon, en novembre 1943. A partir de cette date, les actions menées par ces hommes vont se multiplier, même si elles ne sont pas aussi nombreuses que celles opérées par les détachements et groupes FTP-MOI.

Par l’intermédiaire de Joseph Kutyn, un contact est rapidement établi avec le détachement Carmagnole. Fin 1943, le groupe se consolide avec l’arrivée de Jacob Tancerman, délégué par le détachement Carmagnole pour instruire militairement les recrues de l’UJRE. Au niveau régional est mis en place un comité militaire placé sous le commandement de Charles Lederman.

Au début de l’année 1944, les groupes de combat de Lyon ont à leur tête Jacob Tancerman (Jacques Drappier), Winny (Julien) et Maurice Bénadon (Momo). Ils comptabilisent 30 groupes de 3 hommes. Début 1944, une cinquantaine de jeunes de l’Union de la Jeunesse juive (UJJ) passe sous le commandement militaire de l’UJRE. Les responsables de ces jeunes sont Bernard Kutas, Jacques Steinbaum et Robert Levy. Les arrestations de Winny (qui parvient à s’évader) et Benadon fin juin 1944 entraînent la mise en place d’une nouvelle direction comprenant Albert Goldman, Léon Habif et Charles Jacobson.

Selon l’état nominatif des cadres dressé en vue de l’homologation du groupe, la composition du commandement régional était la suivante :
- Chef du comité militaire : Charles Lederman avec pour adjoints Winny et Albert Goldman
- Chef du 1er détachement : Jacob Tancerman
- Chef du 2e détachement : Maurice Bénadon jusqu’à son arrestation le 29 juin 1944
- Chef du 3e détachement : Léon Habif
- Chef du service technique : sous-lieutenant Georges
- Chef du service de renseignement : sous-lieutenant Denis
- Chef du service sanitaire : Dr Paul Perel, fusillé

Pour certaines opérations, les FTP-MOI de Carmagnole et les hommes de l’UJRE unissent leurs forces, notamment :
- le 23 décembre 1943 lors de l’attaque d’un service sanitaire allemand boulevard Pinel à Lyon (selon le communiqué de la préfecture du Rhône, "quatre militaires des troupes d’opérations et une Française qui passait à proximité ont été blessés grièvement". Suite à cet attentat le Préfet avance l’heure du couvre-feu "à 22h30 pour le 24 décembre et à 22 heures pour les 25, 26 et 27 du même mois").
- en mars 1944 pour détruire les machines-outils de l’usine Million, avenue Ferrandière.
- en mai 1944 lors de l’attaque du dépôt de la société des Omnibus et Tramways de Lyon qui entraîne une interruption du trafic pendant deux heures.
La plus importante opération menée en coopération est certainement l’attaque à main armée le 18 août 1944 contre le groupe scolaire Edouard Herriot où cantonnait un groupe de GMR dont la plupart rejoignent ensuite le maquis.

Accusée de livrer sciemment des Juifs aux autorités allemandes et de contribuer aux rafles et arrestations massives par la constitution de fichiers, l’Union générale des Israélites de France (UGIF) est l’une des cibles des groupes de combat de l’UJRE. Le groupe de Lyon revendique deux opérations contre les locaux lyonnais de l’UGIF (une troisième opération menée le 17 juillet 1944 relève semble-t-il de l’Armée juive). Ces deux opérations permettent la récupération de nombreuses archives, notamment des fichiers recensant les enfants juifs, et des machines à écrire. L’UGIF est également visée à Marseille. En effet, Notre Voix, journal clandestin de la section juive de la MOI annonce dans son numéro 66 du 1er janvier 1944 l'action du groupe de combat juif marseillais contre le siège de l'UGIF situé rue Sylvabelle à Marseille, le 31 décembre 1943. Contrairement à Lyon, les participants de l’opération marseillaise décident de détruire sur place toutes les archives en les brûlant.

Cependant, l’opération dont les hommes du groupe de combat sont les plus fiers est le sauvetage de six enfants juifs se trouvant à l’hôpital de l’Antiquaille. Selon David Diamant, les responsables durent effectuer un tirage au sort pour constituer le commando chargé de l’opération tant les volontaires pour cette opération étaient nombreux. Déguisés en agents de l’UGIF, munis de tous les papiers nécessaires, 9 combattants de l’UJRE ont sorti les enfants sans encombre de l’hôpital.

La dernière opération signalée dans ce texte dactylographié est celle menée contre Marc Carrel, commissaire aux questions juives de Lyon. Le 26 juillet 1944, alors qu’il se rend dans un établissement de bains, quai de Retz, Carrel est abattu, ainsi que son garde du corps, par une rafale de mitraillettes.

Dans son numéro de juin 1944, Droit et Liberté, annonce fièrement l’admission des groupes de combat de l’UJRE de Lyon au sein des Forces françaises de l’intérieur. 
A partir de l’opération du 18 août 1944 contre les GMR, et durant toute la période insurrectionnelle, les deux structures, UJRE et Carmagnole, mènent toutes les opérations en commun. Après la Libération, une trentaine d’hommes signe un engagement au 2e régiment du Rhône, une autre trentaine rejoint la Prévôté et les autres sont démobilisés.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 19P 69/21 (GF UJRE Lyon)
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXXXI-26 « Récit de Monsieur C., membre du Comité militaire du Groupe de combat juif de Lyon », non daté.
Droit et Liberté, juin 1944 in La Presse antiraciste sous l'occupation hitlérienne, Paris - UJRE Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide -1950
David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Roger Maria Editeur, 1971.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Julliard, 1973.