Jean Halpern

Légende :

Proposition de citation à l'ordre de la division au nom de Jean Halpern.

Juif polonais réfugié en France, Jean Halpern s’engage dans la lutte armée au sein des FTP en prenant la direction des groupes de combat affiliés à l’Union de la Jeunesse juive à Grenoble et à Lyon.

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Service historique de la Défense à Vincennes, GR 16 P 284 015 Droits réservés

Lieu : France

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Contexte historique

Né en 1913 à Lvov en Pologne (ville de Lemberg dans l’empire austro-hongrois, avant qu’elle ne soit rattachée à la Pologne en 1918), Jean Halpern est issu d’une famille juive assimilée non pratiquante et qui ne parle pas yiddish. Son père est ingénieur dans une compagnie pétrolière. Bachelier en 1931, il est licencié en droit en 1935 et travaille à l’issue de ses études dans une compagnie pétrolière. Jean Halpern ne milite dans aucun parti mais observe attentivement le contexte politique. En adhérant à une association de juristes de gauche, il rencontre Camille, qui deviendra docteur de l’université et avec laquelle il se marie en 1937. Ils adhèrent au Secours rouge, association caritative très active aux côtés de l’Espagne républicaine. En 1938, Jean Halpern participe avec son collègue Leoch Gaist à un mouvement de grève dans le secteur pétrolier.

Francophile, Jean Halpern veut faire découvrir Paris à sa femme. Arrivés à la gare du Nord à Paris le 23 juin 1939, Jean et Camille Halpern retrouvent Leoch Gaist et sa sœur. Mais la guerre est déclarée au début du mois de septembre 1939. Sans retour possible vers la Pologne, Jean Halpern et Leoch Gaist vont à Clermont-Ferrand puis rentrent à Paris où ils sont embauchés dans l’usine Citroën jusqu’en mars 1940. Mobilisés comme tous les Polonais résidant sur le sol français en âge de combattre, ils sont regroupés au camp militaire de Coëtquidan (Morbihan). Jean Halpern, qui parle bien français, s’occupe de la comptabilité du camp. Face à l’avancée des troupes allemandes en mai-juin 1940, ils sont démobilisés et rentrent à Paris. Jean et Camille parviennent à se retrouver malgré le chaos et s’établissent à Cazères-sur-Garonne près de Toulouse en zone Sud où ils rencontrent Irène Mendelson qui jouera un rôle important dans l’UJJ. Le 15 octobre 1940, le couple Halpern s’installe à Montpellier, ville où beaucoup de réfugiés affluent. Jean s’inscrit à la faculté de chimie et dispose ainsi d’une bourse comme étudiant étranger. Une branche de la sous-section juive de la MOI, composée essentiellement d’étudiants ou d’anciens étudiants juifs polonais, s’y constitue dans la deuxième moitié de l’année 1941 à Montpellier à laquelle adhèrent notamment Leoch Gaist, Wiktor Bardach, Irène Mendelson et Judith Haithin. Sous la houlette de son secrétaire général, Sigmund Rojzman, un ancien des Brigades internationales, le groupe mène un travail de formation politique interne ; un travail de solidarité en fabriquant des faux papiers ou de fausses cartes d’alimentation pour venir en aide aux anciens des brigades internationales ; et un travail de propagande.

Après l’invasion de la zone Sud par l’armée allemande le 11 novembre 1942, Jean Halpern et sa femme quittent Montpellier pour rejoindre Grenoble, ville encore sous occupation italienne et à proximité de la Suisse. Jean Halpern se voit alors confier la responsabilité des organisations communistes juives de la ville. Militant appointé par l’organisation, il n’a plus à vivre de petits boulots. Il organise et anime les cellules et s’occupe du travail dit « de masse » au sein de l’Union de la jeunesse juive. Il coordonne les différentes activités de ce qui deviendra en avril 1943 l’UJRE (Union des juifs pour la Résistance et l’entraide) avec notamment son secteur « jeunes » et son secteur « femmes ». La direction de la section juive de la MOI pour la zone Sud se trouve à Lyon et des émissaires font la navette pour apporter informations et directives. Camille Halpern s’occupe quant à elle de l’organisation de groupes de femmes qui placent des enfants juifs dans des familles françaises.

Leur ami Leoch Gaist devient responsable de l’organisation militaire juive le futur « bataillon Liberté ». Quand il est tué dans une opération de sabotage conte la biscuiterie Brun le 7 juillet 1943, Jean et Camille Halpern doivent se mettre au vert. En septembre 1943, les Alliés signent l’armistice avec le gouvernement Badoglio ; les Allemands occupent alors les territoires qui étaient sous domination italienne. Quand ils reprennent contact avec leur organisation, au mois d’octobre 1943, ils sont envoyés à Lyon. Jean se voit confier des responsabilités au niveau de toute la zone Sud, dans l’UJJ qui fournit de nombreux combattants aux groupes de combat Liberté et Carmagnole. Il sera aussi un temps responsable du journal de l’organisation Jeune Combat. Enfin, il prend part, avec les jeunes de l’UJJ qui se sont intégrés aux Milices patriotiques, à l’insurrection de Villeurbanne des 24, 25 et 26 août 1944.

En 1948, Jean et Camille Halpern sont rentrés en Pologne pour construire le socialisme mais ils la quittent en 1968.


Auteur : Hélène Staes

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes, dossier individuel de Jean Halpern, GR 16 P 284015.
Claude Collin, "Montpellier – Grenoble 1942. Éléments pour une histoire des organisations communistes juives en zone Sud" (texte non publié).
Fondation de la Résistance / fonds Max Weinstein.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.