Les combats d'Estivareilles

Légende :

Plan de la région d'Estivareilles accompagnant le récit des combats par le commandant Marey, chef départemental FFI de la Loire.

Genre : Image

Type : Croquis

Source : © Fondation de la Résistance Droits réservés

Date document : sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Loire - Estivareilles

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Contexte historique

Les combats d’Estivareilles sont une succession d’affrontements du mois d’août 1944. Le 14 août 1944, des habitants du Puy-en-Velay informent la Résistance du départ d’une troupe allemande de quelques centaines d’hommes (500 à 600) vers Saint-Étienne et Lyon. Ces troupes sont suivies par d’autres éléments deux jours plus tard sur le même itinéraire qui les rejoignent le 20 août entre Sauvesannes et Viverols, en dépit du harcèlement dont elles sont victimes de la part des maquisards de l’Armée secrète.

Pour éviter que les troupes venues du Puy-en-Velay ne pénètrent dans Saint-Étienne, précédemment évacuée par les troupes d’occupation, le commandant Marey, chef de l'Armée Secrète de la Loire, décide d’engager le combat. Les Allemands sont alors arrivés aux alentours de Craponne, c’est donc entre Usson et Estivareilles que l'attaque est organisée.

Initialement, le GMO Bir-Hakeim, commandé par le lieutenant Jamet, doit mener des actions de freinage pour retarder et fragiliser les colonnes allemandes puis établir une défense ferme tandis que l'assaut sera donné sur le flanc des troupes allemandes par les maquisards du GMO 18 juin, sous le commandement du lieutenant Oriol, à la Chapelle-en-Lafaye et du groupement Strasbourg à Roche-en-Forez. Le plan, néanmoins, est abandonné tout comme le projet de minage des ponts devant être empruntés par l’armée allemande afin de bloquer l’avancée allemande et de rendre la colonne statique au niveau de l'Andrable. Seul le pont d'Estivareilles explose.

Le plan de bataille prévoit la répartition des maquisards : trois groupes de Bir-Hakeim sur la route d'Usson ; trois groupes du GMO 18 juin, deux à Apinac et un sur la route d'Usson à proximité d'Estivareilles où le combat s’engage. En disséminant ses troupes, le commandant Marey donne l'illusion aux Allemands que les résistants sont beaucoup plus nombreux qu'ils ne le sont en réalité.

Au matin du 21 août 1944, les troupes allemandes parviennent à Estivareilles mais la situation reste favorable aux maquisards. Une contre-attaque est engagée et c’est là qu’intervient une section de l’AS de Haute-Loire qui vient d’arriver de Merle avec à sa tête le capitaine André. Il s’agit des maquisards du Chambon-sur-Lignon. La section est engagée vers midi sur l’axe La Plagne – Pommiers – Estivareilles. Elle ne parviendra pas à dépasser Pommiers mais « restera durant tout le reste du combat une épine piquée au flanc de l’adversaire » selon le rapport du commandant Marey.

Après l’offensive ennemie de la matinée, les FFI lancent une attaque de Merle vers Pichillon appuyée par une « offensive morale ». Reprenons le rapport du commandant Marey : « L’offensive morale est menée avec une voiture munie d’un haut-parleur. Elle est conduite par le capitaine André qui dispose d’une excellent interprète et d’une infirmière allemande prisonnière qui est prête à essayer de convaincre le commandant de la colonne allemande de l’inutilité de ses tentatives. La voiture s’engage vers 18 heures par la route de Terasse Estivareilles pour aller entamer les négociations ».

Durant les négociations, les combats se poursuivent. Vers minuit, les hommes du GMO Liberté pénètrent dans Estivareilles, occupent le village et font environ 200 prisonniers. Vers 0h30, le commandant Marey reçoit la reddition du colonel allemand. Selon le lieutenant Sanvoisin chargé de les dénombrer, sont désarmés : 18 officiers, 65 sous-officiers, 712 hommes de troupe allemands ou tartares et 35 miliciens. L'armement récupéré est considérable : 7 à 8 000 armes individuelles, 40 armes collectives à tir tendu, 8 mortiers de gros calibre, 6 canons antichars. Ce butin sera partagé entre les maquis des différents départements ayant participé à l'attaque de la colonne allemande (Loire, Ardèche, Haute-Loire et Puy-de-Dôme). La bataille a fait 9 morts dans les rangs de l'AS de la Loire. Cette victoire est célébrée par une prise d'armes à Saint- Bonnet-le-Château.


Auteur : Guillaume Pollack

Sources :
« Rapport du commandant Marey », archives Fondation de la Résistance.
Anne-Catherine Laurier-Larvaron in CD-ROM La Résistance dans la Loire, AERI, 2011.