Serge Ravanel rencontre le général Cochet

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Producteur : Makros Costa

Source : © Archives Makros Costa Droits réservés

Détails techniques :

Durée : 00 :38 :26 - Extrait : 00 :01 :27 - Interviewer : Makros Costa - Lieu : Paris - Date : <

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

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Début avril 1941, invasion éclair de la Grèce et de la Yougoslavie par l’armée allemande. C’est un nouveau choc pour Serge Ravanel. Seulement cette fois-ci, des textes ronéotypés circulent de main en main parmi les élèves de Polytechnique*, chacun exaltant les glorieux faits d’armes des Britanniques.

Vers le 15 avril (15 ou 16 ?), Serge Ravanel se débrouille pour assister à une conférence donnée par le général Cochet (chef d’état major de l'Armée de Vichy) aux positions antiallemandes affirmées. Dans une salle comble, ce dernier suggère de ne pas considérer la victoire finale allemande comme fatale, des évolutions étant prévisibles. Son discours est vivement applaudi… Ravanel, impressionné par l’assurance de cet homme, va le voir une fois la conférence achevée. C’est à cet instant qu’une fois seuls, il lui demande du tac au tac ce qu’il convient de faire pour réagir face à l’occupant. Interloqué, Cochet le dévisage intensément durant une poignée de secondes. Enfin, hésitant, il lui propose un rendez-vous pour le lendemain.

Le lendemain, Serge Ravanel se rend donc en avance au lieu convenu, une brasserie du cours de Verdun, près de la Gare de Perrache à Lyon. Intimidé à l’idée de se retrouver en tête à tête avec un général, Ravanel prend place. Rapidement surgit le général Cochet, accompagné d’un homme qu’il lui présente sous le nom de Georges Oudard (journaliste connu de l’hebdomadaire L’Illustration). Après une discussion brève, la confiance s’installe entre les trois hommes. Le colonel a mis en place un groupe de Résistance dont l’antenne se trouve chez Oudard.

Dès lors, Ravanel se rendra deux fois par semaine chez cet homme, à jour et heure fixes. Chacune de ces réunions « informelles », rassemblant 5 à 6 hommes, consistera à discuter de la situation militaire autour d’un ersatz de café. « A partir de cette époque, j’ai donc appartenu au groupe du général Cochet, responsable Oudard. Ce dernier était un très chic type, mais, à mon avis, trop salonnard. Nos réunions, toujours parfaitement sympathiques se déroulaient chez des gens très bien de la bourgeoisie Lyonnaise et il n’en sortait pas grand-chose. Il faut dire, à la décharge des organisateurs, que la résistance en était encore à ses premiers balbutiements, qu’elle avait tout à inventer ; les formes de l’action aussi bien que celles de la vie clandestine. Malgré tout, ayant eu un certain sentiment d’inefficacité, j’ai rapidement abandonné le groupe Oudard pour chercher dans d’autres directions. »

(*) École qu’il a réintégrée à Lyon depuis décembre 1940.



""     Serge Ravanel Meets General Cochet


In the beginning of April, 1941, Germany invaded Greece and Yugoslavia. This was another huge shock for Ravanel. The Polytechnique* students, learning news of the war through word of mouth and leaflets, did not, for once, sing the praises of the British army.

On April 15th, Serge Ravanel decided to attend a conference held by General Cochet, the Major General for the Vichy Army. In his speech, the General assured the packed room that the German victory was not fatal for France, and that plans were in the works for the future. When he finished speaking, the room erupted in applause. Ravanel, impressed by the General's confidence, sought him out afterwards. He asked Cochet point-blank what he planned to do to fight Germany. Cochet was taken aback by Ravanel's bluntness. He eyed the young man closely, and after a long, intense handshake, Cochet asked Ravanel to meet him the next day.

Serge Ravanel arrived at the brasserie in Verdun, close to the Gare de Perrache (Perrache train station) in Lyon, which had been designated place for the meeting. Ravanel was nervous, but found a seat. Soon after, the General arrived with another man, introduced as Georges Oudard, a well-known journalist at L'Illustration. After a brief discussion, Cochet and Oudard knew they could trust Ravanel. Cochet had just created a Resistance group in Lyon headed by Oudard, and Ravanel had just joined it.

From then on, Ravanel went to Oudard's house for a bi-weekly meeting on a fixed day and at a fixed time. At each of these «informal» meetings, Ravanel would meet with five or six men to discuss the military situation at an ersatz café. «At that point, I had joined General Cochet's group, led by Oudard. Oudard was a very charming man, but was too slick, in my opinion. Our meetings were perfectly nice and held in some of the most beautiful houses in Lyon, but they never really accomplished anything. However, the Resistance had only just begun and the organizers were making it up as they went along; both how exactly they would fight and how to stay underground. Regardless, Oudard's group was not going anywhere, so I left to go in another direction». 


(*) He would return to Polytechnique in Lyon by December 1940.

Traduction : Catherine Lazerwitz


Auteurs : Laure Bougon
Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, tome 1, Robert Laffont, 1967-1981.