Note de liaison du commandant Legrand au capitaine Pons

Légende :

Le commandant Legrand est le chef départemental des FFI.

Genre : Image

Type : Note de la Résistance

Source : © Archives Albert Fié, fonds de la compagnie Pons Droits réservés

Détails techniques :

Texte dactylographié sur papier, format 21 x 16 cm.

Date document : 29 juillet 1944, 8h 30

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Le document est une des nombreuses notes de liaison entre le commandant Legrand et un chef de compagnie, le capitaine Paul Pons. Divers sujets sont abordés à un moment où la Résistance drômoise est soumise à un assaut allemand de grande envergure.

Le document est dactylographié. Il est destiné au capitaine Pons Paul et aux archives des FFI de la Drôme.

Sur la forme du document, on peut noter qu'il est dactylographié et non écrit au crayon. Mais on relève de nombreuses fautes de frappe, signe de précipitation. On ne comprend pas ce que signifie le creux. Est-ce qu'il n'y a pas confusion avec coup ?

Les sujets traités sont divers. Il s'agit d'abord de retrouver une voiture qui devait ravitailler la compagnie Pons. Le sort des blessés est précisé. Ils doivent, depuis les environs de Véronne, rejoindre Plan-de-Baix en passant par Beaufort-sur-Gervanne.

Le passage essentiel du document est celui qui traite du moral des hommes. Legrand adjure Pons de relancer l'action des siens, notamment sur la route nationale 93 car l'inactivité entraîne une dégradation du moral des combattants.

Legrand aborde dans le dernier paragraphe, l'affaire de Marignac. L'abandon du col de Marignac par le groupe commandé par le sous-lieutenant Marion a eu des conséquences fâcheuses. Legrand a dégradé Marion et l'a mis aux arrêts de rigueur.

Le texte est signé Pour Ordre, Xavier pseudonyme de Lucien Fraisse.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : Mémoire d'un vieil homme, Albert Fié, archives compagnie Paul Pons.

Contexte historique

En cette fin du mois de juillet 1944, l'assaut des troupes allemandes a écrasé la Résistance dans le massif du Vercors. Le 23 juillet, le commandement de la Résistance y a donné l'ordre de dispersion.

Le 29, les unités subsistantes sont éparpillées dans les forêts, des hommes essaient de rejoindre la vallée du Rhône et de l'Isère. Les compagnies qui défendaient la vallée de la Drôme ont subi le même sort et se cachent dans les forêts du Diois. C'est dans ce contexte tragique que le chef départemental des FFI, de Lassus Saint-Geniès (« Legrand ») essaie de rameuter ses unités.

Dans le message, plusieurs sujets sont abordés. On trouve le lancinant problème du ravitaillement insuffisant et qui parvient mal aux Résistants.

Les combats des jours précédents ont causé la mort de plusieurs hommes et fait de nombreux blessés qui ne peuvent qu'être difficilement soignés, faute de moyens de transport. Legrand avoue ces insuffisances. Il donne un itinéraire, difficile car escarpé, pour que les blessés soient transportés à l'hôpital, sommaire, qui se trouve à Plan-de-Baix.

L'unité du capitaine Pons a été malmenée. Les hommes devant l'attaque allemande du 21 juillet et des jours suivants, ont reflué dans les montagnes et ont perdu contact avec leur unité. On imagine facilement le désarroi des combattants cachés dans les fourrés, les cabanons isolés. Legrand promet à Pons qu'il les fera rejoindre l'unité chaque fois qu'il en rencontrera.

L'essentiel du message est l'exhortation du chef des FFI à continuer le combat, à refuser l'inactivité, cause de mauvais moral. C'est pour cela qu'il donne toute liberté à Pons pour agir sur la route nationale 93 qui permet d'accéder au Vercors.

La situation tragique de la Résistance transparaît bien dans cet ordre. La situation particulière au secteur du capitaine Pons est précisée dans le dernier paragraphe. La punition infligée au sous-lieutenant Marion est consécutive au fait que ce dernier a abandonné le col de Marignac devant l'avance allemande. La sanction montre aussi que le commandant possède un pouvoir de justice militaire qui s'exerce, même dans un contexte difficile. Cette condamnation a déclenché, postérieurement, une polémique. Était-il judicieux, dans les circonstances du moment, de condamner un chef de groupe qui, toujours maître de sa décision, s'était replié devant un ennemi largement supérieur en nombre ? Le cas du sous-lieutenant Marion n'est pas isolé. Il est symptomatique des difficultés que rencontre tout commandant militaire face à une situation parfois désespérée.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : Mémoire d'un vieil homme, Albert Fié, archives compagnie Paul Pons.