Gémard Louise

Légende :

Deux Résistants, Louise Gémard, fusillée par les nazis au quartier des Meyères à Montélimar et son fils Jean, engagé au maquis de Félines

Genre : Image

Producteur : Inconnu

Source :

Détails techniques :

Photographie argentique

Lieu : France

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Analyse média

Louise Gémard, née Cabuzelle, le 10 février 1897 à Paris, est décédée le 20 août 1944 à Montélimar, fusillée par les Allemands au quartier des Meyères

Elle est prise en photo en 1943 ou en 1944 avec son fils qui, selon les écrits du petit-fils Guy, a alors décidé de la venger. Aucune autre information sur les origines du document n’a pu être recueillie, si ce n’est qu’il a été conservé par la famille. Louise Gémard habitait avenue Saint-Didier à Montélimar. Elle était infirmière. Avec son amie Simone Garaix, elles participaient activement aux activités de la Résistance ; elles connurent la même fin, ensemble.


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve

Sources : Tapuscrit de Guy Gémard ;

On se bat à Montélimar , Robert Vernin ;

témoignages de Pierrette Darves (18.02.2012) et de Ginette Brély (29.02.2012) ; rencontre avec Roger Lafaye qui vivait à la ferme voisine de l’exécution avec ses parents, à l’époque, (07.03.2012) ;

Robert Serre, notes (14.02.2012) ;

Mireille Monier-Lovie, archives personnelles

Contexte historique

Madame Louise Gémard, avec son amie Simone Garaix, dépendaient d’un maquis AS : elles étaient à la 17ème compagnie du 3ème Bataillon Sud Drôme (Capitaine Vernier [Valère]), du 15 octobre 1943 à leur mort le 20 août 1944.

André Julien, maire de Donzère, remarque, à propos de Mme Gémard, « l’inlassable dévouement de cette femme à la Résistance. » Selon lui, « pendant de longs mois, et bien qu’à plusieurs reprises, elle ait reçu la visite de la Gestapo, elle s’est prodiguée pour elle, transmettant des fausses cartes d’identité, distribuant des journaux clandestins, faisant passer des armes et des vivres, abritant des réfractaires et recrutant pour le maquis. » Le 20 août, un jeune résistant, William Le Roch, accompagné de deux autres, était reçu par Louise Gémard et Simone Garaix. Les trois jeunes hommes faisaient étape chez Louise, s’y reposaient, tout en se cachant. Les maquisards de la région, selon les informations que nous avons pu rassembler, « connaissaient bien la maison accueillante de la route d’Allan où ils pouvaient se restaurer et se cacher. William Le Roch, de très haute stature, accompagné de deux camarades s’y rendait en toute quiétude », écrit Guy, le petit-fils de Louise Gémard. Les trois résistants, le moment venu, décidèrent de repartir. Mais, vers 16 heures, un groupe de soldats allemands surgit sur le seuil de la maison et, sous la menace des armes, entreprirent de conduire les maquisards en ville, à l’hôtel du Parc, lieu des interrogatoires et des tortures. Au cours du trajet, les prisonniers tentèrent de fausser compagnie à leurs gardiens. Deux parvinrent à s’échapper ; mais le troisième fut rattrapé et capturé.

Les Allemands revinrent avenue Saint-Didier – précisément à la maison de Louise Gémard, située à l’intersection de l’avenue Saint-Didier et de la rue Hipollyte Chauchard – et appréhendèrent Louise Gémard et Simone Garaix. Ils les conduisirent à l’Hôtel du Parc où elles retrouvèrent l’infortuné maquisard. Après 27 heures d’interrogatoires et de tortures, tous trois furent emmenés en voiture au quartier des Meyères, à l’ouest de la commune et à proximité du Rhône, et y furent fusillés ; remarquons que ce laps de temps décalerait la date de l’arrestation (ou du décés) d’un jour.

Ce jour-là, le 20 août 1944, selon les registres municipaux, il y aurait eu au moins 15 exécutions enregistrées en ce lieu*.

Des habitants de ce quartier, qui étaient alors dans leurs 15 ans, ont entendu les coups de feu répétés ; ils n’ont pas vu les exécutions ; mais ils ont su qu’elles avaient été perpétrées dans les trous des bombes américaines destinées au pont sur le Rhône, voisin des Meyères. L’un d’eux, M. Lafaye, a effectivement constaté qu’il y avait deux femmes, à leur jupe colorée en particulier.

Le 2 septembre 1944, Montélimar libérée depuis 5 jours, les corps furent exhumés des Meyères ; puis ils furent inhumés au cimetière de la ville, dans le carré militaire, le 20 septembre 1950.

Dans la semaine qui a séparé la fusillade des Meyères de la Libération de Montélimar – le 28 août 1944, Jean Gémard a appris la mort de sa mère. Il a décidé d’agir. Le jeune homme, lorsqu’il a été requis pour le STO, est entré en résistance et s’est engagé au maquis de Félines. À la nouvelle de l’exécution de sa mère, il a recherché le bourreau, Schutz Staffel, et l’a abattu dans les WC situés, à l’époque, dans le jardin public, en face de l’Hôtel du Parc. Après ce fait d’arme symbolique et fort, il a continué le combat au sein de l’armée française jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De retour de la guerre d’Indochine « très traumatisé », il quitte l’uniforme, étant alors adjudant chef. Parmi ses décorations, il faut remarquer la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance.

(*) Selon les registres d’État civil et les dossiers des Archives communales de Montélimar, 15 personnes au moins auraient été fusillées au quartier des Meyères, la plupart (ou même peut-être toutes) le 20 août 1944 : les trois que nous évoquons dans cette notice, « 9 inconnus » (en fait des agents de la SNCF d’Avignon que nous avons pu identifier maintenant), ainsi que trois autres révélées par l’État civil. Le nom d’autres « fusillés » n’est pas suivi de mention précisant le lieu de l’exécution.


Auteurs : Claude Seyve Michel Seyve

Sources : Jean Gémard, p. 14 , arch. pers ; AC Montélimar, dossier 276 W 10, registres d’état civil et sépulture ;

On se bat à Montélimar, Robert Vernin, 1945 ;

témoignages de Pierrette Darves (18.02.2012) ; et de Ginette Brély (29.02.2012) ;

rencontre avec Roger Lafaye (07.03.2012) ; Robert Serre, notes et recherches aux AD Drôme, arch. pers. (14.02.2012) ;

Mireille Monier-Lovie, arch. pers.