Raymond Aubrac : la distribution du journal, une opération risquée

Légende :

Raymond Aubrac évoque les risques liés à la distribution du journal

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:01:29

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Grenoble

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Analyse média

Retranscription :

" Je portais des paquets, je distribuais le journal. j'ai même un jour remplacé la jeune personne (...) - les jeunes filles et les jeunes femmes étaient très utiles pour transporter les paquets car elles attiraient moins l'attention de la police - un jour, la jeune personne qui devait transporter nos journaux à Grenoble était absente. Alors, j'ai pris la valise. Il y avait déjà une quinzaine de kilos de journaux qui s'écoulaient dans la région de Grenoble. Et je l'ai mise dans un filet, dans un compartiment du train et je me suis écarté prudemment du compartiment où j'avais laissé la valise. Arrivé à la gare de Grenoble, la valise avait disparu. Quelqu'un avait dû penser qu'elle contenait un jambon ou quelques kilos de beurre.
Donc, je suis rentré à Lyon, pas très fier de mon exploît, et huit-dix jours après, Mme Gonet, qui était notre correspondante à Grenoble, nous a fait savoir que le journal avait été distribué. Le voleur avait ouvert la valise dans la salle d'attente. Il avait constaté son contenu, il s'était enfui rapidement et les cheminots avaient procédé à la distribution du journal.
Voilà le genre de petites aventures qui nous arrivaient à cette époque. "


Contexte historique

Raymond Samuel est né le 31 juillet 1914 à Vesoul. Il étudie le Droit et entre à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
A la déclaration de guerre, il effectue son service militaire à Strasbourg où il fait la connaissance de Lucie Bernard, qui deviendra sa femme en décembre 1939.
Mobilisé, il est fait prisonnier le 21 juin 1940 à Sarrebourg. Lucie l'aide à s'évader, lui remettant un médicament provocant une forte fièvre. Une fois transféré à l'hôpital, l'évasion est plus facile.

Le couple part alors à Lyon. En octobre 1940, Lucie revient d'un séjour à Clermont-Ferrand où elle a rencontré Jean Cavaillès, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Georges Zérapha et Jean Rochon qui ont créé La dernière colonne : un petit groupe anti-vichyste décidé à passer à l'action. Elle propose à Raymond de se joindre à eux. Ils collent des papillons, diffusent des tracts, mais peinent à recruter et à développer d'autres actions...

En 1941, le groupe change de stratégie et crée un journal afin de dénoncer plus amplement l'Occupation et la collaboration et, ainsi, recruter plus facilement : le premier numéro du journal Libération paraît en juillet. Le mouvement de Résistance Libération-Sud est en train de naître. Son champ d'action et sa puissance s'étendent au gré de rencontres. En 1942, Libération a différents services (action politique, faux papiers, groupes francs, propagande-diffusion et service social). Raymond est responsable de l'action paramilitaire.

Le 15 mars 1943, lors d'une réunion, Raymond est arrêté avec Maurice Kriegel-Valrimont et Serge Ravanel, sur dénonciation. Lucie obtient sa liberté provisoire le 10 mai et Raymond peut donc participer au coup de main permettant la libération de ses camarades, deux semaines plus tard. Le 20 juin, Raymond rencontre " Max ", Jean Moulin, à Lyon. Il lui propose de devenir inspecteur de l'Armée secrète (AS) pour la zone Nord. Le lendemain, ils doivent se réunir à Caluire, chez le docteur Dugougeon. Véritable coup de filet, à la suite d'une dénonciation, Jean Moulin, Raymond Aubrac et les autres participants - sauf René Hardy - sont arrêtés et internés à la prison de Montluc. Jean Moulin succombera aux interrogatoires de la Gestapo et de son chef Klaus Barbie.
Une fois de plus, Lucie Aubrac décide de tout faire pour l'évasion de son mari : elle prend contact avec la Gestapo, et se faisant passer pour une jeune femme de bonne famille enceinte, elle demande d'épouser Raymond afin de sauver l'honneur de sa famille. Elle obtient ainsi le transfert de Raymond pour la célébration du mariage. Elle s'appuie sur les groupes-francs dirigés par Serge Ravanel, pour attaquer le 21 octobre 1943, le fourgon dans lequel Raymond et les 13 autres détenus se trouvent. En février 1944, Raymond et sa famille gagnent Londres à bord d'un petit avion Lysander. Il rejoint ensuite Alger, où il siège à l'Assemblée consultative provisoire.

En août, il est nommé Commissaire régional de la République à Marseille. Il dirigera ensuite le déminage du pays, puis poursuivra une carrière internationale.

Raymond Aubrac a été élevé à la dignité de Grand'Croix de la légion d'Honneur, le 14 juillet 2010.

Raymond Aubrac est décédé à Paris le 10 avril 2012.


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.