André Daprey

Légende :

André Daprey, cofondateur de l'un des premiers maquis de Libération-Nord, le maquis Garnier (Yonne)

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ARORY- Archives privées Monsieur Buret Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du CD-ROM La Résistance dans l’Yonne.

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne

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Contexte historique

André Daprey est né le 2 janvier 1920 à Nuits-sur-Armançon. En 1939, son père tient un commerce de cycles, rue du Temple à Auxerre. La sensibilité paternelle est plutôt " de gauche ". C'est un ancien combattant de 1914-18. Il a fait partie du régiment de la Reine d'Angleterre (corps du Génie). André Daprey est interne au collège de Tonnerre puis lycéen à Auxerre jusqu'au brevet. Las des études, il devient à seize ans représentant en huiles automobiles pour le compte de son père. Il se passionne pour l‘aviation et le dessin, ce qui fait de lui un spécialiste de modélisme. Il passe son brevet de pilotage à dix-sept ans, en 1937, dans le cadre du BSP créé par le Front populaire. André Daprey s'engage volontairement dans l‘armée de l'Air dès septembre 1939, à la fois " par patriotisme, passion de l‘aviation et… goût de l‘aventure ".

Quand survient l'armistice de 1940, André Daprey est élève pilote sur la base de Tafaraoui (au sud d‘Oran) et n‘a pas encore combattu. Il fait alors avec un camarade d'Auxerre, Daniel Pélissier, le projet de " s'évader " vers la Grande-Bretagne en gagnant Gibraltar. Il abandonne cette idée en apprenant le drame survenu à sa famille lors du bombardement de Vallan. Son père a eu une jambe arrachée et est mort sur la table d'opération. Ses deux sœurs et sa mère sont assez gravement atteintes aux pieds et au dos. Il se fait alors démobiliser en tant que soutien de famille et regagne la métropole, " avec au cœur une haine avérée contre l‘occupant ".

Il reconstitue l‘entreprise familiale détruite et pillée. Ses premiers contacts avec l‘armée d'Occupation sont empreints d'une animosité mal réfrénée. Ses relations professionnelles l‘amènent alors à Avallon où il fait la connaissance de Monsieur Boullé, propriétaire d'un magasin de laine sis au cœur d'Avallon, entre la Kommandantur (hôtel de la Poste ) et une librairie. Monsieur Boullé fait aussi commerce de produits vétérinaires et Madame Boullé tient le magasin tout en étant sage-femme. André Daprey s'éprend de leur fille Denise et l'épouse en novembre 1940. Madame Boullé, aux dires de Monsieur Daprey, mène déjà une activité de Résistance (réseau Alliance de l‘abbé Ferrand ?).

C‘est après le démantèlement du réseau Alliance en septembre 1943 qu'André Daprey entre activement en Résistance, sur la sollicitation directe de René Aubin qui dirige à Auxerre l'organisation Pour la France  et deviendra l'un des responsables régionaux de Libération-Nord. René Aubin ne lui fournit qu‘un seul contact en donnant le nom d‘Henri Crette (" Poupart "), quincaillier tenant boutique rue de Lyon. Les rapports entre André Daprey et les membres du comité clandestin local de Résistance mené par Henri Crette semblent avoir été peu chaleureux. L‘orientation politique SFIO du comité heurte l‘apolitisme quasi-militant du jeune André Daprey.

André Daprey entre alors en contact avec Robert Montchanin sans savoir que celui-ci est lui-même un rescapé du réseau de l‘abbé Ferrand. C‘est avec lui qu'il fonde en janvier 1944, sous le pseudonyme de " Claude ", le premier maquis de l‘Avallonnais, le maquis Garnier. André Daprey entraîne dans l‘aventure sa jeune épouse qui attend leur premier fils. Les premiers recrutements ont lieu dans l‘arrière-salle d'un salon de coiffure de Lucy-le-Bois, chez Maria Valaison. Le minuscule maquis Garnier s'installe dans la cabane des Zizigots, dans la forêt de Lucy-le-Bois, avant de gagner Poilly-sur-Serein puis la ferme du Carrelet près de Noyers-sur-Serein. C‘est là que le 27 mars se déroule le premier grand combat du printemps 1944 dans l‘Yonne. André Daprey est blessé aux deux bras et évacué sur Auxerre en traction avant par deux de ses hommes. Il est vite repéré, dénoncé et arrêté par la police locale. Incarcéré à la prison d'Auxerre, il s'en évade spectaculairement le 2 août 1944 avec deux co-détenus du maquis Le Loup. Recueilli par les maquisards du groupe Chevreuil, il rejoint très vite ses camarades au maquis des Iles Ménéfrier. Le commandant " Verneuil ", qui lui a lui-même donné le sobriquet de " Nobel ", lui rend le commandement du maquis Garnier, dont les effectifs se sont étoffés pendant son absence et qui est devenu la 6ème compagnie de choc (ou de marche) du 2ème bataillon de la 3ème demi-brigade Verneuil, sous le commandement de Robert Montchanin.

André Daprey entre dans Avallon libéré le 19 août 1944, à la tête de la 6ème compagnie et joue, selon son propre témoignage, un rôle modérateur en tant que commandant militaire de la place, sans pouvoir empêcher toutefois quelques débordements.

La libération de la région accomplie, il abandonne le commandement de son unité à Robert Montchanin et retourne à la vie civile. Il ne s'engage pas dans l‘armée, malgré d'intéressantes propositions (il est pilote breveté), se préoccupant d'abord de sa famille et de son épouse Denise qui attend son deuxième fils. Il perd assez vite tout contact avec ses camarades de la Résistance.

André Daprey revient à Auxerre et se lance dans les affaires. Il se consacre au journalisme et à la publicité. Il crée et dirige en 1968 la revue éducative à diffusion gratuite, Mon Enfant et Moi. Il fonde le syndicat des concepteurs et rédacteurs de publicité. Il est lauréat du prix " Vendre " (rédaction publicitaire). André Daprey se consacre également à la sophrologie. Aujourd'hui retraité, il réside à Vincelottes où il a rédigé, " dans la souffrance ", un ouvrage paru en 2003 intitulé : " J'étais un terroriste… sous le régime nazi ".


Michel Baudot et Jean-Claude Pers, « André Daprey », in CD-ROM La Résistance dans l’Yonne, AERI, 2004.