Marcel Grégoire, dit "Guiselin"

Légende :

Marcel Grégoire, dit " Guiselin ", membre du Comité directeur de Libération-Nord pour la région parisienne (1944)

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Francis Grégoire Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc, Studio Harcourt, Paris.

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Marne

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Contexte historique

Marcel Paul Louis Grégoire est né le 27 juin 1884 à Paris.

En 1902, alors qu'il n'est âgé que de 18 ans, il exerce successivement la fonction de chef de cabinet du préfet de l'Aube, Marcel Grégoire, son oncle, puis du préfet du Lot-et-Garonne. Licencié en droit, il occupe les fonctions de sous-préfet du Cantal, de l'Orne, de la Manche, avant d'être nommé successivement préfet de la Savoie, de l'Indre-et-Loire, puis de la Charente-Inférieure.
En 1937, préfet hors-classe, il est nommé Secrétaire général du Gouvernement général de l'Algérie, et il est maintenu à ce poste à Alger par le gouvernement de Front populaire.

Confronté au choc de la défaite de juin 1940, il tente avec les chefs de service du Gouvernement général de rechercher les conditions dans lesquelles l'Afrique du Nord pourrait continuer le combat contre l'Allemagne nazie. Il s'en ouvre au général Beynet, alors à la tête de la 19e Région militaire, qui lui déclare que les possibilités militaires sont bien inférieures à ce qu'on aurait pu supposer.
Après la mise à mort de la IIIe République et le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, Marcel Grégoire est considéré comme indésirable et relevé de ses fonctions par le gouvernement de Vichy. À Alger où il demeure après son limogeage, il fait la connaissance du général Catroux, avec lequel il sera en relation plus tard en France dans la Résistance. Il garde le contact avec des fonctionnaires encore en poste ou limogés comme lui. En novembre 1940, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite, ce qui est le moyen utilisé à l'époque par le gouvernement de Vichy pour écarter définitivement les préfets républicains de l'administration préfectorale.
En contact avec le consul général des États-Unis Cole, il rencontre par deux fois Robert Murphy, émissaire américain envoyé par le président Roosevelt en Afrique du Nord en 1941.

En novembre 1941, la police de Vichy l'ayant menacé d'internement et invité fermement à quitter l'Algérie, il rentre en France, franchit la ligne de démarcation et gagne Paris, d'où il transmet des informations à Londres par l'intermédiaire du réseau de renseignements belge Delbo implanté dans la capitale par Émile Delannoy, réseau bientôt démantelé à la suite d'arrestations et reconstitué sous le nom de Delbo-Phénix.
En février 1942, Marcel Grégoire contacte le mouvement Libération dont il devient un membre actif et où il compte bientôt beaucoup d'amis. Il est chargé de l'organisation civile et militaire de ce mouvement dans le sud du département de Seine-et-Oise, puis en Seine-et-Marne.

Dans la clandestinité, il est connu sous les pseudos de « Godefroy », puis de « Guiselin », nom de famille de sa mère, et il utilise diverses fausses cartes d'identité sur lesquelles il est identifié sous le nom de Godefroy : 
- l'une, établie en novembre 1942, avec un faux lieu de naissance (Alger), un faux nom de la mère (Lasnier), et une fausse profession (courtier), carte sur laquelle il est domicilié à Bergerac, avec un changement d'adresse en mai 1943 (Limoges) ;
- une autre, établie en octobre 1943 à Paris, où il est domicilié 11 rue Chevert dans le 7e arrondissement.

En 1944, Marcel Grégoire-Guiselin devenu membre du Comité directeur de Libération-Nord pour la région parisienne, est délégué en Champagne pour y prendre contact avec les Comités départementaux de libération nationale clandestins, et y préparer l'installation de préfets issus de la Résistance.
Le 27 juin 1944, la délégation générale en France du Comité français de libération nationale le nomme commissaire régional de la République, chargé dès la libération du territoire de proclamer la République restaurée dans le département de la Marne et la région de Châlons.
Bien que recherché par la Gestapo, il se rend à Châlons plusieurs jours avant la libération de la capitale de la région de Champagne, et y prépare le rétablissement de la légalité républicaine qui y est proclamée le 30 août 1944, immédiatement après le départ des Allemands.

Il fait face aux nombreux problèmes souvent difficiles à régler ou douloureux qui se posent à la Libération : les relations parfois tendues avec les Comités départementaux et les Comités locaux de libération nationale tentés de contester son autorité ; la persistance du marché noir et les difficultés du ravitaillement ; l'épuration de la collaboration ; la poursuite du combat aux côtés des Alliés dont le Haut commandement s'installe à Reims au début de 1945 ; le retour des prisonniers de guerre et des déportés ; l'organisation des élections municipales, cantonales et à l'Assemblée constituante ; les rivalités et les tensions opposant au sein des instances de la Résistance, communistes, socialistes, démocrates chrétiens et vichysto-résistants, résistants châlonnais et résistants rémois. Il s'efforce de régler tous ces problèmes en serviteur loyal du gouvernement provisoire de la République restaurée et de son chef, le général de Gaulle, en faisant preuve à la fois de détermination, de courtoisie et de pondération et, s'agissant des rapports avec les Alliés, dans le respect de la souveraineté française.

Le 26 mai 1945, Marcel Grégoire-Guiselin est réintégré par le général de Gaulle dans le corps préfectoral de la République avec effet au 10 juillet 1940, date de la mise à mort de la IIIe République par le gouvernement du maréchal Pétain.
En 1946, il est nommé Commissaire honoraire de la République et placé à la tête de la préfecture du Rhône. En 1947, âgé de 63 ans, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Il est décédé à Paris en 1969.

Marcel Grégoire-Guiselin a reçu la médaille de la Résistance avec rosette en 1946, la décoration américaine Medal of Freedom en 1948, et a été fait Commandeur de la Légion d'Honneur en 1949.

 


Jocelyne et Jean-Pierre Husson, " Marcel Grégoire-Guiselin " in CD-ROM La Résistance dans la Marne, AERI, 2012