Affiche Il faut châtier les traîtres de la 5e colonne

Légende :

Affiche intitulée "Leur sacrifice n'aura pas été vain si nous regardons en face notre devoir de patriotes. Il faut châtier les traîtres de la 5e colonne"

Genre : Image

Type : Affiche

Producteur : Lorraine

Source : © Archives départementales de l'Ardèche - 98 FI 6 Droits réservés

Détails techniques :

Peinture en noir et bleu clair et titre en rouge sur papier. Affiche datée de 1944. Dimensions : 1,14 x 0,72 mètres.
On y lit les inscriptions "Imp.

Date document : 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Privas

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Cette oeuvre figure un partisan, yeux fermés et bouche ouverte, au torse découvert et ensanglanté, symbole de tous les résistants blessés par l'ennemi. Par l'expression "traîtres de la 5e colonne", l'artiste fait allusion aux miliciens, collaborateurs et collaborationnistes qui ont, de concert avec les forces allemandes, combattu les résistants.

L'expression "5e colonne" a été créée par le général nationaliste espagnol Mola en 1936. Il s'agit d'individus ou de groupes agissant dans l'ombre pour saper de l'intérieur un Etat ou une organisation et favoriser la victoire de forces traditionnelles.


Alain Martinot

Contexte historique

Né en 1920 à Nancy, Robert Petit est issu d’une famille de patriotes catholiques fervents. Grâce à son père, ferronnier d’art, il bénéficie très jeune d’une importante culture artistique et, dès 1935, il entre comme apprenti dans l’atelier du maître verrier Jeanin à Nancy.

Sa famille est forcée de quitter Nancy pendant l’exode de 1940. Elle échoue à Saint-Privat en Ardèche avant la signature de l’armistice franco-allemand. Contrairement à sa famille qui retourne à Nancy après l'entrevue de Montoire en octobre 1940, Robert Petit décide de rester en Ardèche, attiré par la lumière et les paysages de ce département. Il est alors hébergé à "la Châtaigneraie" à Aubenas, véritable lieu de culture animé par les propriétaires Louise et Rose Chaussabel, institutrices de la Loire à la retraite et leur amie enseignante et musicienne, Eugénie Gagnaire. Il y rencontre quelques personnes qui développent chez lui de nouvelles valeurs humanistes et laïques, très différentes de son héritage familial.

Une première exposition de ses dessins à la plume est présentée à Vals-les-Bains en août 1942. Il est ensuite obligé d’entrer en clandestinité en 1943 suite à la mise en place du Service du Travail Obligatoire (STO). Il rejoint d'abord la ferme refuge « La grande Borie », près de la Chartreuse de Bonnefoy sur le plateau ardéchois et prend comme nom de résistant « Lorraine » en référence à sa région natale.

Pendant cette période, il continue de dessiner et réalise manuellement plusieurs affiches pour la Résistance qui sont placardées dans Aubenas afin d’appeler la population à résister. En juin 1944, Robert Petit rejoint les Francs-Tireurs et Partisans. Sous le pseudonyme de "Lorraine", il devient, à partir du numéro 6 du 21 août 1944, le dessinateur attitré du journal des FTP : L’Assaut, jusqu'au numéro 14 du 9 octobre 1944. L’imprimerie typographique « Mazel » située à Largentière qui sort le journal ne disposant pas d’équipement en photogravure, Petit Lorraine réalise ses clichés d’illustration en gravant des plaques de linoléum (1). Il est ensuite l'illustrateur du bandeau du titre de l'hebdomadaire FFI Valmy qui remplace l'Assaut et La IVe République, organes des FTP et de l'Armée Secrète suite à leur unification. La signature de Lorraine n'apparaît au bas des caricatures dessinées au trait que dans les trois premiers numéros de l'hebdomadaire Valmy entre le 14 et le 28 octobre 1944. Pendant cette période, Robert Petit Lorraine crée une série de remarquables affiches appelant au combat patriotique. A partir de septembre 1944, il a désormais la possibilité d’utiliser les services de grandes imprimeries lyonnaises spécialisées.

Ses affiches sont souvent accompagnées d'une légende, comme si Lorraine voulait, par les notes picturale et littéraire, toucher le public le plus large possible. Cette partition à deux temps se retrouve dans sa peinture avec sa gamme en noir et blanc, ses lavis.

Après la guerre, Lorraine continue de fréquenter des milieux intellectuels et artistiques et de peindre désormais sous le nom de « Robert Petit Lorraine ». Après avoir été l'ami et l'illustrateur de Saint-John Perse, il consacre la dernière partie de sa vie d'artiste à la résistance Cathare. Malgré de nombreux voyages, Robert Petit-Lorraine reste très attaché à l’Ardèche, département où il meurt en 2006.

Alain Martinot

(1) Ces linos gravés, précieuses oeuvres d’art, sont présentés en vitrine au Musée de la Résistance et de la Déportation en Ardèche, 15, rue du travail 07 400 LE TEIL.


Alain Martinot