Maquis de Lomont (carte)

Légende :

Carte des implantations et déplacements du maquis de Lomont (Doubs) réalisée d'après un croquis du Musée de la Résistance de Besançon. 
Extraite du DVD-ROM La Résistance dans le Doubs, AERI, 2008.

Genre : Image

Type : Carte

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Date document : Août 1944

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Franche-Comté) - Doubs - Lomont

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Analyse média

Le Pays de Montbéliard se trouve durant la Seconde Guerre mondiale à l'intérieur de la zone interdite, zone tampon située entre la zone annexée au Reich et la zone occupée. A l'intérieur de cette zone se trouve le Lomont. Dès 1870, la position stratégique du Lomont apparaît aux généraux français. Elle est renforcée en 1887 lorsque s'achèvent les travaux de fortification du Lomont. Un fort de 839 mètres et des ouvrages de défense placés à l'ouest complètent les possibilités de cette place forte naturelle. Des années plus tard, durant la Deuxième Guerre mondiale, la Résistance, consciente des particularités du Lomont, choisit d'y installer, dans le courant de l'année 1944, un maquis. La Résistance investit la partie nord de la chaîne du Lomont, connue sous le nom de plateau de Montécheroux. Cette place forte naturelle est facilement défendable puisqu'elle est ceinte à l'ouest par des falaises et que seuls de rares passages permettent l'accès au plateau du Lomont. Proche de la Suisse, dominant le Pays de Montbéliard, le maquis est idéalement situé à quatre-vingt-quatre kilomètres de Besançon, vingt-deux kilomètres de Montbéliard et quinze kilomètres de Saint-Hippolyte. En choisissant d'occuper le Lomont et d'y installer, à partir d'août 1944, un maquis, la Résistance exploite les possibilités offertes par les défenses naturellement fortifiées qui dominent le Pays de Montbéliard.

La décision d'occuper le Lomont est prise le 11 août 1944 par le colonel Jean Maurin, chef de la sous-région D2.La Résistance décide alors d'en faire un maquis organisé, un camp retranché avec un terrain de parachutage. Toutefois, l'idée de la formation de ce maquis remonte à la fin du mois de juillet 1944. En effet, Londres invite le commandant de la sous-région D2 à chercher et à occuper une position proche de la frontière suisse dans le but d'en faire un centre de rassemblement, une base d'opération et une plate-forme de parachutage.Après réception des instructions du haut commandement FFI de Londres, Ernest-FrédéricFloege dit " Paul ", un agent secret américain, mène des opérations de reconnaissance du terrain, choisi en fonction de ses possibilités ainsi que de l'intérêt stratégique du Lomont et de ses défenses naturelles. Le 9 août 1944, les états-majors des régions C et D, réunis à Arches dans les Vosges, décident du début de l'opération d'occupation du Lomont pour le 15 août 1944. Lors de la réunion du 11 août au cercle de l'hôtel Peugeot de Beaulieu, en présence des chefs des unités de Montbéliard et sous la présidence du colonel Monod dit "Claude", le colonel Maurin fixe les grandes lignes de l'opération, le nombre de compagnies, les dates et l'ordre de départ.. L'opération d'occupation du Lomont, ainsi précisée, se décompose en trois phases successives : faire monter au Lomont, dès le 15 août, les cinq compagnies armées des FFI de Montbéliard pour clore le plateau de Montécheroux, ensuite réceptionner les parachutages d'hommes et de matériel, enfin appeler au Lomont les six compagnies non armées de Montbéliard et, selon les circonstances, les quatre compagnies de Belfort. C'est le colonel Maurin, assisté de Floege, qui doit diriger les opérations et assurer le commandement de ce nouveau maquis. L'arrestation du colonel Maurin par les Allemands change la donne mais n'empêche pas que l'occupation du Lomont et l'installation du maquis s'engagent, sous les ordres du commandant "Paul".


D'après Anaïs Lomberger, "Localisation du maquis de Lomont","La décision d'occuper le Lomont", extraits du DVD-ROM La Résistance dans le Doubs, AERI, 2008.

Contexte historique

Le 15 août 1944, Ernest-Frédéric Floege "le commandant Paul" se retrouve seul à la tête du maquis du Lomont après l'arrestation du colonel Maurin. L'opération se met en marche. Les 17, 18 et 19 août 1944, les premiers éléments de Montbéliard montent au Lomont. Ils sont sous les ordres du capitaine Georges Meyer dit "Polyte", chef du maquis de Vaudoncourt. La montée s'effectue de jour et de nuit, de façon individuelle ou groupée. Le soir du 18, la première compagnie se rassemble, au complet, dans les bois du Lomont et la seconde compagnie commence son installation. Un camp s'établit dans les bois de Liebvillers. Le Lomont fait maintenant figure de lieu de ralliement de toutes les forces. Les déplacements des maquisards vers le Lomont ne passent pas inaperçus et éveillent vite les soupçons des Allemands qui attaquent le camp, le 19 août 1944, dans l'après-midi. Les maquisards se replient donc entre la Tour Carrée et la route de Noirefontaine-Montécheroux et installent un nouveau camp. Les 850 hommes du maquis se dispersent dans les bois.

Dès le 21 août, les quatre premières compagnies du maquis sont en place. Le "commandant Paul" rejoint alors le Lomont accompagné de son radio et il donne ses ordres à chaque unité. La première compagnie occupe un secteur allant de la crête du Lomont - ou batterie des Roches - à la route de Pierrefontaine, la seconde prend position des hauteurs de la vallée de Noirefontaine à Saint-Hippolyte. La troisième compagnie prend en charge les crêtes du Lomont, la route de Pierrefontaine, jusqu'à la frontière suisse et ,enfin, la quatrième occupe les hauteurs de la vallée depuis la route de Saint-Hippolyte jusqu'à la frontière suisse. La compagnie du plateau, composée d'équipe locales, forme provisoirement la réserve. Le maquis s'organise donc mais, dès le 22 août, il subit sa première attaque d'envergure.

Le maquis du Lomont accueille des maquisards depuis le 17 août. Le camp se déplace suite à une première incursion allemande, le 19 août, faisant un mort et six prisonniers. Le camp se situe maintenant entre la Tour carrée et la route de Noirefontaine. Le 22 août, des unités allemandes attaquent les maquisards du Lomont. Un mouchard survole le camp dès sept heures du matin et les Allemands mènent l'offensive, de sept heures et demie au soir. A l'aide de mitrailleuses, ils essayent de forcer le maquis par le nord. La lutte se déroule surtout autour du fortin qui est pris et repris plusieurs fois dans la journée. Les Allemands doublent leur attaque au nord par une offensive au sud-ouest par la route de Noirefontaine-Montécheroux. Ils sont résolus à anéantir le maquis naissant. La bataille est âpre et intense. Vers quinze heures, ils s'emparent de la Tour carrée et y installent une mitrailleuse lourde. Des chars arrivent en renfort et les Allemands déversent quantité d'obus de 88 sur le fort qu'ils supposent occupé par les maquisards alors qu'il est vide. A l'aide d'un bazooka, le capitaine américain du maquis descend un char en deux coups. La ferme de Brisepoutot passe aux mains des Allemands. C'est toujours autour de la Tour carrée que se cristallise la bataille. Vers dix-sept heures, les Allemands relâchent la pression, l'attaque ralentit et les chars s'éloignent. L'ennemi se replie à la nuit. C'est la victoire des maquisards du Lomont. Ces derniers infligent aux Allemands des pertes sévères -cent dix-sept tués dont Karl " le balafré ", Dietz, chef de la Gestapo de Montbéliard-, tout en limitant leurs propres pertes (huit tués). Après cette première alerte, le capitaine Floege, que tous nomment maintenant "commandant Paul ", appelle les autres compagnies à monter au Lomont. Le maquis s'étend, s'élargit et ses effectifs gonflent à partir du 23 août. Des volontaires affluent, ce qui change le plan initial de regroupement des unités. On assiste, en effet, à une véritable montée en masse. Les quatre compagnies deviennent quatre bataillons à deux compagnies. Le "commandant Paul" installe son PC à l'école de Montécheroux. Le 24 août, le Lomont reçoit des parachutages d'armes et des munitions qui renforcent la défense du maquis. Le groupe Tito rejoint le maquis le 24 août. Montécheroux est le premier village libéré du Doubs. Dix jours après sa formation, le maquis du Lomont compte jusqu'à trois mille hommes et s'est bien organisé. Il comprend cinq bataillons à trois compagnies de cent cinquante hommes, quatre groupes-francs de cinquante hommes, une compagnie de parachutistes, une compagnie de service et un service de santé.

Le maquis du Lomont subit, le 22 août 1944, une première attaque d'envergure dont il sort victorieux. Cependant, le 5 septembre, le service de renseignement de Montbéliard prévient le "commandant Paul" qu'une opération allemande se prépare contre le Lomont. Floege "commandant Paul" sait que les avant-gardes de la Première Armée française se trouvent vers Morteau. Il contacte le colonel Linarès du 3e RIA mais celui-ci ne peut lui promettre une aide certaine. Le 6 septembre, un bataillon d'infanterie motorisé, un escadron de chars et une compagnie d'infanterie mécanisée convergent vers le Lomont par trois directions. Le maquis en alerte met en place son dispositif de défense. Les chars et l'infanterie atteignent les avancées du Lomont ; la présence des chars Tigres en position près du cimetière de Pierrefontaine et des blindés vers Villars suscitent la crainte chez les maquisards. Ils établissent alors un plan de freinage pour permettre le repli de la majorité des effectifs et aussi éviter des combats destructeurs dans les villages de Montécheroux et Chamesol. Vers quinze heures, les lignes FFI sont mises en difficultés : cinq hommes sont tués, sept blessés. C'est alors qu'un officier du 67ème régiment d'artillerie (RA) se présente au PC de Montécheroux, porteur de bonnes nouvelles : les premiers éléments blindés de l'armée d'Afrique arrivent. Vers 15 h 45, ils sont là et font tonner le canon. En l'entendant, les Allemands se replient. Le 6 septembre au soir, les maquisards du Lomont sortent victorieux de cette attaque. Ils prouvent par là-même leur fidélité à la devise : "Comtois, rends-toi ! Nenni ma foi". Malgré cet "exploit", selon les propres termes du général de Lattre, les maquisards ne peuvent s'empêcher de regretter que le Pays de Montbéliard ne soit pas libéré dans la foulée. Ce n'est, en effet, que deux mois plus tard que le Pays retrouve sa liberté.


D'après Anaïs Lomberger, "La mise en place du maquis de Lomont", "L'attaque du 22 août 1944", "L'attaque du 6 septembre 1944", extraits du DVD-ROM La Résistance dans le Doubs, AERI, 2008.