Vie quotidienne au Maquis 3

Légende :

Vie quotidienne au Maquis 3 du Service national maquis

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance d'Auxerre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc extraite du CD-ROM la Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004.

Date document : 1944

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Cette photographie illustre la précarité des conditions de vie des maquisards, soumis au sein du Maquis 3, à de nombreux déplacements et qui campent ici sous des tentes de fortune installées dans les bois. Souvent, celles-ci étaient confectionnées à partir des toiles de parachutes. On remarque sur cette photographie la présence d'hommes en uniformes. Il s'agit vraisemblablement deux instructeurs militaires, " Jacques " et " Jean ", d'origine canadienne, et du responsable départemental du BOA, " Mic " (Michel Pailler) chargé de l'organisation des parachutages dans la région, présents au sein du maquis.


D'après Claude Delasselle, "Le Maquis 3 du Service national Maquis", extrait du CD-Rom , La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004.

Contexte historique

Le Service national maquis 3, ou Maquis 3 (appelé souvent à l'époque Maquis Dédé, du nom de son chef, André Cagnat) est le premier maquis créé par le Service national maquis dans l'Yonne, placé sous la direction de Olivier Ancel (" Félicien "), puis de Bernard Cunin (" Georges "). Il s'implante d'abord, en mars-avril 1944, dans un bois situé entre Mézilles et Saint-Sauveur à proximité de la ferme des Vrines dont le fermier, Georges-André Billard, accueille des réfractaires au STO et ravitaille le maquis. Ne regroupant au départ qu'une dizaine d'hommes, il est placé sous l'autorité de André Cagnat (" Dédé ") qui s'occupe plus particulièrement du recrutement et de l'intendance et a confié à Raymond Thomasset la responsabilité des opérations militaires.

Les premières armes ont été fournies par un parachutage largué, sans doute par erreur, près des Vrines et récupéré par le groupe des sédentaires de la région de Saint-Sauveur. Le premier parachutage destiné au Service national maquis dans l'Yonne est réalisé le 20 mai 1944 ; plusieurs autres suivront rapidement. Le Maquis 3 dispose bientôt d'un armement assez considérable  Les sédentaires de Saint-Sauveur s'occupent de la réception des parachutages, du ravitaillement et du recrutement. Mais le maquis, fort d'une quarantaine d'hommes à la fin mai ne passe pas inaperçu. Les Allemands rôdent autour de la ferme des Vrines, passant un jour tout près du camp. Le maquis part alors de nuit, à pied, pour la Gaillarderie, un hameau d'Etais-la-Sauvin, à la limite de la Nièvre ; il y reçoit de nouveaux parachutages qui permettent de compléter l'équipement (habits, chaussures) et l'armement (bazooka, fusils-mitrailleurs, mitraillettes, fusils, plastic, etc.).

Le 6 juin 1944, une vingtaine d'hommes du Maquis 3 part dans le Tonnerrois opérer un sabotage de la voie ferrée PLM, en application du Plan vert. Pendant cette opération qui dure plusieurs jours, les Allemands attaquent le 9 juin le camp de la Gaillarderie, faisant trois morts. Les différents éléments du Maquis 3 se regroupent ensuite, vers la mi-juin, dans les bois d'Aubigny, au sud de Taingy. Le 22 juin, le Maquis 3 se déplace à nouveau et vient s'installer au Bois Blanc, au nord d'Andryes. C'est pendant cette période que le maquis procède au sabotage d'un pont de la ligne Clamecy-Cosne à proximité d'Etais-la-Sauvin. Des hommes du Maquis 3 participent également avec le Maquis 4 au sabotage de ponts de chemin de fer à Saint-Moré et à Mailly-le-Château, et de l'usine d'Augy près d'Auxerre. Le Maquis 3 compte alors (avec l'arrivée d'hommes du maquis Fouché de Lain, de jeunes de Surgy le 3 juillet, et la présence d'hommes du maquis Garnier) environ 120 hommes, bien équipés et armés. Mais un effectif aussi important pose des problèmes de ravitaillement et augmente les risques d'être repérés.

Le 3 juillet, vers 17h, commence le combat du Bois Blanc, dont le camp est attaqué par d'importantes forces allemandes, qui sont repoussées après plusieurs heures de combat. Profitant d'une accalmie, le maquis décroche et gagne dans la nuit le hameau des Champs Gras, où il est accueilli par le maquis ORA Chevalier. Le Maquis 3 ne reste que quelques jours au hameau des Champs Gras car le ravitaillement manque. Une expédition à Lainsecq, dans la nuit du 6 au 7 juillet, pour s'en procurer et aller chercher les armes d'un parachutage, échoue à la suite d'un accrochage avec des Allemands en plein Courson. Le Maquis 3 part alors pour la région de Trucy-l'Orgueilleux (Nièvre) et s'installe près de la ferme de Laré. Mais là encore le ravitaillement est difficile ; d'autre part le maquis craint une nouvelle attaque et repart vers le 22 juillet, avec des camions réquisitionnés à la SPCC de Clamecy, pour la Montagne des Alouettes, une colline boisée au nord-est d'Etais-la-Sauvin. Le 9 août, le Maquis 3, alerté, part secourir le Maquis 7 qui est attaqué près de Boutissaint et se heurte aux Allemands, perdant trois hommes. A la mi-août, le Maquis 3 compte plus de 200 hommes et s'est solidement installé dans la région entre Etais-la-Sauvin et Saint-Sauveur. Il occupe plusieurs villages de la région, Etais, Sougères, Perreuse, Saintpuits, Lainsecq (où il a installé un hôpital de campagne) et multiplie les attaques contre les convois allemands en retraite. Le 22 août, le Maquis 3 reçoit de " Georges " l'ordre de marcher sur Auxerre. Le 23 août au soir, il est à Lindry et entre, le 24 août en début d'après-midi, dans Auxerre libéré. Après la Libération, des éléments du Maquis 3 s'enrôlent dans le 1er régiment du Morvan, mais la plupart restent à Auxerre ; une partie est incorporée dans le 2e bataillon de l'Yonne, commandé par René Millereau, qui, parti d'Auxerre en janvier 1945, prend position dans le Jura le long de la frontière suisse, intégré au sein du 4e régiment d'infanterie.


D'après Claude Delasselle, "Le Maquis 3 du Service national Maquis", extrait du CD-Rom , La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004.