Monument du Pouzin, Ardèche

Légende :

Monument en hommage "aux jeunes martyrs du 16 juin 1944" élevé dès après la libération sur la place du Pouzin, près du monument aux morts. 14 noms y sont gravés.

This monument honors the “Young martyrs of June 16th, 1944”, that was erected shortly after the Liberation in the main square in Le Pouzin. Inscribed upon it are the 14 names of the vicitms and is located near to another monument commemorating the dead. 




Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Pierre Millet

Source : © Pierre Millet Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur.

Date document : 16 juin 2012

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Le Pouzin

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Ce premier monument en forme de colonne fut érigé à l’initiative du comité local d’une association dite des "anciens F.-T.P." qui avait vu le jour après la libération avant de donner naissance à "l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance". En 1987, à l’initiative du même comité local et de la municipalité, une imposante plaque de marbre (plus de deux mètres de haut), portant en plus les noms des six jeunes combattants décédés suite aux blessures reçues lors de l’engagement, fut accolée sur l’enceinte de l’ancien dépôt de "La Mure" sur les lieux même de l’affrontement.

Chaque année, le 16 juin (désormais à l’appel de la municipalité), se déroule une importante manifestation commémorative suivant un rite ainsi établi : dépôt de gerbes au monument situé près du monument au morts, départ d’un défilé derrière les drapeaux et la fanfare des pompiers jusqu’à la plaque du souvenir devant laquelle se déroule la cérémonie officielle : appel des morts par une délégation d’enfants des écoles, sonneries d’usage et Marseillaise par la fanfare, allocutions, Chant des Partisans. La cérémonie traditionnelle se déroule à 18 heures si le 16 juin est un jour de semaine, ou le matin s’il s’agit d’un samedi ou d’un dimanche (voir l'album).

The original monument, in the form of a column, was originally installed through an initiative carried out by a local committee of former Resistance fighters called “Former F.T.Ps” (Francs-Tireurs et Partisans). This group was created upon the Liberation of France and then took the name National Association of Former Fighters of the Resistance (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, ANACR). In 1987 at the initiative of the same committee and of the municipality of Pouzin a marble plaque, measuring two meters in height, inscribed with the names of the six resistance fighters that died from their wounds in battle, was added to the monument that sits at the scene of the battle, the former depot called “La Mure”.

Every year on the 16th of June the community gathers in a memorial service during which wreaths are placed at the base of another monument dedicated to the victims, preceding a cavalcade and a fanfare performed by the local firefighters stopping in front of the commemorative plaque where the official ceremony is held. The names of the victims are read by a group of elementary school pupils followed by several short speeches and then the playing of the Marseillaise and the Chant des Partisans by the fanfare. The ceremony traditionally takes place at 6 o’clock in the afternoon on June 16th if a weekday, or in the morning if the 16th falls on a Saturday or Sunday.


Raoul Galataud

Traduction : Sarah Buckowski

Contexte historique

Le 6 juin 1944, jour J de l’insurrection nationale suite au débarquement allié sur les côtes de Normandie.
En Ardèche, les volontaires rejoignent les points de rassemblement fixés à l’avance. Prévus au nombre de quelques centaines, ils sont des milliers (4 000 recensés au 24 juin pour atteindre 8 000 fin août). Les formations armées de la Résistance (Armée Secrète et Francs-Tireurs et Partisans Français) sont organisées hâtivement en compagnies, bataillons ou brigades et encadrées au mieux. Elles relèvent dès lors des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) reconnues officiellement dès le 9 juin par le gouvernement du général de Gaulle.

Les deux-tiers du département - hormis la vallée du Rhône - sont rapidement sous le contrôle de la Résistance. Les formations armées en campagne cantonnent le plus souvent dans les bâtiments publics des localités libérées. Elles bénéficient de parachutages d’armes pour s’équiper sommairement et d’argent leur permettant d’avoir recours au droit de réquisition pour se ravitailler.

Mais un besoin s’avère crucial et difficilement soluble : le carburant pour permettre aux véhicules réquisitionnés d’assurer les transports. Les stocks détenus par les distributeurs pour répartir les maigres rations attribuées aux services publics et au corps médical sont vite épuisés. Un seul recours se présente : l’important dépôt central au service de l’occupant, constitué au Pouzin dans la vallée du Rhône, dans les entrepôts de la Société "La Mure". Avant même l’insurrection du 6 juin, des éléments de l’Armée Secrète du secteur de Privas avaient prévu la situation. Grâce à la complicité du directeur du dépôt et de deux gendarmes affectés à la section des Gardes Mobiles de Réserve chargée du gardiennage, ils avaient pu détourner à trois reprises des camions effectuant des livraisons à la garnison allemande cantonnée à Privas. Le 9 juin, un détachement de la 7102e compagnie F.-T.P. qui occupe Le Cheylard peut réussir également un prélèvement au dépôt de La Mure en neutralisant les gendarmes de garde grâce à la complicité de l’un d’eux. Forts de ces exemples, les responsables de la 7101e compagnie F.-T.P. qui occupe Lamastre, se consultent avec les responsables de l’A.S. de Privas pour effectuer un nouveau prélèvement. Les préparatifs sont plus longs que prévus et ne sont plus un secret à Lamastre. L’opération est fixée au 14 juin. Le rassemblement des éléments prévus pour l’opération a lieu aux Ollières. Le chef du détachement dispose de 28 garçons très aguerris et courageux, des maquisards de la première heure. Malgré des conseils sans doute insuffisamment précis de différer l’opération, qui lui parviennent de Privas, il maintient l’opération. Ce qu’il ne sait pas, c’est que les Allemands, sans doute prévenus par leurs "informateurs", ont dépêché sur place depuis la veille une compagnie pour "encadrer" les G.M.R. chargés de la garde du dépôt. Le chef du détachement F.-T.P. et son adjoint qui se présentent pour parlementer avec les G.M.R. sont immédiatement mitraillés. Les hommes restés en retrait engagent le combat mais ils sont pris à revers par les Allemands qui arrivent par la voie ferrée qui domine les lieux. Le bilan est lourd : 14 F.-T.P. sont tués sur place (dont 7 prisonniers fusillés et 3 blessés achevés à coups de bottes au mépris des lois de la guerre). 8 hommes, dont 5 blessés et le chauffeur lui-même blessé, réussissent à se hisser sur leur camion, à se dégager sous la mitraille et à regagner Lamastre. 5 garçons, dont 3 blessés, réussissent à se disperser. Au total, 6 des blessés ne survivront pas à leurs blessures. (Voir notices détaillées dans le CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI 2004)


June 6th, 1944, D-day: national uprising followed the landing of Allied forces on the coasts of Normandy. In Ardèche volunteer fighters joined at the assembly points determined in advance for D-day. Only several hundred fighters were expected though thousands arrived. The armed services of the Interior Resistance (l’Armée Secrète and Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) were hastily organized into companies, battalions or brigades at the ready to fight. All forces were set under the command of the French Forces of the Interior (F.F.I ) which would go on to be officially recognized by General de Gaulle on June 9th that year.

Two thirds of the department, except for the Rhône Valley were quickly taken over by the Resistance. The campaigning forces, stationing themselves most often in public buildings, benefitted greatly from the airdrops and financial aide from the Allies who provided them with a constant supply of arms and provisions.

Nevertheless, there was one need that was difficult to provide for: gasoline. Most of what was left of the meager gasoline in stock had been rationed off to public service vehicles and medical services, but it was in great demand by the military as well to ensure transportation of goods and men. The solution to this problem was found in the town of Pouzin in the Rhône Valley that housed a depot owned by the company “La Mure”. Even before the insurrections of D-day, the Privas sector of the Armée Secrète had already foreseen the situation. With the help of the supervisor of the depot and two police officers in charge of its security the men could divert delivery vehicles for gasoline that arrived at Privas from reaching German garrisons. On June 9th a detachment of the 7102nd company of the F.T.P that was stationed in the town of Le Cheylard succeeded to take control of another warehouse, thanks to the compliance of one of its security guards. Because of theses successful operations, the leaders of the 7101st F.T.P Company, which was stationed in the town of Lamastre, began to consult with the Armée Secrète to plan another raid. The preparations took longer than expected making their intentions more evident to the German forces. The operation was planned for June 14th and all supplies needed were provided in the town of Ollières.
The head of the Resistance detachment chose 28 experienced guerilla Resistance fighters for the operation, but due to insufficient communications the detachment continued its raid despite orders from Privas for its postponement. What the detachment did not know was that the Germans had been informed of the takeover of the warehouses and had arrived the day before to support the Vichy police guards of the Mobile Reserve Groups (G.M.R.) and keep control of the warehouse. The head of the detachment of the F.T.P. with his assistant approached the warehouse to negotiate with the G.M.R. officers and were immediately attacked by machine gun fire. The remaining parts of the detachment attempted to stay and fight but were taken aback by German forces that arrived to the scene by rail. The F.T.P. sustained heavy losses, with 14 men killed (seven men were shot immediately after having been taken as prisoners, and three dying after being severely beaten). Five of the eight men remaining were injured including the truck driver, were able to hoist themselves into a truck while under machine gun fire and drove back to Lemastre where several other men died of their wounds.


Raoul Galataud

Traduction : Sarah Buckowski