Le médecin français n°21, décembre 1943

Légende :

Journal Le médecin français n°21, décembre 1943

Genre : Image

Type : Journal

Source : © Bibliothèque nationale de France - Gallica Droits réservés

Détails techniques :

Journal ronéoté de quatre pages (voir album).

Date document : Décembre 1943

Lieu : France

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Analyse média

Ce numéro évoque la création du Comité Médical de la Résistance (CMR), en faisant valoir qu'outre la lutte contre l'ennemi, ses objectifs incluent la défense de la santé de la population et l'aide aux militants de la Résistance, conformément à l'objet du journal, défini dans son premier numéro de mars 1941 : "Nous lutterons pour que se crééent les conditions objectives nécessaires au développement des sciences médicales et à leurs applications pratiques correctes".


Contexte historique

Dans l'ensemble du territoire français, beaucoup de médecins ont rejoint la Résistance d'abord à cause des services qu'ils pouvaient rendre à des clandestins ou à des aviateurs alliés abattus au-dessus de la France et blessés. Au fil des années, ces services se diversifient et se multiplient : les faux certificats deviennent de plus en plus nombreux, dans le cadre de la lutte contre le STO, et les maquis, qui avaient d'abord compté sur la bonne volonté des médecins locaux, accueillent de plus en plus de médecins ou d'étudiants en médecine eux-mêmes en fuite et si décidés au combat qu'il n'est pas rare de les voir porter les armes.

Comme dans toutes les professions, les médecins résistants restent une minorité. Mais les sollicitations peuvent être bien accueillies dans un esprit de respect de l'éthique professionnelle. À cet égard, on peut remarquer que le conseil national de l'Ordre des médecins (pourtant création du gouvernement de Vichy) avise publiquement les médecins français d'avoir à désobéir à l'exigence de dénonciation des blessés édictée par les autorités allemandes, sous peine de mort, en vertu de la protection du secret médical.

En outre, bien qu'initialement choyé par Vichy comme laboratoire de mise en œuvre de la révolution nationale, le corps médical se détache peu à peu du régime, sous les effets des pénuries matérielles et des exigences bureaucratiques (y compris fiscales) qui rendent l'exercice du métier plus compliqué que jamais. Qu'ils soient ou non résistants, les médecins français sont donc disposés à voir exprimer le mécontentement que la presse médicale autorisée ne peut relayer.
C'est la grande habileté du Front national des médecins que de savoir créer un journal, Le Médecin français, qui soit non seulement un journal patriote et combattant, mais encore le porte-parole de revendications professionnelles réelles.  Tant et si bien que le président de l'Académie de médecine en personne n'hésitera pas à citer Le Médecin français devant des instances officielles en décembre 1941 !
Le premier numéro, daté du 15 mars 1941, est rédigé par deux médecins communistes et juifs de la banlieue de Paris, Maurice Ténine et Jean-Claude Bauer (qui sont rapidement arrêtés en même temps que le premier groupe dirigeant du Front national et remplacés).
Pauvre feuille ronéotée à l'origine, Le Médecin français s'impose au fil des années comme le journal médical résistant et il n'est confronté à aucun concurrent. Bien qu'évidemment dirigé par des communistes, il sait s'ouvrir aux personnalités incontestées de la résistance médicale et garder son ton à la fois consensuel et proche des réalités vécues par tous les praticiens. À la Libération, il s'impose tout naturellement comme le principal journal de la profession, presque officiel, et lu par l'écrasante majorité des médecins français.
Quoique Le Médecin français n'ait pas de concurrent sur le terrain professionnel, une presse est aussi développée par des médecins communistes dans une autre sphère. Il s'agit de déclinaisons de la presse destinée à lutter contre les persécutions antisémites et les déportations au sein du Mouvement national contre le racisme. 


D'après Bénédicte Vergez-Chaignon, "La presse de la résistance médicale", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.