Emma Allègre

Légende :

Les femmes jouèrent un rôle, sous-estimé, dans la Résistance.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © AERD, fonds famille Allègre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar

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Analyse média

Portrait d’Emma Allègre (1893-1966), résistante à 50 ans à Montélimar, remis par son petit-fils, Guy Allègre, à l’équipe de l’AERD en 2009.
La photographie aurait été prise après la guerre autour de 1950.


Auteurs : Claude Seyve

Contexte historique

Raphaël Marchi*, dans ses mémoires, fait part de quelques traits du comportement d’Emma Allègre.

"Née en 1883, mère de quatre enfants, elle a activement participé à la Résistance pendant l'Occupation. Elle servait les maquis en matériel, parfois même en nourriture. Elle leur transmettait les ordres reçus de ses supérieurs." "Personne intègre, elle ne fit jamais état de sa personne, de ses services. Ses deux fils, Pierre et Paul, étaient également dans le maquis. Ses deux filles, Jeanne ("Katia") et Antoinette étaient au poste de commandement, soignaient les blessés ou participaient aux diverses liaisons."

Renée Audibert, habitant à Ancône à l’époque, résistante également, l’a bien connue ; elle donne d'autres précisions dans son manuscrit : "Nous avions en ville, 13 rue Arc-du-Pin, une maison qui servait de boîte aux lettres pour les maquisards, de cache pour ceux de passage et de départ pour tous ceux que nous faisions transiter vers les maquis du Nyonsais. Quand je pense à cette brave femme, ce qu'elle a été pour nous tous ! Il fallait le faire. Elle vivait seule, son mari l'ayant laissée. Elle se dévouait sans compter pour la Résistance." Combien de résistants ont transité chez elle ? L’un d’eux par exemple, Émile Bouchet, plus tard rescapé de la fusillade de Valréas (12 juin 1944), se trouvait chez elle alors que la Gestapo interrogeait les voisins sur le pas de la porte ; il réussit à s’enfuir par une toute petite fenêtre de la maison…

Raphaël Marchi évoque par ailleurs "les foulards rouges" que "madame Allègre" a préparé pour la fête du 2 septembre 1944, lorsque les maquis et bataillons Morvan défilèrent dans Montélimar libérée : "Nous avions une allure superbe. Nous étions fiers. Nous avions bien travaillé. Lorsque notre détachement de Sahune passa, avec, autour du cou, les foulards rouges que madame Allègre avait confectionnés, ce fut, du bas au haut de la Grand Rue et jusqu'à la Place d'Armes, un tonnerre d'applaudissements. Et, ne pourront le comprendre..., que ceux qui y étaient."

Ainsi approche-t-on une femme étonnante, dont le rôle est aussi discret et efficace que multiple et risqué. Et pourtant, la mémoire ne lui a réservé jusque-là qu'une place quasi anonyme. À la demande de Raphaël Marchi, une rue de la ville de Montélimar porte désormais son nom : "Allée Emma Allègre". Une plaque explicative, comme il en existe dans la ville, apposée sur sa maison pourrait rappeler la valeur de son combat contre l’oppresseur ; la demande en a été faite en Mairie le vendredi 28 septembre 2007, lors de la présentation par l’AÉRD du dévédérom sur la Résistance dans la Drôme et le Vercors.

(*) Raphaël Marchi : jeune résistant en 1943, membre du réseau FTP (Franc-Tireur et partisan) de Montélimar, maquis Morvan, conseiller municipal à Montélimar, honoré par une plaque sur un rond point de Montélimar, décédé à présent.


Auteurs : Claude Seyve
Sources : Archives communales de Montélimar, registre des délibérations municipales, Mémoires de Renée Audibert et Raphaël Marchi.