Marcel Lugand

Légende :

Marcel Lugand, au clairon dans la clique du défilé d'Oyonnax, le 11 novembre 1943, est aussi le dernier survivant de cet événement historique

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Marcel Lugand - don à l'AMAHJ Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Oyonnax

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Contexte historique

Marcel Lugand est né à Chézery dans l'Ain, le 29 décembre 1923. Ses parents y exercent la profession très recherchée alors de cordonniers, profession fort prisée pendant les temps de pénurie. Lui-même apprend le métier auprès de ses parents. En septembre 1943, refusant de partir travailler pour les Allemands même si les gendarmes ne cherchent pas avec énergie les réfractaires, il préfère rejoindre le camp Verduraz, commandé par Jean Vaudan.

Les 45 hommes du camp Verduraz sont répartis en trois sections ; ils s'abritent dans la ferme de Termant proche d'Evosges. C'est là, que le 14 juillet 1943, le capitaine Henri Romans-Petit rassemble les maquisards et civils qui les soutiennent en présence de deux responsables lyonnais, Lucien Bonnet, "Dunoir", et "Chabert" qui apportent 15 000 francs. Cependant, c'est peu et les hommes se souviennent que la base de leur nourriture a longtemps été la carotte. Le lendemain de la fête, la ferme de Termant est incendiée et les hommes vont se réfugier dans les grottes de la Fouge, trop insalubres, qu'ils quittent pour la ferme de Bassan sur le mont l'Avocat.

C'est grâce au fromager de Montgriffon, Louis Prost, originaire de Chézery et l'un des fondateurs du camp qu'il y est admis. Le camp, future compagnie Verduraz, dont il se rappelle que Jean Vaudan n'avait pas toujours bon caractère mais qui est un des premiers chefs de camp du Bugey, s'imposant pour sa maturité et non par son expérience militaire. Marcel Lugand suit à partir de là l'itinéraire du camp Verduraz jusqu'à la Libération début septembre 1944.

Le 10 septembre 1943, il participe à l'attaque des chantiers d'Artemare ce qui permet de récupérer de nombreux ustensiles, du ravitaillement, des chaussures, vêtements, couvertures et quelques armes. Marcel appartient à la section de Francisque Neyraud. Pierre Marcault, le lieutenant Perrin-Jassy, "Mantin", et parfois Gaston Gambier, "Augé", viennent les initier au maniement des armes et des explosifs et leur inculquer quelques principes de base de la guérilla. Des républicains espagnols, républicains mais non communistes, réfugiés en France où ils sont employés dans les GTE (Groupements de Travailleurs étrangers faisant essentiellement du forestage) jouent un rôle essentiel dans cet apprentissage.

Pour le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax, "Verduraz" l'envoie seul trois jours avant au camp Marco (Pierre Marcault). Il part par le train en passant par Vieu d'Izenave. Arrivé à Brénod, il attend seul, puis un guide l'emmène au camp où il retrouve beaucoup de monde en train de s'entraîner à marcher au pas. Il sera, quant à lui, membre de la clique avec son clairon.

Le jeudi 11 novembre, un convoi de camions s'ébranle dans le froid. La destination est encore inconnue. Ce n'est qu'après avoir traversé la RN 84, repris la route par Plagne, Echallon et la route de la Guerre que les hommes comprennent qu'ils vont à Oyonnax où un guide les attend à l'entrée et les conduit vers le bureau de poste. Puis c'est le défilé, l'enthousiasme de la foule et le retour par La Cluse. Tout s'est bien passé mais en guise du gueuleton promis par "Marco", il n'a droit qu'à une boîte de sardines. Les hommes restés au camp ont tout mangé !

Le lendemain, Marcel Lugand retourne rejoindre la ferme de Termant et le camp Verduraz. Des Espagnols du camp participent à l'expédition du Creusot qui reviennent sans mal après avoir franchi plusieurs barrages dont un à Fleurville.

La suite, c'est la multiplication des sabotages ferroviaires sur la voie Ambérieu-Culoz pour gêner les communications allemandes vers l'Italie et cela jusqu'à la Libération de septembre 1944, des coups de mains et quelques embuscades alors qu'ils étaient basés à Bassan.

Après avoir défilé à Ambérieu avec Romans, Heslop et Verduraz, ils regagnent leur camp. Marcel Lugand quitte ensuite le maquis et rejoint sa famille à Chézery. Il partira plus tard en 1945 faire son service militaire de deux ans et demi dans l'armée d'occupation à Lindau.

En 1948, il se marie et devient représentant en chaussures ce qui les conduit lui et son épouse dans toute la France. Ils ont une fille. A la retraite, ils reviennent s'installer à Chezery et font construire. Ils participent à de nombreuses réunions des anciens maquisards.
Aujourd'hui, Marcel Lugand est le dernier survivant de ceux qui ont défilé le 11 novembre 1943 à Oyonnax.


Claude Morel, in DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, AERI, 2013.