Analyse média

Dans le cadre de la préparation du défilé, prévu à Oyonnax le 11 novembre 1943, Henri Girousse, dit "Chabot" reçoit, en tant que commandant du Groupement Sud, la mission de fournir les troupes qui défileront. Il s'agit donc pour lui de préparer une compagnie de 120 à 150 hommes devant rapidement recevoir une instruction militaire sommaire (pas cadencés et maniement d'armes). Le plus gros problème à ses yeux demeure le transport motorisé de ces troupes.

Contexte historique

Henri Girousse est né le 17 janvier 1913 à Volx, dans les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence). Après des études secondaires, il se destine à une carrière militaire et entre à Saint-Cyr où il intègre la promotion Maréchal Lyautey (1935-1937) dont font partie Tom Morel, Elysée Darthenay, Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès, et, parmi les instructeurs, le commandant Duhail, "Vallin", hommes qu'on retrouve ensuite dans les maquis de l'Ain et du Haut-Jura.

Au début de la guerre 1939 - 1945, Henri Girousse, mobilisé sur le front des Alpes, commande une section d'éclaireurs-skieurs, puis, après l'armistice, il est affecté comme lieutenant au 4e régiment de tirailleurs marocains. Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord, Henri Girousse, en permission en France, ne peut rejoindre son unité. Il est alors affecté au 10e bataillon de chasseurs à pied au camp de Thol. Après une rencontre fortuite avec son compagnon de Saint-Cyr, Jean-Pierre de Lassus, récemment arrivé au maquis, Henri Girousse rejoint "Romans" sur le plateau de Retord, au camp de Morez, en août 1943.

Il est désormais résistant et devient "Chabot" ; il se voit confier le commandement d'un ensemble territorial appelé groupement Sud. Très vite, il apporte son expérience de militaire, sa prudence et son autorité tranquille aux maquis de l'Ain, au sein desquels il est reconnu comme un chef incontesté.

En septembre 1943, il participe activement aux coups de main sur le chantier de jeunesse d'Artemare et l'Intendance de Bourg-en-Bresse, ainsi qu'au défilé historique du 11 novembre à Oyonnax. En décembre 1943 et janvier 1944, pendant que "Romans" est envoyé en Haute-Savoie pour réorganiser les maquis, "Chabot" assure l'intérim dans l'Ain à partir du PC (Poste de commandement) de Brénod. Fin décembre 1943, après l'accrochage des Neyrolles avec les GMR (Groupes mobiles de réserve), "Chabot" écrit à leur chef pour lui rappeler le sens de l'honneur.

Lors de l'attaque allemande de février 1944, "Chabot" et son PC tentent de sortir de la zone des combats, mais ils déplorent de lourdes pertes à la Ferme de La Montagne, à l'Abergement-de-Varey. En avril, pendant la deuxième attaque, "Chabot" et ses hommes subissent des accrochages dans le Bugey, et les enfants de troupe du camp de Thol, récemment incorporés au groupement Sud, sont conduits par Gaston Gambier, "Augé", et Jean Signori ,"Mazaud", dans les bois de Priay.

Au moment du débarquement de Normandie, dans la nuit du 6 au 7 juin, "Chabot" commande le célèbre sabotage des 52 locomotives du dépôt d'Ambérieu-en-Bugey. Ensuite, il participe avec ses hommes aux combats du Valromey en juin, puis à ceux du 11 juillet à Neuville-sur-Ain, jusqu'à ce que, submergés par les moyens ennemis, les maquisards soient contraints au repli à Arandas où un parachutage providentiel apporte les premières mitrailleuses.

En août 1944, "Chabot" impulse dans le groupement Sud le harcèlement des troupes allemandes et y maintient la paralysie du réseau ferroviaire. Enfin, du 31 août au 2 septembre 1944, la moitié des unités de "Chabot", réunies dans le sous-groupement Clin du lieutenant Colin, sont engagées aux côtés des Américains dans les terribles combats de la Valbonne, de Meximieux et des ponts de la rivière d'Ain.

Lorsque "Romans" est mis aux arrêts de rigueur à Lyon en septembre 1944, "Chabot" le soutient en multipliant, en vain, les interventions auprès du commandant militaire de la Région 1, ce qui lui vaut par la suite d'être rétrogradé, puis bloqué dans son avancement, malgré de brillants états de service. Colonel honoraire, il est promu commandeur de la Légion d'honneur en 1979, puis reçoit en 1996, à Pérouges, un vibrant hommage de la part du président des USA, Bill Clinton. Toujours au service de la Résistance, Henri Girousse préside pendant vingt-sept ans l'Association des maquis de l'Ain et du Haut-Jura.