Première libération de Romans-sur-Isère : les FTP défilent à Romans-sur-Isère

Légende :

Les FTP (Francs-Tireurs et partisans), sous la conduite de Marius Vignon, descendent la Côte des Cordeliers, le lendemain de la libération de la ville.

Genre : Image

Type : Libération

Source : © Mémoire de la Drôme Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique 6 x 9 cm.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Le photographe Taly avait son studio au milieu de la Côte des Cordeliers. Monsieur Taly a pris, ce 23 août 1944, plusieurs clichés du défilé des libérateurs, depuis le 1er étage de sa maison. La rue étant en pente permet d’avoir une profondeur du champ.

Les différents groupes de résistants ayant participé à la libération de la ville dans la journée du 22 août défilent dans les rues de Romans-sur-Isère, applaudis par la population massée sur les trottoirs. Ici, c’est le groupe des FTP conduit par le lieutenant Marius Vignon portant un calot. Les tenues et les armes sont hétéroclites.
La bâtisse, abritant au rez-de-chaussée le magasin de vêtements pour hommes de La Grande Maison, a été démolie après l’année 2 000 et remplacée par un immeuble moderne.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Le 15 août 1944, c’est le débarquement en Provence, à quelque 300 km au sud. Les forces alliées, américaines et françaises libres, remontent la vallée du Rhône alors que des éléments légers foncent sur Grenoble ; dans la soirée du 20 août, des avant-gardes américaines atteignent Crest par la vallée de la Drôme.

Cette avancée rapide soulève d'immenses espoirs dans la région de Romans et de Bourg-de-Péage encore sous le coup du désastre du Vercors. Les résistants rescapés se sont regroupés autour de Romans. Il n'est pas question de libérer la ville dans l'immédiat, cependant l'arrivée imminente des Américains précipite les événements alors que les troupes allemandes défendent âprement leurs positions au cours de la Bataille dite de Montélimar, dans la vallée du Rhône. 


La petite garnison allemande de Romans est composée d'environ 200 hommes de deux compagnies du « Eisb.pi.Komp.100 » (compagnie des pionniers des chemins de fer n° 100), équipées de quelques véhicules légers, de grosses mitrailleuses, de petits canons, de mortiers. Pour l'essentiel, ce sont des ouvriers spécialisés chargés essentiellement de gérer des stocks de matériels et de munitions. Il y a aussi quelques blessés du front de l'Est, au repos ou en convalescence, quelques-uns viennent de Grèce ; certains sont jeunes, 16 ou 17 ans. Ces hommes, qui occupent la caserne Bon et le collège, sur l'avenue Gambetta, utilisent un atelier de réparation dans le garage Citroën, boulevard de l'Ouest. Leur valeur militaire semble faible.

Qui a pris l’initiative de la prise de Romans par les résistants ? Est-ce le futur maire Roger Raoux voulant éviter la destruction de la ville par les bombardements alliés ? Est-ce Narcisse Geyer, alias "Commandant Thivolllet", officier du 11e Cuirassiers qu’il a reconstitué (environ 700 hommes, dont une soixantaine de Tirailleurs sénégalais) ?

Dans la matinée du 22 août, vers 9 h, les hommes du 11e Cuirassier venus du nord de Romans conduits par Marc Coquelin (aspirant "Charvier") attaquent la gare puis le garage Citroën. Des tirailleurs sénégalais, une soixantaine environ, ont rejoint le 11e Cuir. Ils avaient été libérés, en juin 1944, par la Résistance alors qu’ils étaient internés à La Doua à Lyon. Ils ont participé à la prise de Romans.

Avertis avec un peu de retard, des hommes de la compagnie Daniel, du maquis Bozambo puis des FTPF arrivent alors que la bataille est déjà engagée.

L'Hôtel de Ville est pris. La caserne et le collège sont bientôt encerclés, la caserne s'embrase. La garnison allemande tente deux sorties : les soldats sont arrêtés et faits prisonniers. Vers 14 heures, les combats sont terminés. En fin d'après-midi, les Allemands de la garnison capitulent. Une douzaine de maquisards ont été tués ainsi qu'une dizaine de civils et une quarantaine d'Allemands.

Malgré les terribles massacres du Vercors, les prisonniers ont la vie sauve. L'abbé Michel Lémonon intervient pour éviter qu'ils ne soient maltraités. Les blessés allemands sont conduits à l'hôpital (la présence de ces blessés évitera un désastre aux Romanais le 27 août).

Dans l'après-midi, la foule romanaise enthousiaste acclame les maquisards, les drapeaux sortent de leur cachette et sont accrochés aux fenêtres. Le lendemain 23 août, les résistants défilent dans les rues. La population accueille les Américains venus de Grenoble mais ces derniers ne s'arrêtent guère et se hâtent vers le sud pour rejoindre les autres éléments qui tentent de barrer la route à la Wehrmacht entre Loriol et Montélimar. Cette présence momentanée des Américains conforte les Romanais et les Péageois dans l'idée de la Libération définitive mais les deux cités sont au voisinage d'une armée allemande encore importante dans la vallée du Rhône toute proche.

Un administrateur est nommé, c’est Roger Raoux, alias "capitaine Morgan", en remplacement du maire René Barlatier, maréchaliste. Le Comité local de Libération s’organise et se réunit tous les jours.

Une affiche signée Morgan est apposée en ville : « L’heure de la Libération est venue. Aidées et soutenues par l’avance foudroyante des troupes alliées, nos forces ont libéré notre ville de l’envahisseur. La Liberté reprend ses droits dans le Dauphiné d’où elle est partie à la conquête du monde. Sachez vous en montrer dignes. Conservez le calme et le sang-froid qui vous ont valu l’admiration du monde pendant les années douloureuses que vous venez de vivre. Nos épreuves ne sont pas terminées. La guerre est encore à nos portes. Nous mettrons tout en œuvre pour adoucir vos souffrances et vos privations, mais nous exigeons de vous la stricte discipline que nous imposent encore les événements. Chacun doit rester à son poste ou à sa place. Nous ne tolérons aucune vengeance personnelle. Nous punirons de mort tout acte de pillage. Les traîtres seront châtiés, les coupables quels qu’ils soient seront punis, mais dans la stricte légalité. L’arbitraire a fini son temps. La vraie France renaît ! Vive la France ! Vive la République ! »


Auteurs : Jean Sauvageon.
Sources : Mémoire de la Drôme. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007 (notice Laurent Jacquot). Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, La libération de Romans et de Bourg-de-Péage.