Rationnement de la viande en avril 1946

Légende :

Les difficultés de la vie quotidienne perdurent après la Libération. Ainsi, les denrées les plus recherchées restent soumises au régime des tickets de rationnement, comme la viande.

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Article extrait du journal Le Haut-Marnais républicain du lundi 1er avril 1946 Droits réservés

Date document : 1er avril 1946

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Haute-Marne

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Contexte historique

Après l'effondrement du gouvernement de Vichy, les difficultés de la vie quotidienne ne se sont pas dissipées pour autant et l'euphorie générale est de courte durée. Chacun a cru que c'en était fini de la pénurie et des privations supportées depuis quatre ans. Non seulement la guerre continue et il faut entretenir les troupes françaises mais le bilan de cette guerre est lourd. Le paysage haut-marnais est défiguré tellement il a été pilonné par les attaques aériennes. A la veille de sa défaite, l'armée allemande a endommagé au maximum ponts, voies ferrées et navigables si bien que l'approvisionnement tarde. De plus, l'hiver de 1944-1945 est l'un des plus froids et, comme bon nombre d'habitants sont privés de leurs habitations, des baraquements, surtout dans la région de Montier-en-Der, ont été rapidement construits mais ils sont difficiles à chauffer. Le canal de la Marne à la Saône, gelé, ralentit le transport du charbon nécessaire pour rendre quelque peu confortables ces logements de fortune. Au lendemain de la Libération, le ravitaillement reste précaire, même si, pour fêter la victoire, quelques suppléments alimentaires ont été octroyés : 40 g de fromage et 1 litre de vin pour certaines catégories. Malgré la ruralité de ce département, la ration de viande accordée reste faible. Aussi, au temps de l'Occupation, bon gré mal gré, chacun acceptait-il les privations. Mais plusieurs mois après la Libération, personne n'est prêt à continuer à "se mettre la ceinture" et la grogne s'installe en même temps que le marché noir connaît une surenchère. La carte de pain supprimée réapparaît en janvier 1946. On comprend aisément qu'après tant d'années de restrictions, les Haut-Marnais, les nerfs à fleur de peau, refusent de telles contingences et la réprobation qui se fait jour amènera un cortège de grèves dans les usines locales.


Marie-Claude Simonnet, "Précarité de la vie quotidienne après la Libération" in cd-rom La Résistance en Haute-Marne, AERI, 2004.