Visite du général de Gaulle à Chambéry le 5 novembre 1944

Légende :

Le général de Gaulle guidé par Jean Gotteland passe en revue des résistants savoyards au monument aux morts du Clos Savoiroux. De gauche à droite, Albert Lalaz, Charles Vernier et Pierre Dumas.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives privées de la famille Gotteland Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir-et-blanc

Date document : 5 novembre 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Savoie - Chambéry

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Analyse média

Les trois résistants présentés aux général de Gaulle sont : 
- Albert Lalaz, membre de Combat dès 1942, lieutenant au 1er bataillon de l'Armée secrète (AS) de Savoie puis membre de l'état-major départemental des Forces françaises de l'intérieur (FFI) ;
- Charles Vernier, adjudant au 1er bataillon de l'Armée secrète de Savoie ; 
- Pierre Dumas, fondateur en 1940 du groupe des Jeunes Gaullistes du lycée de Chambéry, rejoint le maquis des Bauges au col du Marocaz en juillet 1944. Il intègre la 1ère compagnie du capitaine Pierre Cazenavette, "Cathala", du 1er bataillon de l'Armée secrète (AS) de Savoie, avec laquelle il participe aux campagnes de Libération de la Combe de Savoie.


Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance en Savoie, AERI, 2012.

Contexte historique

Une délégation conduite par le général de Gaulle traverse la Savoie le 5 novembre 1944 en passant par Ugine, Albertville et Chambéry. Elle comprend plusieurs personnalités comme les ministres de la Justice et de la Guerre, François de Menthon et André Diethelm, les généraux de Lattre de Tassigny, Alphonse Juin et Laurent Sevez. 

Elle arrive à Ugine où elle est accueillie par le maire de la ville, André Pringolliet, le nouveau Préfet, André Monnier et Lucien Rose, président du Comité départemental de Libération (CDL) de Savoie. Puis, elle se rend à Albertville. Une foule nombreuse s'est massée le long de la route empruntée par la délégation. Le général de Gaulle passe en revue les troupes du 10e régiment de tirailleurs marocains et de l'ancien bataillon Bulle. Il prononce un discours au balcon de l'Hôtel de Ville avant de saluer les autorités dont le Sous-Préfet de l'arrondissement, Joseph Gaudin. Puis, la délégation se rend dans la capitale du département savoyard. L'ensemble des membres du CDL de Savoie attendent au pont des Amours l'"homme du 18 juin" qui est accompagné par Amédée Daille, le nouveau maire de Chambéry, et ses adjoints. Le général de Gaulle arrive vers 11h15 et salue les personnalités qui lui sont présentées. Il s'incline devant la plaque de marbre élevée aux résistants savoyards puis observe une minute de silence. Il se rend ensuite avec Lucien Rose au monument aux morts du Clos Savoiroux où il dépose une gerbe. Vers 11h30, il rejoint l'Hôtel de Ville puis la Préfecture où se déroule une réception. Il distribue alors de nombreuses poignées de mains et échange quelques propos. Lucien Rose prononce un discours rendant hommage au libérateur du pays mais revendiquant également, au nom du CDL de Savoie, la volonté d'établir une politique de décentralisation. Lors de sa réponse, le général de Gaulle reprend le thème de l'unité nationale et affirme que le relèvement de la Nation passe par une réforme de ses institutions. Puis, il descend la rampe du Château en direction de la rue de Boigne et prend son premier grand bain de foule. En effet, les Savoyards se sont massés en nombre et lui réservent une ovation qui se prolonge tout le long du parcours qui le mène à la Cathédrale. Il assiste à une messe avant de reprendre la route de la Préfecture. 

Sur la place Caffe, il passe des troupes en revue avant de participer à un repas réunissant les principales figures de la résistance savoyarde. Dès 14 heures, le général de Gaulle gagne la terrasse dominant le porche de la Préfecture alors qu'une marée humaine a envahi la cour intérieure. Il prononce alors son discours: "La ville de Chambéry a aujourd'hui manifesté d'une manière éclatante et profondément émouvante les sentiments qui l'animent et dont le Chef du Gouvernement de la République peut lui dire que ce sont les sentiments mêmes de la France toute entière... La plus grande épreuve morale de notre Histoire, nous l'avons traversée, nous en sortons... Nous avons à vaincre, assurer notre victoire, à faire en sorte que ce qui vient de se produire, une fois de plus en si peu de temps, ne soit pas comme un destin définitif de notre pays ; qu'il ne soit pas entendu que, quand nous nous réunissons, nous, Français, c'est toujours autour des tombes de ceux de nos enfants qui sont morts à l'ennemi...[...] Malgré toutes nos douleurs, tous nos chagrins, toutes nos épreuves, nous remettrons, vous le verrez, la France à sa place. Vive la France!". Le chant de laMarseillaise résonne alors dans la cour intérieure du Château avant que le général de Gaulle ne s'éclipse. Il doit rejoindre Grenoble dans l'après-midi.


Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance en Savoie, AERI, 2012.