Jeeps américaines à Nemours

Légende :

Jeeps américaines traversant le Grand-Pont de Nemours

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives municipales de Nemours Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 23 août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Nemours

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Contexte historique

Au moment où les Américains arrivent à Nemours (23 août 1944), les Allemands sont déjà partis. En fait, Nemours n’était pas un objectif pour l’armée américaine. Celle-ci est redescendue sur la ville, les ponts de Grez et Montigny étant détruits.

Ville de 5 150 habitants, chef-lieu de canton (17 communes rassemblant 13 000 habitants), Nemours apparaît comme une ville historique, pratiquement pas industrialisée. Le canton comprend cependant le centre de Bagneaux-sur-Loing où la Compagnie Saint-Gobain contrôle l'ancienne verrerie spécialisée dans l'optique et les verres spéciaux, et à ce titre précieuse pour l'armée allemande. Peu avant la guerre, ce même groupe avait implanté une seconde usine, Le Pyrex (verrerie réfractaire), employant près d'un millier d'ouvriers.

Nemours, qui dispose d'un pont pour franchir le Loing, voit également le passage de la courte ligne de chemin de fer dite "du Bourbonnais" qui suit la rivière et son canal. Cette ville et son canton, traditionnellement de faible pratique religieuse, ne sont pas pour autant de gauche en dépit d'une population ouvrière liée à la présence des usines de Bagneaux : elle constitue, comme tout l'ensemble géographique au sud de la forêt un rare secteur de réussite de la droite. En témoignent les élections de 1936. 

Les Allemands, au moins au début de l'Occupation, implantent à Nemours une Standortkommandantur. La ville ne se caractérise pas par une adhésion marquée à la politique de collaboration, contrairement à d'autres localités du sud seine-et-marnais comme Fontainebleau ou encore Flagy. L'ingénieur Gaston Darley administre Nemours depuis la mise en place au printemps de 1941 d'une délégation spéciale de vingt membres (notables). Si cet homme n'adhère pas à la Résistance, le chef local de cette dernière trouvera toujours appui et compréhension auprès de la mairie. S'il existe une Résistance communiste dans le canton, elle semble moins affecter le chef-lieu que les usines de Bagneaux où l'ingénieur Samour peut compter sur 80 hommes de la verrerie à la suite de la constitution du FN. Ce groupe se placera, comme à Moret ou Champagne, sous l'autorité de Junguenet dit "Maxime", de Fontainebleau. De fait, la distribution de tracts communistes ne cesse pas depuis 1940. Nemours connaît également en sa périphérie des incendies de récoltes dès janvier 1943 (inexistants avant) et des sabotages de voies ferrées à l'automne. Les usines Le Pyrex travaillant alors pour la Kriegsmarinesont sabotées en juillet 1943. Nemours enregistre à la même époque un attentat contre un médecin contrôleur de requis du STO. Mais le principal groupe de Résistance naît tardivement : c'est en mai 1942 que Marcel Piat ("Raymond", puis "Marceau"), charcutier tenant boutique rue du Souvenir, ancien de Dunkerque, est contacté par Gilbert Gaillardon, résistant de Souppes. Les deux hommes cherchent un groupe auquel s'agréger. Ils se rattachent dans un premier temps au mouvement OCM de Montargis, puis, après diverses vicissitudes, au mouvement des VPO de O'Neill, avec l'originalité d'être dans le même temps liés à Libé-Nord (Piat faillit même devenir responsable départemental de ce mouvement). "Marceau" rassemble d'abord un groupe modeste – ils seront plus de 80 à l'été 1944 - qu'il arme grâce à deux parachutages, les 1er et 14 juillet 1944, réceptionnés sur le terrain dit de Nemours (Bois de Saint-Paul). Surtout, il réussit le tour de force de contrôler pratiquement toute la ville de Nemours, en tout cas l'ensemble de son administration. Outre des intelligences à la gendarmerie (gendarme Tanghe), l'essentiel du personnel de la poste est acquis grâce à Mademoiselle Deballe, receveuse. Renée Bisson, affectée au service du téléphone de nuit, met en liaison Piat et Gaillardon, signalant par mot de passe que la ligne est libre et surtout ne laisse aucune trace écrite des communications. Grâce à Marcel Maréchal, le plus ancien des facteurs, le courrier adressé aux autorités allemandes est ouvert. La Résistance a recruté une dizaine d'hommes à la gare : s'ils sont responsables techniquement de leurs propres sabotages, Piat leur fournit des Clams, boîtes explosives aimantées pour la destruction des locomotives. Piat a également pu obtenir de Lapierre la destruction de fiches de douane et l'envoi de wagons de marchandises vers les directions les plus aléatoires. A l'hôpital, grâce à Andrée Doremus, infirmière en chef et à la supérieure des religieuses, on a mis en place un relais téléphonique, dissimulé le "service Corvisart" destiné à soigner les blessés dans la perspective des combats de la Libération. Le groupe de Marceau et les deux autres, Maisons et Fabry, qu'il a armés, déclenchent guérilla et sabotages, des écluses notamment, en juillet et août 1944. Ils participent dans le même temps à la libération et à la défense de Nemours. Il s'agit essentiellement, en dépit des arrestations d'otages, de conserver les ponts intacts, comme à Souppes, jusqu'à l'arrivée des Américains dans l'après-midi du 23 août. Piat fait arrêter une quarantaine de personnes et met sur pied le CLL de Nemours avec Barbey, Coutris, Mahieu, Paquet, Tillou et lui-même.


Dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.