Femme tondue à Paris

Légende :

Une femme tondue, encadrée par des FFI, est exhibée devant la population parisienne

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © IHTP, ARC 077 - Fonds Massé-Alékan Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Sans date [août 1944]

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Près de 20.000 femmes ont été tondues sur l'ensemble du territoire national. Si l'on rapporte ce nombre à la population des départements de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, prés de 3.300 femmes auraient été ainsi châtiées en région parisienne. Cet événement répété dans tous le pays a été vécu par des millions de Françaises et de Français de tous âges et de toutes conditions. Il fut une manifestation de la reconstruction d'une identité nationale mise à mal par la défaite et l'Occupation. Après quatre années d'humiliation, de faillite d'un masculin incapable d'avoir défendu ses fils et ses compagnes en mai-juin 1940, la reconstruction nationale s'appuya sur un patriotisme et une fierté retrouvée. Alors que les femmes avaient depuis l'ordonnance du 21 avril 1944 le droit de vote, c'est-à-dire l'accès à la citoyenneté politique, les tontes furent une manière de leur rappeler qu'elles n'en étaient pas pour autant maîtresses de leur corps. Dans le long cheminement vers une émancipation féminine, la Libération est un moment ambivalent. Il y fut proclamée l'égalité politique des hommes et des femmes en même temps que mise en scène la domination du corps ces dernières.

C'est bien une violence sexuée qui s'exerce en ces heures. Elle ne s'applique qu'à l'encontre de femmes (à de rares exceptions) parce qu'elles sont des femmes et non pour une collaboration sexuelle. De plus la tonte ne présage en rien de leur sort. Elles peuvent ensuite être relâchées, internées, déférées devant les tribunaux, voir exécutées (ce n'est pas le cas à Chatou). La tonte est un châtiment supplémentaire appliqué aux seules femmes. La chevelure est un symbole de l'appartenance sexuelle également attribut de la séduction. À travers les âges et dans de nombreuses sociétés humaines la coupe des cheveux est un châtiment de l'adultère. Elle prend à la Libération également une dimension de prophylaxie symbolique. Il faut purifier le pays comme le dit aussi le mot épuration. Ainsi le corps des femmes devient une métaphore du territoire national qu'il s'agit de nettoyer de la souillure laissée par l'occupant. 


Fabrice Virgili in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004