André Vincent-Beaume vers 1950

Légende :

André Vincent-Beaume habitait au 45 rue de la République à Bourg-de-Péage. Il était professeur au Collège technique de Romans-sur-Isère. Ancien combattant volontaire de la guerre de 1914-1918, il est mobilisé comme capitaine au DI 144 en 1939-1940. Pendant la Résistance, il a joué un rôle majeur dans la Drôme et a assumé des responsabilités multiples. Il a, après la guerre, été correspondant pour la Drôme du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © Collection de madame Mauricette Vincent-Beaume, sa belle-fille Droits réservés

Détails techniques :

Photographie d’identité argentique en noir et blanc, 5,3 x 4,8 cm.

Date document : vers 1950

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

André Vincent-Beaume est né le 19 juin 1896. Admis en 1912 à l’École normale d’instituteurs, il interrompt ses études et s’engage comme volontaire pour la guerre. Il est titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre. Vincent-Beaume revient à l’École normale en 1918 d’où il sort en 1920. Cette « longévité » dans l’établissement lui a fait côtoyer plusieurs promotions de normaliens. Il avait certainement pris de l’ascendant sur les plus jeunes, vu son âge et son passé de combattant décoré. Il y a rencontré notamment Archinard, Ferroul, Machon qui seront plus tard ses compagnons de lutte. Ces instituteurs et d’autres plus jeunes, comme André Cotte ou Gustave Ferlin, ont milité par la suite au Syndicat national des instituteurs. Ils participent à la souscription pour soutenir les grévistes sanctionnés du 30 novembre 1938. Tous ces enseignants se retrouveront dans la Résistance. La plupart d’entre eux participent à la réunion de Darbounouse des 10 et 11 août 1943 rassemblant les responsables civils et militaires du Vercors. La délégation accompagnant Vincent-Beaume comprend sept instituteurs et trois professeurs. Les quatre « chefs de section » de la compagnie initiale de Romans sont aussi recrutés parmi eux. 


André Vincent-Beaume est décédé en 1985.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

En septembre 1941, André Vincent-Beaume est contacté par un de ses collègues, Albert Triboulet, professeur d’italien, à l’école pratique et au collège de Romans, socialiste, franc-maçon, ayant déjà des responsabilités et qui deviendra le chef de district dans l'organisation qui deviendra les MUR (Mouvements unis de la Résistance) de Romans. Il lui demande d’être chef de secteur des cantons de Bourg-de-Péage et Saint-Donat-sur-l’Herbasse.

Début mai 1943, André Vincent-Beaume est chargé du ravitaillement des camps du Vercors, responsabilité qu’il assure jusqu'à la fin novembre 1943. Il est alors nommé intendant général des camps par le commandant Le Ray ("Rouvier") et par Eugène Samuel ("Jacques").

En juillet 1943, il est chargé par le commandant "Rouvier" du recrutement des volontaires, de leur équipement individuel, de la mise au point du plan de mouvement et des moyens de transport pour se rendre sur le massif. Il étudie la mise en état de défense de la partie sud-ouest du massif du Vercors (de Combe-Laval au Col de Rousset) et recherche le matériel nécessaire.

Du 1er septembre 1943 au 31 mai 1944, il est incorporé dans le réseau Nestlé-Andromède sous l'indicatif RC 77 comme chef du secteur Drôme-Ardèche par "Nestlé", chef de réseau. Il est chargé de créer et de faire fonctionner le réseau, d’organiser une équipe chargée des émissions, de rechercher des terrains de parachutages et d’atterrissages.

« Il s’acquitte de ses charges avec maestria, faisant stocker vivres, blé et vin sur le plateau, "convaincant" des industriels locaux de céder des centaines de paires de chaussures et s’assurant de l’accord du directeur de la Banque populaire de Romans, Bonnardel, pour le financement, divisant "sa" compagnie en quatre sections, chaque volontaire devant conserver prêt en permanence son matériel individuel (chaussures, chandail, couverture, gamelle, couvert, bidon) ; un plan de feu est établi pour le secteur que doit occuper la compagnie, ainsi que des pancartes indicatrices destinées à être "clouées aux arbres" (Gilles Vergnon).

En octobre 1943, M. Méjean, inspecteur d'académie, l'avisa qu'on avait demandé sa révocation. Cottavoz de Romans, Carmet de Saint-Michel-sur-Savasse et Trapier de Saint-Martin-en-Vercors, relâchés par la Gestapo de Lyon, lui rapportèrent qu'on les avait interrogés à son sujet. À la même période, il avait été avisé par le préfet de la Drôme, par l'intermédiaire du docteur Eynard, maire de Bourg-de-Péage, et de M. Lassarat, adjoint, qu'il devait cesser son activité dans le canton de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, ayant été dénoncé. Par la suite, il le fit avertir à deux autres reprises, des dangers qui le menaçaient.

En 1944, il est nommé chef du Deuxième Bureau du Vercors. Il crée alors différents services :
1) Renseignements militaires.
2) Renseignements civils.
3) Tribunal et commission d'enquête.
4) Camp de concentration et de prisonniers de guerre.
5) Service des autorisations de circuler ou de quitter le "Plateau".
6) Prévôté et gendarmerie.
7) Compagnie de discipline.
8) Place de La Chapelle (garnison, DCA, etc.)

Pour remplir ces missions, André Vincent-Beaume a dû cesser toute activité professionnelle au collège technique de Romans de juin 1943 à la Libération. Pour des raisons de sécurité, il a dû quitter son domicile à trois reprises. Les 16 et 17 avril 1944, la Milice est venue pour l'arrêter afin de l'interroger et a perquisitionné chez lui. Avisé par la gendarmerie, il était absent. Le 9 juillet 1944, la Milice a tenté d'arrêter Mme Vincent-Beaume et son fils Pierre. Renseignés par le commissariat de police de Romans, ils purent partir juste à temps. Le 4 août 1944, un détachement de l'armée allemande, venu à Saint-Nazaire-en-Royans, a pillé son logement et brisé ses meubles.

Après la guerre, il est désigné comme correspondant pour la Drôme du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et a, à ce titre, rassemblé des centaines de documents, photos, témoignages qu’il a dactylographiés, a établi des chronologies précises et dressé des cartes.

Il a été promu dans l’ordre de la Légion d'honneur.


Auteurs : Jean Sauvageon. Patrick Martin.
Sources : ADD Valence, fonds Vincent-Beaume, état des services d’André Vincent-Beaume. Thèse de Patrick Martin. Gilles Vergnon, Le Vercors. Histoire et mémoire d’un maquis. Les éditions de l’atelier.