Odette Malossane (« Etty »)

Légende :

Le souvenir d'Odette Malossane demeure très fort dans la mémoire résistante drômoise.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © AERD, Collavet, Chronique du Vercors. Le Vercors par ceux qui l’ont vécu, p. 302. Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Portrait d’Odette Malossane Odette (« Etty »).


Contexte historique

Née le 27 juillet 1919 à Clérieux (Drôme), dans le bâtiment de l'école publique qui est devenu la mairie, et dont la salle de réunion porte désormais le nom, Odette Malossane, après son Brevet, poursuit ses études dans une institution américaine en Normandie et en sort avec un diplôme de puéricultrice. À Paris, elle obtient le diplôme d’État d'infirmière. Elle étudie la psychologie infantile à Lyon en 1943 et devient assistante sociale auprès du tribunal de Valence.

Dès décembre 1943, Odette avait été associée par hasard aux actions de combat, se trouvant appelée comme infirmière au secours des blessés allemands du train saboté par la Résistance à Vercheny. Elle accomplit parfaitement son devoir humain en soignant les soldats allemands brûlés par les braseros de leurs wagons déraillés.

Comme son oncle Benjamin, chef civil du Royans et du sud du Vercors, Odette Malossane s’engage dans la Résistance. Les maquisards ont installé un hôpital à Saint-Martin-en-Vercors, elle y arrive le 10 juin 1944 et est nommée infirmière major. Très vite, tout le monde l’appelle par son surnom, « Etty ».

« Dès mon arrivée - raconte Suzanne Siveton, l’une des infirmières - on me conduisit à l’infirmière-chef et je fus heureusement surprise de me trouver en face d’une belle et agréable jeune fille qui m’accueillit simplement, le sourire aux lèvres. Une main ferme serrait la mienne et déjà, elle m’entraînait de chambre en chambre entre des lits blancs où reposaient les blessés. Dès l’apparition de la blouse et du voile blanc d’Etty, je voyais les têtes se soulever de l’oreiller, le rictus de la douleur faisait place à un bon sourire. Elle s’approchait d’un lit, posait sa main fraîche sur un front brûlant. Quelques paroles d’encouragement, et la figure crispée du malade se détendait. Je sentis quelle confiance les blessés avaient en elle et combien sa présence auprès d’eux était douce ».

Le 14 juillet, après l’énorme parachutage allié sur Vassieux, les avions allemands viennent aussitôt bombarder le village et le terrain d’atterrissage, ainsi que La Chapelle-en-Vercors. Des blessés arrivent à l’hôpital, Odette organise leur réception et les premiers soins avec les infirmières, elle passe la nuit à assister les médecins dans la salle d’opérations, reprenant son travail le lendemain, pratiquement sans repos.

Lorsque, à partir du 21 juillet, les planeurs ennemis atterrissent à Vassieux et que le combat fait rage, "Etty" part avec les docteurs sous le mitraillage des avions à croix noire... Devant la montée des Allemands au Vercors, l’hôpital de campagne de Saint-Martin doit se replier vers le sud. Blessés, malades et leurs soignants, 122 personnes, s’embarquent donc dans un car, deux camions et une voiture et prennent la direction de Die où ils arrivent au petit matin du 22 juillet. Mais le mère supérieure ne peut que leur déconseiller de rester : les Allemands approchent par la vallée de la Drôme et vont entrer dans la ville. Le docteur Ganimède décide alors de remonter sur le « plateau » et de cacher tout son monde dans la grotte de la Luire repérée la veille sur la commune de Saint-Agnan-en-Vercors. Une bonne cachette, dont l’entrée n’est pas visible de la route et où l’on n’accède que par un sentier sous bois difficile à trouver. Tous les blessés sont brancardés de nuit au flanc de la montagne. On monte aussi le matériel sanitaire et le ravitaillement. Les porteurs buttent à chaque pas sur les cailloux du mauvais sentier. Les blessés, souffrant à chaque secousse, étouffent leurs plaintes. Cependant, on peut installer tout le monde sous le porche, parmi les rochers, en évitant les aspérités douloureuses du sol et les suintements d’eau du plafond. Par prudence, les plus valides des hospitalisés sont invités à rejoindre Romans ou Die ou à se terrer dans les environs.

« Il faut s’organiser dans cet asile, pourvoir aux soins et à la nourriture de nos blessés. "Etty" se dépense sans compter. Mais c’est chose difficile dans cette grotte profonde, semée de cailloux croulants, avec un bruit qui allait se répercutant jusqu’à l’entrée. Il fallait lutter contre la froide humidité de l’eau suintant du roc. Et la nuit venue, c’est à tâtons qu’il fallait nous diriger vers nos blessés : aucun éclairage n’était possible, car les boches circulaient à nos pieds dans la vallée. Des blessés arrivaient encore. Le docteur Fischer assisté d’"Etty" fit deux opérations dans la cuisine d’une ferme proche... » Imaginez les difficultés que rencontraient ces jeunes infirmières volontaires du maquis : locaux de fortune, matériels sommaires, médicaments rares. "Elles furent admirables", dit Louis Bouchier, "Etty" peut-être plus, par les responsabilités qui découlent de sa fonction. Elle refuse la proposition de Richard Marillier et ses compagnons de la conduire vers un abri plus sûr.

Le 27 juillet, jour des 25 ans d’Odette Malossanne, les Allemands découvrent le refuge que l’on croit protégé par une grande croix rouge à l’entrée : un détachement de la Wehrmacht conduit par un sous-officier arrive devant le porche de la grotte. « Alors ils les font sortir tous, même les civières. Ils menacèrent le corps médical et fusillèrent à bout portant les blessés, sauf deux Américains, et emmenèrent médecins et infirmières. Ainsi finit l’hôpital du Vercors ». Malgré les prières des quatre prisonniers blessés de la même unité, soignés avec les Français, la plupart des occupants de la grotte vont être abattus sur leurs brancards, soit au bas du sentier, soit à la prison de Rousset, soit à Grenoble. Quelques-uns réussiront à s’évader. Les docteurs et infirmières, épargnés pour l’instant, sont poussés vers le campement allemand. "Etty" et ses camarades apprendront la fin atroce de leurs « petits », et passeront leur première nuit en prison à les pleurer. On les conduira le lendemain à Grenoble. Trois ou quatre pourront s’échapper, mais d’autres seront retrouvés plus tard dans le charnier du Polygone.

Les sept infirmières, comme la plupart des Drômois arrêtés, sont emmenées à la prison Montluc, à Lyon. Elles sont installées dans le réfectoire des femmes jusqu’au 11 août. Ce local abrite une soixantaine de femmes. C’est un bâtiment vétuste, étouffant en juillet à cause de la chaleur et du manque d’air. Faute de couvertures en nombre suffisant, les détenues couchent tout habillées, sur les paillasses aplaties, déchirées, sales de leurs châlits à deux étages. L’unique seau hygiénique et l’entassement répandent une odeur insoutenable. Le matin, on fera la queue pour se rendre dans le seul WC sous le préau. C’est de là que Odette Malossane écrit à sa mère : « Ne vous inquiétez pas, tout va bien, le moral est bon ».

Le 11 août 1944, Lyon est sous les bombes, la libération de la ville est proche. Mais à Montluc, un transport se prépare. Ce convoi, le train n° 14 166, part de Lyon-Perrache le 11 août 1944. Il revêt un caractère assez particulier car il est composé de 9 wagons de troisième classe, en compartiments de huit places et c’est une chance exceptionnelle d’échapper au wagon à bestiaux ; de plus, il comprend, sans les mêler, hommes et femmes, juifs et non juifs, entassés séparément dans les wagons. Tous, hommes et femmes, sont des résistants arrêtés dans la région, surtout le Rhône, l’Isère et la Drôme (12 %) et détenus à Montluc. Les Drômois ont été pris essentiellement à Montélimar ou son voisinage. Chaque wagon est gardé à ses deux extrémités par un soldat. Les fenêtres sont fermées avec du fil de fer, les rideaux baissés. Défense d’ouvrir malgré la chaleur, mais les femmes désobéissent et prennent le risque.
Il était prévu de diriger d’abord ce train sur Paris, mais l’avance des armées alliées ne le permet plus. Il passera donc, mais difficilement puisqu’il lui faut une semaine pour atteindre la frontière, par Mâcon, Chalon-sur-Saône, un demi-tour au nord de Dijon, deux jours sur une voie de garage à Vittel où, après quatre jours sans manger, les déportés reçoivent de la soupe, puis Épinal, Belfort et Strasbourg. Le train est obligé à de nombreux arrêts pour réparations de voies sabotées par les maquis. Les infirmières de la grotte de la Luire ne passent pas inaperçues dans ce train et Béatrix de Toulouse-Lautrec, dans le wagon voisin, les entend chanter : « Du compartiment voisin du nôtre, s’envolent des chansons scoutes, des vieux airs français, chantés à plusieurs voix. C est très joli. Ce sont les infirmières du Vercors : elles sont huit. C’est Cécile, l’infirmière-major. De tout le wagon, ce sont les plus sympathiques, les plus jeunes et les plus gaies. Elles ont été en prison à Grenoble et transférées à Montluc, il y a peu de jours. Elles nous content de merveilleuses histoires sur leur vie au Vercors. […] Toutes ces filles sont gaies, prennent les choses du bon côté, décidées à ne se laisser abattre par rien. Elles chantent… »

Arrivé à Strasbourg ou Sarrebruck, le train est coupé : les wagons contenant environ 350 Juifs, hommes, femmes, enfants, sont accrochés à un train en partance pour Auschwitz. Le 18 août, deuxième raccourcissement : 222 hommes non juifs descendent en gare de Rothau et gagnent, avec huit kilomètres de marche, le camp de Natzweiler-Struthof. Certains ont leurs épouses dans le train et leur crient un dernier adieu. Les femmes voient le cœur serré ce troupeau d’hommes s’éloigner dans le bois. Alors, elles entonnent La Marseillaise et Ce n’est qu’un au revoir. Il reste 64 femmes qui, depuis longtemps, n’avaient qu’un verre d’eau pour leur toilette : elles obtiennent la permission de se laver dans une petite rivière proche de leur arrêt, au pied d’une usine. En quatre groupes d’une quinzaine, elles peuvent faire une bonne toilette et recueillir des aliments que les ouvrières de l’usine leur font passer. Encore nues, elles ne pourront échapper aux regards concupiscents et moqueurs de quelques SS.
Après avoir tourné en rond quelques jours, le train finit pas franchir la frontière le 18 août au pont de Kehl. « Je crois que les infirmières du Vercors ont entonné La Marseillaise et Ce n’est qu’un au revoir, avant de quitter le sol de France », écrit Béatrix de Toulouse-Lautrec. Elles sont emmenées jusqu’à Berlin, puis au KL de Ravensbrück où elles parviennent enfin le 22 août, au terme de onze journées d’un voyage épouvantable au cours duquel déjà de nombreuses prisonnières sont mortes. Après quatre heures d’attente en rangs par cinq sous le soleil, elles marchent en pleine forêt de sapins rabougris, de la gare de Fürstenberg au camp avec leurs valises. Un long chemin pour des femmes épuisées par le voyage, certaines âgées, malades, souvent abîmées par les interrogatoires. Au passage, elles remarquent quelques beaux chalets, ceux des femmes SS, avec jardins, pelouses, fleurs. Elles sont immatriculées le 15 août après leurs compagnes parties dans le convoi suivant, mais arrivées avant elles.
Les femmes de Ravensbrück sont employées dans les usines de Leipzig, dans les mines de sel de Bendorf et de Barth dans la Baltique, à la construction des routes et des terrains d’aviation à Kœnigsberg, à Markleeberg, dans l’usine de munitions de Torgau, au déblaiement de voies ferrées, etc. Quatorze Drômoises, dont les sept infirmières de la Luire, sont parmi les 500 Françaises qui sont affectées aux usines de munitions de Torgau. Le 4 septembre 1944, elles partent dans les habituels wagons à bestiaux, entassées à coups de cravache, de pied, de schlague. Dès que le train roule, elles entonnent La victoire en chantant… . Après le passage la nuit suivante à Berlin, c’est l’arrivée, la marche, sous la garde de soldats de la Wehrmacht, assez complaisants pour les laisser manger des pissenlits au bord de la route, jusqu’à l’usine dans la forêt, entourée de barbelés. Mais leurs tentatives de révolte et de sabotage sont vaines. Il s’agit là de travailler dans une poudrière souterraine. Elles refusent de récupérer des vieilles douilles, de tourner des obus et les remplir de poudre des obus qui seront envoyés sur les amis qu’elles ont quittés, disant aux Allemands : « Nous ne ferons que des travaux étrangers aux productions de guerre ».
« Le commandant de Buchenwald lui-même se dérangea avec tout son état-major pour venir nous insulter, déclarant qu’il nous montrerait que nous étions des bagnardes », écrit Alice Curateau. Deux jours après, la moitié du groupe, les irréductibles dont Etty Malossanne, revenaient à Ravensbrück. Dix jours de représailles, dix jours d’enfer. Les femmes de ce groupe sont ensuite transférées en Poméranie, au Petit-Koenisberg, kommando disciplinaire de Ravensbrück « entassées dans une sorte de salle des fêtes où elles mouraient les unes après les autres». Odette Malossane n’avait pas vocation à niveler le terrain d’aviation du Petit Kœnigsberg avec quelques-unes de ses camarades : « Notre travail – un travail qu’il faut avoir fait pour sentir combien il était au-dessus de nos forces de femmes et de jeunes filles – a été de construire une piste-aérodrome en pleine forêt, témoigne Denise Marin-Rougé. Nous avons déraciné les arbres et pioché dans le sable, devenu du roc glacé par - 30°. Au début nos forces nous ont permis de fournir jusqu’à dix-huit et dix-neuf wagons de sable. Peu à peu notre travail, même accéléré par quelques coups de bâton, n’a plus donné de rendement. À la fin, nous pouvions à peine érafler le roc glacé ».
Le froid faisait partie de la procédure d’élimination et avait été un des critères de détermination des emplacements de camps au nord de l’Allemagne ou sur les versants alpins. Des températures inférieures à – 20° sont souvent citées dans les témoignages. Les déportés n’ont alors même plus la force de remuer pour lutter contre le froid qui les envahit. Aucun n’a oublié les appels prolongés dans un vent glacial, les courants d’air dans les tunnels, le travail avec les doigts gourds, la manipulation d’objets métalliques collants sous l’effet du gel, les déblaiements de neige sur les voies ferrées, aussitôt à recommencer tant la bourrasque était violente, les vêtements très minces n’assurant aucune protection efficace contre le froid, le dortoir où l’on ne peut dormir, avec une seule couverture généralement déchirée, et les fenêtres ouvertes… par hygiène. « Réveil à 3 heures, appel jusqu'à 6 heures, ensuite travail toute la journée, par tous les temps, avec une simple robe, par -30° », disait Odette Malossane.
Pour tout repas, une « vague soupe de rutabagas servie sous la pluie, la neige ou le gel, pas d’eau pour nous débarbouiller, la plupart du temps pas de lumière. Nous couchions dans nos vêtements trempés ». Manger était évidemment la première condition de survie. Mais l’encouragement moral était aussi d’une grande importance. Odette Malossane est un exemple pour ses compagnes et n’hésite pas à en appeler à leur patriotisme. « En dépit de tout, notre moral ne baissait pas. En ces moments-là, "Etty" ne me quittait pas, ainsi que deux ou trois camarades avec lesquelles nous faisions un groupe très uni... », témoigne Alice Curateau. Parmi ces femmes à la santé minée lentement, aux forces déclinantes, "Etty" trouvait encore le courage de chanter le « Marchons au feu, camarades ». Elle disait : « Si nous ne revenons pas, nous serons mortes pour que la France vive, nous n’aurons pas complètement disparu, puisqu’il restera le grand idéal pour lequel nous sommes tombées. On ne devra pas nous pleurer, mais surtout réaliser le but qui nous a amenées là. ». Bien que malades, toutes plus ou moins atteintes de dysenterie et dans un état d’épuisement complet, nous ne pouvions nous faire hospitaliser car c’était se prêter aux sélections ».
Le Revier (« hôpital », infirmerie) est dirigé par un médecin SS et un surveillant SS. Ce « médecin » ne l’était pas toujours réellement, un plombier, un menuisier, un cordonnier pouvaient faire l’affaire. Il en était de même pour les infirmiers. Là, dans cette baraque à peine chauffée en hiver, entassées à deux ou trois par lits, dans une promiscuité effroyable, croupissaient presque sans soins et sans médicaments, des malheureuses dont beaucoup s’acheminaient vers la mort, souvent hâtée par une piqûre de pétrole ou d’essence ! La fièvre doit tomber toute seule, l’œdème se résorber après quelques jours de station horizontale. Si l’on est sérieusement malade, on a tout à craindre des « transports noirs » qui frappent les déportés incurables ou inaptes au travail. Au printemps 1945, l’avance des Alliés oblige les Allemands à regrouper les kommandos de travail sur les camps centraux et à replier ceux-ci vers le centre de l’Allemagne. Le Petit Koenisberg revient à Ravensbrück.
« Et nous les avons toutes vues partir, en rangs, cinq par cinq, courbant la tête sous les rafales de neige, toutes, toutes. Yvonne Baratte au beau visage grave, Nanouk au dévouement inlassable, "Etty" rescapée de la grotte de la Luire au Vercors… Elles sont parties à pied, derrière les camions des SS. Nanouk n’est pas allée bien loin, nous avons retrouvé son corps à l’entrée du camp, deux balles dans la tête… Les autres… mortes ou abattues sur la route, et, pour celles qui ont tenu jusqu’à Ravensbrück, la longue agonie sous la tente ». "Etty" revient, véritable loque humaine, disant à ses camarades : « Cette fois c’est fini. Je n’en peux plus ».

« À leur arrivée dans ce lieu maudit,
[…] elles furent entassées sous une tente installée au camp. Sans lits, sans couvertures bien sûr... Sa bonne camarade restée à Ravensbrück, comme infirmière je crois, parvint à approcher la tente, non sans mal certainement, et reconnut "Etty". Elle n’était plus "Etty" du mois de septembre, avec de belles couleurs, mais "Etty", comme nous toutes, transformée en squelette. Nous n’avions plus que les os et la peau. Chacune pesait environ 30 kilos... Cette camarade parvint à lui faire passer un peu de linge blanc (chemise, culotte). Ceci parut si merveilleux à "Etty" qu’elle pleura. Il faut dire qu’à Kœnigsberg nous vivions dans un état de saleté impossible à décrire. De là, cette camarade fit rentrer "Etty" à l’infirmerie... Mais sortant de la tente, et venant de Kœnigsberg, donc considérée comme un personnage dangereux, elle fut expulsée... Deux ou trois jours plus tard, "Etty" est morte sous la tente... ». Ce témoignage permet de préciser les circonstances de la mort d’Odette Malossane. Il a été écrit qu’elle avait été abattue lors du transfert du Petit Koenisberg vers Ravensbrück le 5 février 1945. Elle est morte après l’arrivée à Ravensbrück, selon le Livre-Mémorial, le 25 mars 1945. Sa tombe est à Beaumont-lès-Valence.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Ida Guillet-Malossane, Dis-moi, Mamie, Mémoires d’une grand-mère du Royans-Vercors, éditions à Die/MPT Saint-Jean-en-Royans, 1993. Pour l’ensemble du texte, ont été particulièrement utilisés : Le Vercors par ceux qui l’ont vécu, (témoignages de France Pinhas, de Maud Romana de Cécile Goldet). Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors. P. Escolan, L. Ratel, Guide mémorial du Vercors résistant. Gilles Vergnon, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, Les Éditions de l’Atelier/ Éditions ouvrières, Paris, 2002. Témoignage de Louis Bouchier, Président des Pionniers du Vercors, dans Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des F.F.I. de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, Peuple Libre 1989. Béatrix de Toulouse-Lautrec, J’ai eu vingt ans à Ravensbruck, Perrin 1991. Société d’Histoire du Protestantisme Français, Les protestants français pendant la Seconde Guerre mondiale, actes du colloque de Paris novembre 1992. Christian Bernadac, Kommandos de femmes, éditions France-Empire 1973. La libération des camps. Mémorial de Buchenwald-Dora et kommandos. Fondation pour la mémoire de la déportation, le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, Paris, éditions Tirésias, 2004. Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, Déportés de l’Isère, 1942-1943-1944, PUG, 2005. Collectif, Les femmes dans la Résistance en France, actes du colloque international de Berlin, Tallandier Paris 2003. Micheline Maurel, Un camp très ordinaire, Les éditions de minuit, 1957. Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu, BGA-Permezel, Lyon, 1999. Évelyne Morin-Rotureau, 1939-1945 : combats de femmes, Autrement 2001. Jacqueline Fleury, Madeleine Perrin, Roger Joly dans FNDIR, UNADIF, Bernard Fillaire, Jusqu’au bout de la Résistance, Stock, 1997. Germaine Tillon, Ravensbrück, Paris, Le Seuil, 1973 et 1988. Lise Lesèvre, Face à Barbie, Souvenirs cauchemars de Montluc à Ravensbrück, les nouvelles éditions du Pavillon, Paris 1987. Rosane, Terre de cendres, Ravensbrück et Belsen 1943-1945, Paris, Les œuvres françaises, 1945. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, éd. Peuple Libre / Notre Temps, avril 2006.