Carte des combats de Montclus et de la vallée de l’Aygues

Légende :

Les combats de Montclus et de la vallée de l’Eygues, du 19 au 25 juin 1944, sont une des plus importantes actions de la Résistance drômoise

Genre : Image

Type : Carte

Producteur : Réalisation Alain Coustaury

Source : © AERD, fonds Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Carte numérique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Croquis réalisé à partir du récit tiré du livre Pour l’amour de la France. Les nombreuses cotes d'altitude et les défilés permettent d'apprécier le caractère mouvementé du relief de la zone des combats.

La zone des combats se situe sur le territoire du département des Hautes-Alpes, à quelques kilomètres du département de la Drôme.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Fédération des unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l'amour de la France 1940-1944, Éditions Peuple Libre, 1989, 315 pages.

Contexte historique

Au-delà de son aspect militaire, l'intérêt de cette action est de montrer que la concertation existait entre , d’une part, FTP du Nyonsais et AS du Haut-Diois et, d’autre part, l'AS (Armée secrète) commandée par Jean Abonnenc (Loulet). La compagnie "Morvan" (Félix Germain/"Morvan") a installé son PC dans la gendarmerie de Rosans, Hautes-Alpes. ''Morvan'' a pour adjoints Paul Veyrand (Pavel), Georges Desrolles et Martin, adjudant de gendarmerie. Charbonnel et Berthellot, chefs de section encadrent environ 90 hommes. L'instruction est conduite par les gendarmes en utilisant un matériel médiocre. 

Le 19 juin, ''Morvan'' est prévenu par des complices du central téléphonique de Serres qu'une quinzaine de véhicules allemands, précédés d'une automitrailleuse, se dirigent vers Montclus dans les Hautes-Alpes. Les résistants rejoignent leurs positions. Avant de s'engager dans le défilé, les Allemands tirent une rafale pour démasquer d'éventuels résistants qui ne réagissent pas. Croyant que la voie est libre, le convoi de deux à trois cents hommes pénètre dans les gorges. Les résistants ouvrent le feu, lancent des gammons. Surpris, les Allemands essaient de réagir, s'abritent sur les bas-côtés, dans le lit asséché de la rivière, la Blème. Ce n'est qu'à la faveur de la nuit qu'ils se retirent, emmenant morts et blessés. Le bilan est remarquable, voire exceptionnel pour les actions menées depuis le 6 juin. Il y aurait eu 67 morts et blessés allemands, huit prisonniers. Deux canons anti-chars de 37 mm avec munitions et voitures tractrices sont capturés, ainsi que deux mortiers de 81 mm avec obus, trois mitrailleuses légères MG, 18 fusils Mauser, sept véhicules. Dans une traction-avant Citroën de la Gestapo, les résistants trouvent dix paires de menottes. Elles devaient servir au chef Muttgens, grièvement blessé lors du combat. Les prisonniers, des Polonais, désirent rejoindre leur compagnie pour débaucher leurs compatriotes. Le risque est trop grand pour la Résistance qui refuse leur demande. Les Polonais passent chez les FTP (Francs-Tireurs et partisans). 

Dans la nuit du 19 au 20 juin, Pierre Raynaud ("Alain"), prévenu par ''Morvan'', demande à Jean Abonnenc d'apporter son soutien à ceux de Montclus. Une section, les aviateurs, portant l'uniforme de l'armée de l'Air, sous les ordres de René Capdaspe ("Cap"), rejoint le lieu de l'accrochage. Devant la situation, "Alain" prend les mesures nécessaires. Il constitue un groupe-franc léger, dirigé par un chef de section de chasseurs alpins, Fernand Bernard. Ce groupe est armé de deux FM (fusils-mitrailleurs). Le chef artificier du Génie, Marcel Corréard, de Valdrôme, emporte du plastic. "Alain" s'adjoint les services des agents des lignes téléphoniques de Die. Au lever du jour, Jean Abonnenc arrive à Rosans. Il est mis au courant de la situation par ''Morvan''. Tous deux décident d'envoyer à l'hôpital de Die deux blessés allemands. ''Morvan'' demande à Noël Galloy (Noël) de tenir coûte que coûte à Montclus jusqu'à la Sidi-Brahim (c'est-à-dire jusqu'au bout, dans la tradition des Chasseurs). Les aviateurs rejoignent la position avancée de Montclus. Les chefs sont conscients que cette position ne pourra pas être longtemps tenue. Pour empêcher un débordement par le col des Tourettes, pour éviter la destruction des villages de Rosans et Rémuzat, un barrage est établi à Pelonne. Le pont de Verclause est également miné. 

Le 20, les Allemands contre-attaquent à Montclus. Ayant évalué la veille la force des résistants, ils n'engagent pas le convoi dans les gorges. Ils les débordent, s'établissent sur des positions non tenues par manque d'effectif. Les maquisards doivent se replier en direction de Rosans emmenant quand même les canons pris la veille. En représailles, Montclus est pillé et incendié. Le commandant allemand prévient la population qu'il doit incendier le village, et lui donne deux heures pour sortir ses biens les plus précieux. Le fait est assez rare pour être mentionné. Dans l'après-midi, des renforts FTP de Die sont envoyés à La Charce, une des entrées du Diois. À Pelonne, un barrage anti-char est établi par Corréard. Un volontaire est demandé pour actionner une forte mine quand passera le premier véhicule blindé. Le soir, après le deuxième combat de Montclus, "Morvan" se replie sur Pelonne et Rémuzat. 

Le 21 juin, une avant-garde allemande se présente au col des Tourettes (1 126m), tire quelques rafales et se replie sur Rosans. 

Le 22 juin, sous la pluie, vers 18 heures, les Allemands approchent du barrage de Pelonne. Par maladresse, le préposé à la mine fait sauter celle-ci alors que l'automitrailleuse de tête est encore à cent mètres. Les Allemands peuvent progresser le long de la route, gravir les pentes. La mauvaise visibilité gêne les servants des armes automatiques des défenseurs. Risquant d'être débordés, les résistants décrochent vers 19 heures 30, se replient sur La Motte-Chalancon et abandonnent Rémuzat. Le regroupement s'effectue à La Motte, protégé par le barrage de Cornillon-sur-l'Oule. 

Le 24 juin, les Allemands tentent à nouveau d'avancer vers Nyons. Vers 18 heures, une embuscade, près de Pelonne, à Verclause, est tendue par la 3e compagnie FTP "Morvan" et la compagnie "Veyrand". Elle échoue car les Allemands, aguerris, débordent la position. Les Résistants décrochent vers 19 heures 30. Les Allemands atteignent Verclause. 

Le 25 juin, une compagnie FFI (Forces françaises de l'intérieur) tente une embuscade dans les gorges de Saint-Ferréol-Trente-Pas. Un camion citerne allemand est détruit et deux Allemands tués. Le bilan de ces journées est relativement positif pour la Résistance. Les prises de guerre, notamment les canons de 37 mm sont importantes techniquement et surtout symboliquement. Le combat de Montclus s'inscrit dans la série d'accrochages qui a débuté après le débarquement du 6 juin 1944.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom sur la Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.