Remise de la Croix de la Libération à la ville de Paris

Légende :

Affiche annonçant la remise de la Croix de la Libération à la ville de Paris par le général de Gaulle le 2 avril 1945.

Genre : Image

Type : Affiche

Source : © Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin Droits réservés

Détails techniques :

Affiche imprimée

Date document : 2 avril 1945

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Le 2 avril 1945, la Ville de Paris a reçu, des mains du général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française, la Croix de la Libération. Voici le compte-rendu de la cérémonie publié dans le Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 25 avril 1945.

"Pour cette solennité, la Maison commune avait été revêtue d'une parure exceptionnelle. Au centre de la façade, sur le péristyle auquel aboutissait l'escalier recouvert d'un tapis rouge et or, un dais de velours cramoisi surmonté de la nef symbolique se détachait sur un alignement serré de drapeaux alliés. Un immense anneau blanc portant la devise républicaine et dominé par un bonnet phrygien recouvrait une draperie tricolore. Des oriflammes bâtaient le long de hauts mâts bleus. Partout, où que le regard se posât, ce n'étaient que drapeaux, toutes les fenêtres ayant été décorées des trois couleurs.

Une foule immense, venue de tous les points de Paris et de sa banlieue, était massée dans les différentes enceintes de la place de l'Hôtel-de-Ville et dans toutes les rues adjacentes. Par sa ferveur, son enthousiasme indescriptible, et aussi son recueillement ému, la population avait apporté le plus vibrant témoignage de son enthousiasme patriotique.

A la tribune d'honneur avaient pris place : les membres du Gouvernement, les représentants du Corps diplomatique, le Bureau de l'Assemblée consultative ; M. Louis Saillant, président du Conseil national de la Résistance ; le Bureau de l'Assemblée municipale de la Ville de Paris, le Bureau de l'Assemblée départementale ; M. Soustelle, directeur général des Etudes et Recherches ; M. Joxe, secrétaire général du Gouvernement ; le général Juin, chef d'état-major de la Défense nationale ; les commissaires de la République ; les maires ou les représentants des municipalités de : Nantes, ville déjà titulaire de la croix de la Libération ; Dunkerque, cité filleule de Paris ; Lyon, Strasbourg, Metz, Lille, Rouen, Rennes, Bordeaux, Nice, Amiens, Toulouse, Orléans, Alger et Constantine ; le président de l'Association des maires patriotes de la Seine ; M. André-Jean Godin, secrétaire général de la Préfecture de police ; le colonel Rol-Tanguy, commandant des FFI de Paris pendant l'insurrection ; M. René Brouillet, directeur adjoint du Cabinet du Président du Gouvernement provisoire ; Monseigneur Touzé, représentant l'Archevêché de Paris ; le pasteur Boegner, représentant du culte protestant ; M. Julien Weil, représentant de la religion israélite et Ben Kalifa, iman de la Mosquée de Paris.

A 16 heures, des remous dans la foule, une immense rumeur, des acclamations frénétiques, enfin, annoncent la venue du cortège officiel. Précédé d'une minute par M. Charles Luizet, préfet de police, le général de Gaulle descend de voiture, suivi par MM. Tixier, ministre de l'Intérieur ; Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères ; Parodi, ministre du Travail ; l'amiral Thierry d'Argenlieu, chancelier de l'Ordre de la Libération et M. Palewski, directeur du Cabinet du Président du Gouvernement provisoire.

Le cortège est accueilli par M. André Le Troquer, président du Conseil municipal, autour duquel sont groupés M. Robert Betolaud, syndic ; M. Georges Marrane, président de l'Assemblée départementale provisoire ; M. André Tollet, président du Comité parisien de Libération ; M. Marcel Flouret, Préfet de la Seine ; le général Koenig, gouverneur militaire de Paris et le général Leclerc.

Le général de Gaulle est salué par les cris délirants de la population venue l'acclamer et lui dire sa joie de l'hommage rendu à la Cité.

Accompagné des membres du Comité de réception, le Président du Gouvernement provisoire gravit l'escalier et se rend dans la salle des Prévôts, toute illuminée, où il signe le Livre d'or de la Ville de Paris, avec le stylographe d'or qui ne servira que pour ce jour historique.

Ensuite, le général de Gaulle sort de la salle de Prévôts et prend place sous le dais de velours rouge où M. Le Troquer, président du Conseil municipal de Paris, prend la parole pour le saluer au nom de l'Assemblée et de la population parisienne. (…)

De très longs et vifs applaudissements accueillent les paroles de M. André Le Troquer et, à son tour, le général de Gaulle, acclamé par la foule frémissante et profondément ému par les manifestations d'enthousiasme, prononce son discours. (…)

Les applaudissements qui, à plusieurs reprises, ont interrompu le général de Gaulle pendant son discours, reprennent alors, mêlés aux acclamations sans fin adressées au Chef du Gouvernement.

M. André Le Troquer présente alors au général de Gaulle le coussin armorié de la Ville de Paris, déjà revêtu de la croix de la Légion d'Honneur et, depuis 1919, de la croix de guerre. Aux mots "Paris, nous vous reconnaissons comme notre compagnon pour la libération de la France", le général de Gaulle, après avoir pris la croix de la Libération des mains de l'amiral Thierry d'Argenlieu, chancelier de l'Ordre de la Libération, l'épingle sur le coussin. Puis dans un geste qui accentue le caractère émouvant de cette cérémonie, le Président du Gouvernement provisoire de la République donne l'accolade à M. André Le Troquer.

Dans le même moment, le voile tricolore qui cachait le centre de l'immense rosace blanche suspendue au fronton de l'Hôtel de Ville tombe et découvre l'insigne que Paris maintenant portera comme le signe triomphal de sa résistance et de sa victoire.

Le général de Gaulle, selon une habitude qui est devenue bien chère aux cœurs des Français, entonne avec la foule l'hymne national, et nulle mémoire n'est prête à oublier les accents vibrants de cette Marseillaise chantée par toute une population.

Pendant le défilé qui termine la cérémonie, les acclamations ne cessent pas et l'émotion et le bonheur transfigurent tous les visages.

Paris, en cette fin d‘après-midi d'avril, Paris, ville généreuse, ville rayonnante, a reçu la récompense des sacrifices de ses enfants et de sa confiance, qui n'a jamais faibli, dans son destin de liberté.

Au cours de la réception qui a eu lieu à l'issue de la cérémonie, dans les salons de l'Hôtel de Ville, réception à laquelle ont été conviées un grand nombre de personnalités, M. André Le Troquer et M. Betolaud, syndic du Conseil municipal, ont reçu les félicitations qui leur ont été adressés pour l'organisation de la cérémonie."


Sources :
Archives du Musée de l'Ordre de la Libération (Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, n°96, 25 avril 1945).