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Extrait des minutes du greffe de la section spéciale d'Aix (Stéphane Fuchs)

Légende :

Extrait des minutes du greffe de la section spéciale d'Aix mentionnant le jugement prononcé le 10 mars 1942 à l'encontre de Stéphane Fuchs.

Genre : Image

Type : Document judiciaire

Source : © Archives départementales de Lot-et-Garonne, 940W56 Droits réservés

Détails techniques :

Une feuille recto-verso

Lieu : FranceBouches-du-Rhône - Aix-en-Provence

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Analyse média

Le 10 mars 1942, la section spéciale d'Aix déclare Stéphane Fuchs coupable d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat et le condamne à trois ans de prison. Ecroué le 18 décembre 1941, cette date marque le commencement de sa peine.


Contexte historique

Né le 1er octobre 1906 à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), Stéphane Fuchs est issu d’une famille aisée d’origine alsacienne et protestante, apparentée à la famille Boegner. Stéphane choisit, comme son père, d’épouser la carrière médicale et sa formation intellectuelle doit beaucoup au pasteur Boegner, ainsi qu’à son frère, André, pasteur à Strasbourg. Marié et père d’un enfant, externe aux hôpitaux de Paris de 1928 à 1932, il exerce durant cette période successivement dans plusieurs hôpitaux : Saint-Antoine (1928), La Rochefoucauld (1929), Charité puis Enfants malades (1930), Laennec (1931), Saint-Louis (1931 et 1932). Il soutient sa thèse et obtient son diplôme de docteur en médecine le 7 juillet 1932. Il est également diplômé en biologie. 

Mobilisé le 12 septembre 1939 à l’ambulance médicale d’armée n°93 de Marseille, il est ensuite transféré comme médecin-lieutenant au 6e régiment de tirailleurs marocains le 11 janvier 1940. Démobilisé le 5 septembre 1940 à Bourg, il rejoint la Résistance dès la fin de l’année 1940. Officier des FFL, il s’engage comme agent de renseignement au sein du réseau franco-polonais F2 sous le pseudonyme « Gynécologue ». 

Ses activités clandestines le conduisent alors à Nice où il est arrêté le 22 décembre 1941. Jugé par la section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, il est condamné à trois ans de prison le 10 mars 1942. Il arrive à Eysses le 15 octobre 1943 après avoir été incarcéré à Aix , au fort Monluc à Lyon puis à Nîmes. 

A Eysses, une organisation se met en place au sein des internés. Le directeur de la prison accepte de rencontrer régulièrement les deux délégués désignés par les détenus politiques : Stéphane Fuchs et Henri Auzias. Ceux-ci lui présentent les doléances des détenus. Auzias et Fuchs s'imposent alors comme les leaders du collectif d'Eysses. Après la tentative d’insurrection collective du 19 février 1944, Stéphane Fuchs est retenu comme otage au quartier cellulaire de la centrale. De tendance gaulliste, il théorise l'esprit de résistance qui l'anime dans un texte qu’il écrit alors qu’il est détenu au quartier cellulaire d’Eysses, intitulé "perdons-nous notre temps en prison ?". 

Le 30 mai 1944, il est livré aux Allemands avec ses co-détenus puis déporté le 2 juillet 1944 de Compiègne à Dachau dans le convoi dit « train de la mort ». Au moment du départ pour l'Allemagne, les anciens d'Eysses parviennent à rester groupés (une trentaine dans un wagon, une vingtaine dans un autre). Ils organisent la répartition des vivres et de l'eau, se préoccupent de l'hygiène, grâce notamment à l'autorité des deux médecins du groupe, Paul Weil et Stéphane Fuchs. Les deux hommes réussissent à imposer la discipline entre les déportés. La solidarité entre les Eyssois a sans nul doute joué et elle explique, en partie, une relative sous-mortalité à l'intérieur de ce groupe. Arrivé à Dachau le 5 juillet 1944, Stéphane Fuchs est transféré à Natzweiler le 22 juillet 1944 puis dans les camps du Neckar où il restera jusqu’en mai 1945. 

Il a été homologué chargé de mission de 3e classe avec le grade de sous-lieutenant au titre du réseau F2. A son retour de déportation, Stéphane Fuchs devient le premier président de l’amicale des anciens d’Eysses. Spécialisé dans la médecine du Travail et l’hygiène industrielle, il devient expert et chargé de mission au Bureau international du Travail à Genève. Décédé le 4 octobre 1970 à Paris, il fut incinéré au crématorium du cimetière du Père-Lachaise.


Auteur : Fabrice Bourrée 
Sources : Assistance publique hôpitaux de Paris : fiche de scolarité
Service historique de la Défense, dossier individuel d’officier (médecin lieutenant) 
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains 
Archives départementales Bouches du Rhône : arrêt condamnant Stéphane Fuchs 
Archives départementales Lot-et-Garonne : registre d’écrou et dossier individuel de détention 
SIR Arolsen 
FNDIRP 
Archives de l’Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses