Attestation de Jacques Plessis en faveur de Michel Guillerm

Légende :

Attestation de Jacques Plessis, ex-commandant départemental des FTP de Charente-Maritime, en faveur de Michel Guillerm, mai 1953.

Genre : Image

Type : Attestation

Source : © Service historique de la Défense, DAVCC (Caen) Droits réservés

Détails techniques :

Document tapuscrit

Date document : 20 mai 1953

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime - La Rochelle

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Contexte historique

Par cette attestation, Jacques Plessis confirme l'appartenance de Michel Guillerm au détachement Liberté des FTP de Charente-Maritime.

Le détachement Liberté est créé fin 1941 à l'initiative d'André Sautel et sous la responsabilité d'André Dufour, ingénieur des Ponts-et-Chaussées et responsable du Parti communiste clandestin. Le groupe est décimé à la suite de la trahison de son chef Ferdinand Vincent arrêté en août 1942. Responsable de l'anéantissement du détachement, il l'est également de la chasse donnée à Oscar Martin par la Gestapo et de son suicide. Retourné par les Allemands, Vincent se met au service du commissaire Poinsot et de Dhose, chef de la Gestapo de Bordeaux, et devient dans le Bordelais, l'agent n° 156.

Le détachement Liberté est reconstitué en décembre 1942 sous l'impulsion de l'interrégional Deshuis et du chef régional Eugène Bobinec. Paul Manauthon responsable régional et Emile Tixier, tous les deux membres de l'état-major départemental, en prennent la direction après l'arrestation de Bobinec et le démantèlement de son état-major. Emile Tixier recrute principalement à la SAMA, parmi les réfractaires au STO et il place le détachement sous l'autorité directe de Guy Gauthier. Informations et consignes, endoctrinement se transmettent lors de rencontres fortuites dans les parcs, sur l'esplanade ou dans un bar de la rue de la Sardinerie, "innocentes" conversations sur des bancs publics. Indépendant de Bobinec, le détachement échappe aux arrestations du printemps 1943 mais pour peu de temps. Il est décimé à l'automne à la suite à l'accrochage meurtrier de l'avenue Guiton qui a provoqué la mort de Manauthon et l'arrestation de Emile Tixier. Dix huit arrestations sont opérées et concernent pour la plupart des jeunes de 17 à 22 ans dont Michel Guillerm et Jean Matifas. De nouveau reconstitué en décembre 1943 par Jacques Plessis, il devient un des éléments de la compagnie Guérit commandé par Henri Fouillen après son retour de Bordeaux dans l'hiver 1944.

Le signataire de l'attestation, Jacques Plessis, alias commandant "Marcel", est né le 21 juin 1921 à Cartigny dans la Somme. A 15 ans, il donne son adhésion au mouvement des Jeunesses communistes (JC) et y milite activement pour assurer la solidarité au peuple espagnol et aux combattants des Brigades internationales, puis ensuite contre la trahison de Munich. Jacques a 18 ans, ses aînés sont mobilisés pour la drôle de guerre et il faut mettre à l'abri le matériel du Parti pour pouvoir continuer à s'exprimer. Avec son organisation des JC, il va contribuer à "planquer" papier, machines à écrire et ronéos dans différents secteurs de la région parisienne. Il faut aussi reconstituer les cellules démembrées par la mobilisation et les premières arrestations, puis c'est l'enchaînement. Jacques, avec les JC, va s'employer à récupérer les armes abandonnées, puis à former les premiers groupes de l'OS, destinés aux sabotages et à la guérilla. Promu responsable FTP, Jacques Plessis va participer à des opérations de sabotage sous une fausse identité, ce qui lui vaut d'être pourchassé par la Gestapo qui met sa tête à prix sous cette fausse identité. Cela lui évite le pire. lorsqu'il est arrêté sous son vrai nom, lors d'un rendez-vous, à Poissy, le 9 juin 1941 par la police de l'Etat français de Pétain. Emprisonné à la maison d'arrêt de Versailles, à 20 ans, il y séjourne pendant deux ans et demi. Il est décidé de faire évader une douzaine de cadres du camp de Voves dont Scolari qui devient colonel et Jacques Plessis, commandant. Après avoir creusé un tunnel, l'opération réussit le 10 janvier 1944. A peine a-t-il le temps de respirer l'air de la liberté, Jacques est affecté par le COMAC avec le grade de commandant, pseudo "Marcel", sous les ordres du colonel "Martel" de son vrai nom Segrestan. Ce dernier a établi son PC clandestin dans une ferme de Vallet prés de Montendre en Charente-Maritime, chez les dévoués et efficaces Yvette et Max Aubain. La tâche de "Marcel" va être de reprendre contact dans le département avec les militants du Parti communiste clandestin, qui sont encore libres, et de regrouper les éléments des FTP, très touchés depuis le combat de Saint-Maurice à La Rochelle du 30 septembre 1943. Trois mois plus tard le commandant "Marcel" a regroupé, recruté, et constitué plusieurs maquis dans l'est et le sud-est du département. En septembre 1944, ce bataillon devient une demi-brigade de marche intégrée aux FFI qui participe à la libération de Saintes puis de Bordeaux et reconstitue le 57ème RI. Il sort d'une école militaire à 24 ans, comme lieutenant. Engagé pour la durée de la guerre, il est démobilisé fin 1945 à Bordeaux ; il y reste pour travailler et militer pendant quelques temps puis vient s'installer à La Rochelle. Il est embauché comme gardien pour surveiller et encadrer les prisonniers allemands qui déblaient les ruines causées par les bombardements.


Notices de Nicole Proux, Jean Matifas, Yves Tricaud in CD-ROM La Résistance en Charente-Maritime, AERI, 2010.