Jean Zay, ministre de l'Education nationale

Légende :

"Le nouveau ministère formé par M. Chautemps a tenu son premier conseil ce matin à l'Hôtel Matignon : de droite à gauche M.M. Blum, Faure, Zay, Rucart et Brunet."

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1937

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Sur cette photographie prise lors d'un conseil des ministres à Matignon figurent de gauche à droite :

- René Brunet, sous-secrétaire d'Etat aux Finances
- Marc Rucart, ministre de la Santé publique
- Jean Zay, ministre de l'Education nationale
- Paul Faure, ministre d'Etat
- Léon Blum, vice-président du Conseil


Contexte historique

Albert Sarraut, dans son 2e cabinet formé le 24 janvier 1936 nomme Jean Zay sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil. Jean Zay devient ainsi, à l'age de 31 ans, le plus jeune ministre de la IIIe République. Après la victoire du front populaire, Léon Blum le choisit comme ministre de l'Education nationale, le 4 juin 1936 ; il garda ce poste dans les 3e et 4e cabinets Camille Chautemps, le 2e cabinet Léon Blum et le 3e gouvernement Edouard Daladier. Il fut donc ministre de l'Education nationale du 4 juin 1936 au 10 septembre 1939.
Doué d'une étonnante puissance de travail il sut s'entourer rue de Grenelle de collaborateurs éminents.

Jean Zay désirait supprimer les inégalités d'origine sociale en établissant la sélection par le mérite. Pour lui, l'école laïque, comme le dira Herriot en mai 1948, était « le plus efficace et le plus puissant moyen de la fraternité nationale ». Le 5 mars 1937, il déposa sur le bureau de la Chambre des députés son projet de réforme de l'enseignement. L'enseignement primaire élémentaire public était unifié par la transformation des classes primaires élémentaires des lycées et collèges en écoles publiques. Le certificat d'études primaires élémentaires sanctionnait les études primaires ; il était indispensable pour accéder à l'enseignement du second degré. L'enseignement public du second degré était gratuit ; il commençait par une année d'études dans une classe d'orientation ; celle-ci terminée, les élèves avaient le choix entre trois sections : classique, moderne ou technique. Un diplôme d'Etat facultatif sanctionnait les quatre premières années d'études ; le baccalauréat couronnait toutes les études secondaires. L'enseignement primaire complémentaire et l'enseignement post-scolaire devaient permettre aux élèves qui ne désiraient pas suivre l'enseignement du second degré de compléter leur instruction. Les instituteurs devaient obligatoirement posséder le baccalauréat et obtenir, après leur scolarité dans les écoles normales, un certificat d'aptitudes pédagogiques.

Jean Zay déposa également, pour remodeler la vie intellectuelle française, un projet de loi important sur le droit d'auteur et le contrat d'édition ; le droit d'auteur ne serait plus un droit de propriété mais un droit incessible, inaliénable, un droit attaché à la personne humaine. La véritable propriété reviendrait à la collectivité tout entière. Enfin, dans la même perspective de réformes fondamentales, le ministre de l'Education nationale déposa un projet de loi tendant à créer une Ecole nationale d'administration ; l'ENA devait comprendre deux sections : l'une normale destinée au recrutement des emplois de rédacteurs ou assimilés, l'autre dite « section supérieure » ayant pour but la préparation aux postes de la haute administration. L'école des sciences politiques formerait seulement les fonctionnaires du premier degré, sous le contrôle de l'Etat. En plus de cette Ecole nationale d'administration, Jean Zay envisageait de créer auprès des principales universités de province des instituts de préparation administrative recevant les boursiers. Le projet de loi créant l'ENA fut voté à la Chambre le 27 janvier 1938 par 422 voix contre 137, Ces trois textes importants ne devaient pas être votés par le parlement avant la guerre ; ils seront d'ailleurs repris après.

Mais, sans attendre leur adoption, Jean Zay prit des mesures décisives en maints domaines. Un mois après son installation rue de Grenelle, il fit voter la loi du 13 août 1936 qui prolongea jusqu'à quatorze ans la durée de la scolarité obligatoire ; cette réforme visait 220.000 enfants. Cette année d'études supplémentaires serait consacrée à des travaux manuels. Jean Zay considérait en effet le travail manuel « comme un moyen de culture de l'intelligence et non comme une préparation prématurée à une profession spécialisée ». Dans ce sens, une circulaire ministérielle prévoyait dans les écoles primaires un après-midi consacré à des activités dirigées.

Pour permettre l'épanouissement des élèves, il fixa à 35 l'effectif de chaque classe et il lutta contre le surmenage scolaire ; de plus un décret-loi de 1939 généralisa la médecine préventive des étudiants. Son objectif était également de rendre l'éducation physique obligatoire dans tous les ordres d'enseignement : l'arrêté ministériel du 23 mars 1938 prévoit que trois heures seraient consacrées par semaine à l'éducation physique. En 1937, il décida d'intégrer le brevet sportif populaire au certificat d'études primaires. Il réorganisa en outre l'Office du sport scolaire et universitaire. Par ailleurs, il développe le camping et le tourisme populaire, et crée le comité supérieur des œuvres sociales en faveur des étudiants le 27 juillet 1936. Sous son ministère le Bureau universitaire des statistiques - le B.U.S.- prit un grand essor. Tout ceci ne l'empêche pas de s'intéresser à l'enseignement féminin, à l'Ecole normale de Sèvres, à la recherche scientifique, à l'enseignement du français à l'étranger...

Jean Zay n'était pas uniquement ministre de l'Education nationale ; dans ses attributions figurait également la culture française. Dans ce domaine, il ne resta pas non plus inactif. Il transforma et modernisa des musées ; il créa aux musées nationaux un département des « arts et traditions populaires » ; il eut une politique en matière de théâtre, il déposa un projet de statut du cinéma français, il prit conscience de l'importance du cinéma scolaire, créa le grand prix du cinéma français qui fut décerné pour la première fois en 1939 et prépara, pour septembre 1939, le premier festival de Cannes ; il essaya de sauvegarder certains monuments, il réorganisa le Conseil général des bâtiments civils...

Jean Zay donna sa démission de ministre lors du Conseil des ministres du 10 septembre 1939, voulant participer activement à la lutte contre l'envahisseur.


Biographie de Jean Zay, site de l'Assemblée nationale