Projet de tract rédigé par Germaine Tillion

Légende :

Projet de tract rédigé de la main de Germaine Tillion en octobre 1941

Genre : Image

Type : Tract manuscrit

Source : © BNF, département des manuscrits, fonds Germaine Tillion Droits réservés

Détails techniques :

Une feuille manuscrite

Date document : Octobre 1941

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Ce tract écrit de la main de Germaine Tillion, a été caché en 1942 par Emilie Tillion (la mère de Germaine) dans une pelote de laine et retrouvé à la fin de cette année 1942 par Marcelle Monmarché, une proche amie de Germaine, dans le grenier de la maison familiale.

Cet écrit s'attaque à Robert de Beauplan, co-rédacteur en chef de l'Illustration, qui a écrit dans un de ses articles "Si nous avions signé l'armistice en ..., nous n'aurions perdu que l'Alsace et la Lorraine". Germaine Tillion s'attarde sur le "que" de cette phrase qui, selon elle, "ne lui portera pas bonheur".

Normalien, agrégé de lettres, enseignant au réputé collège Sainte-Barbe, Robert de Beauplan commence à collaborer en 1904 à L'Illustration, dont le rédacteur en chef n'était autre que son beau-père. Beauplan est alors considéré comme un homme de gauche, dreyfusard, pacifiste, voire antimilitariste. Durant la guerre 1914-1918, il est attaché à l'état-major du général Pétain, qu'il côtoie presque quotidiennement, et auquel il vouera toute sa vie une admiration sans faille. Après la guerre, il poursuit sa collaboration éclectique à L'Illustration, s'intéressant à la vie mondaine, au théâtre, au cinéma, aux voyages en auto (traversée du Sahara, expéditions diverses), à la Syrie sous mandat, à la guerre italo-éthiopienne, etc. On lui doit aussi un petit ouvrage, paru en 1939, qui dénonce l'antisémitisme des nazis : Le drame juif. Il y écrit notamment : "La persécution des Juifs, que l'hitlérisme a remis en vigueur, constitue une dangereuse régression de la civilisation. Il n'est pas admissible qu'une catégorie de citoyens, sans avoir commis aucun délit, puisse être rejetée du corps social". Cet ouvrage figurera sur la première liste des livres interdits et confisqués par les autorités allemandes d'occupation dès le mois d'août 1940 (liste Bernhard). Robert de Beauplan va pourtant devenir un des chantres de la politique de collaboration, en même temps qu'il devient férocement antisémite... Après sa rupture avec L'Illustration, en mai 1942, pour des raisons financières, il devient rédacteur politique au quotidien Le Matin, franchement pro allemand, propriété de Maurice Bunau-Varilla. En décembre 1942, il n'hésite pas à fustiger le gouvernement de Vichy pour sa "tièdeur" : "Que deux ans après Montoire, on en soit encore à espérer le commencement de la collaboration, voilà qui est grave pour nous", écrit-il quelques jours après l'occupation de la "zone libre" par les Allemands. Il participe à diverses autres publications de la presse "collaborationniste" ainsi qu'à Radio Paris, où ses éditoriaux sont parfois très violents. À la Libération, Robert de Beauplan est bien évidemment arrêté. Jugé et condamné à mort en janvier 1946, sa peine sera commuée le mois suivant en emprisonnement à perpétuité. Il doit sans doute cette grâce à sa fille, qui faisait partie des Forces françaises libres à Londres.


Source :
Page Wikipedia consultée le 19 marss 2015

Contexte historique

Au retour d’une de ses missions en Algérie, Germaine Tillion assiste en juin 1940 à la débâcle des armées françaises et entend à la radio la demande d’armistice formulée par le maréchal Pétain. «Ce fut pour moi un choc si violent que j’ai dû sortir de la pièce pour vomir…» (La traversée du mal, p.43) Au cours de plusieurs séjours en Allemagne, dont l’un de cinq mois à l’université de Königsberg, en 1932-1933, puis, en 1937, une brève incursion en Bavière, elle avait pu voir de ses yeux la menace extrême que représentaient la doctrine et les méthodes nazies. Elle refuse immédiatement la politique de collaboration et cherche autour d’elle ceux qui sont prêts à « faire quelque chose », selon l’expression de l’époque. Elle découvre un colonel en retraite de 73 ans, Paul Hauet qui, sous couvert d’une association d’aide aux soldats coloniaux auxquels l’association envoie effectivement des colis, organise l’évasion des prisonniers et accumule des renseignements sur l’armée allemande, mouvements des troupes et lieux d’internement…. Germaine se joint à ces activités, établit un fichier des prisonniers d’outre-mer qui transitent souvent par sa maison de Saint-Maur lors de leur évasion. Ils en repartent lestés de tracts rédigés par elle, les éclairant sur la trahison de Vichy. Dès l’été 1940, elle sert ainsi «de pivot à une organisation combattante où se croisaient vieux militaires indomptables et jeunes savants progressistes, unis pour lancer un défi apparemment déraisonnable à cet ordre nazi qui se proclamait établi pour mille ans.» (Le témoignage est un combat, p. 9) « Véritable « tête chercheuse » de cette première Résistance, bien introduite dans des milieux variés, Germaine Tillion noue des liens avec de multiples groupes et notamment avec celui qu’ont constitué au Musée de l’Homme Boris Vildé, Yvonne Oddon et Anatole Lewitsky. Après les coups de filet qui déciment les pionniers du Palais de Chaillot au printemps 1941, Germaine poursuit ses activités. Elargissant ses connexions à de nouvelles organisations, les mouvements Valmy et ceux de la Résistance de son ami Jacques Lecompte-Boinet, le réseau anglais Gloria SMH, le groupe France-Liberté implanté dans les pays de Loire notamment, elle joue un rôle essentiel d’ « interface » et d’ « échangeur », mettant en relation les uns avec les autres et cherchant toujours à venir en aide à ceux qui sont en danger.» (Julien Blanc, article « Germaine Tillion » in Dictionnaire de la Résistance, R. Laffont 2006, p.531-532) Dix de ses camarades sont condamnés à mort ; sept sont fusillés le 23 février 1942.


Site internet de l'association Germaine Tillion