Ordre de mission adressé à Pierre Brossolette, 10 août 1943

Légende :

Le 10 août 1943, Pierre Brossolette est appelé à Alger en mission spéciale auprès du Comité français de défense nationale. L'ordre de mission est signé du général d'Astier de la Vigerie.

Genre : Image

Type : Ordre de mission

Source : © Service historique de la Défense, 16P92789 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 10 août 1943

Lieu : Angleterre - Londres

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Contexte historique

La mission Arquebuse-Brumaire laissa quelques séquelles à court et moyen termes. Pierre Brossolette et le colonel Passy firent partie de ceux qui, durant le printemps 1943, à Londres et en France, critiquèrent durement l'action de Jean Moulin et le principe de création d'un Conseil unique de la Résistance intérieure. Il est également vraisemblable que les aléas de la mission Brumaire furent au nombre des raisons qui, durant l'été 1943, conduisirent Charles de Gaulle à écarter la candidature de Brossolette à la succession de Moulin.

Le 13 août 1943, convoqué par le général de Gaulle, arrivé en mai en Afrique du Nord libérée "pour réaliser l'unité de l'Empire français dans la guerre", Pierre Brossolette part de Liverpool en bateau pour Alger où il arrive le 24 au soir. Il n'y reste que quelques semaines, un peu désemparé par les remous qu'il y constate. Et puis la tâche n'est pas terminée : il reste encore en France beaucoup à faire. Le général de Gaulle hésite toutefois à le charger d'une nouvelle mission : il sait les dangers que courent les résistants du sol métropolitain et plus particulièrement ceux dont le rôle est de prendre de nombreux contacts et qui doivent par suite multiplier les déplacements. Mais Pierre Brossolette insiste et obtient satisfaction. Il quitte Alger en avion le 19 septembre chargé cette fois d'installer un nouveau délégué général, Emile Bollaert, et de travailler à la future organisation de la presse et de la radio à la Libération. 

Envoyer en France un personnage de la stature de Pierre Brossolette pour ne l'investir que d'une mission simple et limitée peut à première vue déconcerter. Choisi parce que haut fonctionnaire et impartial, Bollaert souffrait du "double handicap" de ne connaître ni la Résistance, ni les "autorités au nom desquelles il devait parler" (Note de Claude Serreules, 17 mars 1944). Puisqu'il n'avait pu prendre lui-même de Jean Moulin, Brossolette espérait profiter de sa connaissance du combat de l'ombre, et de sa liaison privilégiée avec le BCRA, pour se poser en "mentor" du nouveau délégué général et ainsi contrôler les commandes. Il retroiuvait d'ailleurs là un emploi qu'il affectionnait, celui d'éminence grise. 


Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance, Paris, Odile Jacob, 1998
René Ozouf, Pierre Brossolette, héros de la Résistance, Clamart, février 1946