Célébration de la libération de la Drôme à Valence

Légende :

Portant leur drapeau, les FFI (Forces françaises de l'intérieur) des différentes compagnies drômoises défilent dans Valence.

Genre : Image

Type : Photo

Source : © AERD, collection Pierre Vincent-Beaume Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Les résistants défilent dans leur tenue de maquisards, disparates et fantaisistes, pas très bien alignés, dans une cadence un peu irrégulière, mais avec solennité et la fierté d’avoir combattu pour libérer leur département.
Les spectateurs ne ménagent pas leur joie et leurs acclamations.


Auteur : Robert Serre

Contexte historique

Le 4 septembre 1944, quatre jours après la libération de la Drôme, une cérémonie à Valence marque l’évènement. Elle n’a rien d’original dans son déroulement : rassemblement des troupes résistantes au Champ de Mars, prise d’armes, remise de décorations, dépôt de gerbes, minute solennelle de silence devant le monument aux morts, défilé militaire dans les rues de la ville.

Pourtant, ce défilé des FFI n’avait rien de traditionnel : on voyait des shorts et des pantalons, des képis, des bérets, des casques ou des calots, des têtes nues, les couleurs variaient du kaki délavé au vert des Chantiers de jeunesse, des armes étaient françaises, allemandes, américaines, rien dans les uniformes, la tenue ou la cadence n’avait l’allure martiale toujours impressionnante de la parade militaire. Mais ces hommes vivaient leur moment de gloire après de longues souffrances et les applaudissements de la foule étaient bien mérités.

Le préfet Pierre de Saint-Prix dans son discours au Champ de Mars partage les sentiments des spectateurs : « en acclamant sans fin nos héroïques FFI, nos sans-culottes, nos sans-souliers, nos "gars du maquis" à jamais légendaires, en acclamant le colonel Legrand, [...], et cette section parachutée du Bataillon de choc de l'armée régulière – des braves, eux aussi –, vous avez déchiré une des plus tristes pages de notre Histoire ». Et le chef militaire départemental n’a pas tort d’écrire : « Mes troupes étaient belles et avaient fière allure. »

Alphandery lui-même, qui a cru bon d’arborer cinq galons tout neufs sur sa vieille gabardine militaire, ne peut qu’abandonner son sérieux lorsque son père, commandant dans l'armée française remontant la vallée du Rhône, éclate de rire en voyant son fils plus galonné que lui. La journée s’achève par un banquet à l'hôtel de la Croix-d'Or.

Revenant de Valence vers Die, Veyer est assis à côté d'un « bon bourgeois rondouillard » de sa ville, quelque peu véreux en affaires, qui « était resté tapi au fond de son confortable appartement » et qui refait surface maintenant. « Dites donc, susurre-t-il, cette Résistance, elle n'a pas fait grand chose ! Et vous même, vous n'avez guère brillé ! ». Après un moment de silence, Veyer lui répond : « Que voulez-vous, Monsieur, dans la vie on fait ce qu'on peut. Ah ! Si vous aviez été là, avec votre valeur, votre courage ! mais hélas, vous n'étiez pas là ». L’homme sera bientôt obligé par les circonstances de quitter Die.

Le lendemain, l’épouse du lieutenant-colonel Legrand, peut-être éprouvée par un voyage sans confort depuis le village au nord de Lyon où elle était réfugiée, mettait au monde leur premier enfant, une fille. Le papa faisait alors publier dans la presse l’annonce de la naissance de Dominique de Lassus Saint-Geniès, révélant ainsi la véritable identité de Legrand.


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 11 J 40. Le Résistant de la Drôme (CDL), du 05/09/1944. Pour l'Amour de la France. Combats pour le Vercors et pour la liberté. Alphandéry livre. Jean Veyer, Souvenirs sur la Résistance dioise.