Jean Zay entouré d’enfants orléanais partant en colonies de vacances

Légende :

Jean Zay entouré d'enfants orléanais partant en colonies de vacances aux Sables-d'Olonne, à la gare Montparnasse . Juillet 1937.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives nationales, 667AP/136 (photo 175) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Juillet 1937

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Les possibilités pour les enfants du Loiret de partir en colonie de vacances connaissent une très nette amélioration dans les années 1930, grâce à l’accroissement des moyens d’accueil et à la diversification géographique de ceux-ci, en raison aussi de l’affirmation d’une politique publique impliquant l’Éducation Nationale et le Conseil général et du dynamisme des associations laïques, en réaction aux initiatives diocésaines. L’arrivée du Front Populaire et l’action de Jean Zay, comme homme politique local puis membre du gouvernement apporteront un coup de pouce supplémentaire. L’importance publique des colonies de vacances apparaît à travers la presse départementale ; c’est un sujet abordé fréquemment – comme jamais auparavant – par Le Journal du Loiret et Le Loiret républicain, et cette importante couverture médiatique se prolongera pendant la guerre.

Les responsables des associations importantes concernées par l’organisation de colonies cherchent à disposer de sites assurés d’une année à l’autre soit par location, soit par acquisition, soit par construction.En janvier 1936, un bilan très satisfaisant des visites-contrôles effectuées l’été précédent est présenté à l’assemblée générale de l’OEVL (Œuvre des écoliers en vacances du Loiret ) notamment sur le plan de la santé des enfants (prise de poids), des réserves étant cependant exprimées à l’encontre d’un séjour aux Sables-d’Olonne comportant un trajet trop grand entre le centre et la mer. Le projet de création d’une colonie de vacances au bord de la mer appartenant à l’association est relancé. En juin M. Poulin, trésorier, est autorisé à engager des négociations en vue de l’acquisition d’un terrain aux Sables-d’Olonne. L’arrivée du Front Populaire et l’appartenance de Jean Zay au gouvernement vont concourir à une issue favorable dans des délais extraordinairement courts. Un terrain d’environ 1500 m2 acheté par l’œuvre est ensuite cédé en juin 1937 au Conseil général – qui, contrairement à l’association, peut bénéficier d’un financement de l’État pour une école de plein air. Les travaux de construction commencent dès le début de 1938, et les bâtiments sont mis en service le 10 juillet de la même année, permettant un accueil de 300 enfants (2 groupes successifs de garçons et de filles), une convention étant établie entre le Conseil général et l’œuvre, alors que l’agrément du préfet de Vendée ne sera donné que le 1 er décembre et que le préfet du Loiret accordera l’autorisation de fonctionnement seulement le 7 juillet 1939 ! Cette colonie des Sables est le fleuron de l’œuvre et du Département. L’enthousiasme de l’inspecteur d’académie, M. Evesque, se manifeste dans une lettre qu’il adresse à Jean Zay, ministre de l’Éducation Nationale, le 26 octobre 1938 : "Le département dispose désormais d’un bel immeuble, sans recherche inutile ni luxe, mais sain, lumineux et gai, scrupuleusement adapté à sa destination. Solidement établi dans un cadre sans rival, il tire sa beauté de la simplicité utile de ses lignes et de la solidarité dont il est le fruit. Des milliers d’enfants, d’humble condition pour la plupart, vont en éprouver le bienfait et le charme". Alors que la marche vers la guerre s’accélère, Jean Zay, en tant que conseiller général du Loiret, viendra inaugurer cette colonie des Sables le 21 juillet 1939, ayant à ses côtés les préfets de Vendée et du Loiret, le président du Conseil général, quatre députés du Loiret et de Vendée, le maire d’Orléans, les inspecteurs d’académie, et de nombreuses personnalités.

Rappelons rapidement quelques mesures-clés du Front Populaire, et plus précisément des ministres chargés l’un de la Santé, Henri Sellier, l’autre de l’Education Nationale, Jean Zay, et leurs sous-secrétaires d’État, Suzanne Lacore et Léo Lagrange, en direction des colonies de vacances : déclaration obligatoire à la préfecture, installation de comités départementaux de surveillance des colonies et des camps de vacances, contribution d’une part des allocations chômage au financement d’envoi d’enfants de chômeurs en colonie, recensement des écoles rurales susceptibles d’accueillir des groupes d’enfants ou d’adolescents en été, financement par l’État des investissements des collectivités locales pour des écoles sanitaires et des écoles de plein air, soutien aux Centres d’entrainement pour la formation des personnels des colonies de vacances (association issue à la fois des Éclaireurs de France, mouvement laïque du scoutisme, de la Ligue de l’enseignement et de l’Hygiène pour l’exemple). Les colonies de vacances gardent leur finalité sanitaire – elles restent sous la tutelle du ministre de la Santé – mais leur mission éducative prend une importance équivalente ; elles sont considérées comme complémentaires de l’école publique tout en ouvrant la voie à des pédagogies nouvelles. Avec la colonie des Sables-d’Olonne, l’OEVL connaît une progression des effectifs accueillis en été : 575 en 1938 (302 aux Sables), 559 en 1939 (320 aux Sables). Pour l’ensemble des colonies "publiques" du Loiret, 600 enfants accueillis. Du côté du "privé" – essentiellement des associations catholiques – 900 enfants environ ; leur primauté est maintenue mais leur importance relative diminue. À partir de 1936, une politique publique spécifique aux colonies de vacances s’instaure, et pour plusieurs décennies. En effet, la guerre, l’occupation et la Révolution nationale n’apporteront ni rupture ni diminution, tant du côté de la fréquentation qu’au regard d’une politique publique spécifique.


Gérard Salin, "Le Loiret, terre d'élection des colonies de vacance (1935-1945), in Mémoires de l'académie d'Orléans - agriculture sciences belles-lettres et arts, année 2010, VIe série, 2010.