Le Franc-Tireur, n° 37. Édition sud. 25 août 1944

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © Collection Jean Sauvageon, don de Liliane Gerin Droits réservés

Détails techniques :

Le format est de 28 x 22 cm, le journal comprend 4 pages. C’est un papier d’assez mauvaise qualité de couleur bistre clair.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Ce journal a été imprimé clandestinement à l’imprimerie Gerin de Romans-sur-Isère (rue Mirabeau). Le numéro 37 de Le Franc-Tireur du 25 août 1944, pour le sud de la France, est certainement le dernier imprimé clandestinement.

Le journal est l’organe du « Mouvement de la Libération Nationale ».
L’article qui ouvre ce numéro titre :
VICTOIRE ! Les F.F.I. aux portes de Lyon. Un tiers du territoire libéré.

Il est édité quelques jours avant la libération totale de la région. La Drôme sera totalement libérée dans la nuit du 31 août au 1er septembre, Lyon le 3 septembre 1944.

Le Franc-Tireur a été créé à Lyon, en 1941 par Antoine Avinin et Jean-Pierre Levy. C’est l’organe du mouvement Franc-Tireur. Trente-sept numéros ont été imprimés, à Lyon surtout, et à l’imprimerie d’Albert Gerin à Romans-sur-Isère. Ce numéro est donc le dernier de la série clandestine. Le tirage aurait atteint, en 1944, 165 000 exemplaires. Les articles ne sont pas signés, mais leurs auteurs sont vraisemblablement, le plus souvent, Georges Altman, Élie Péju et Marc Bloch.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Pour contrer la propagande vichyste diffusée par la radio gouvernementale, Radio Paris notamment, et la presse collaborationniste, nationale ou locale comme Le Petit Dauphinois ou Le Nouvelliste pour la région, les mouvements, les partis politiques clandestins diffusaient leurs publications. Trois journaux nationaux ont été imprimés, un temps, dans la Drôme, Libération à Montélimar, L’Humanité à La Roche-de-Glun, et Le Franc-Tireur à Romans-sur-Isère.

Ces journaux nationaux imprimés dans la Drôme étaient destinés surtout à la zone Sud. En 1944, Le Franc-Tireur a été diffusé aussi à Paris. Leur objectif était d’apporter des renseignements contredisant la propagande officielle totalement contrôlée par les Allemands et le gouvernement de Vichy qui fournissaient les organes de presse en informations, en communiqués et assuraient une censure impitoyable. Le respect de ces consignes était une des conditions de l’autorisation de s’approvisionner en papier notamment.

La presse clandestine démentait les fausses nouvelles diffusées par les feuilles vichystes, combattait son défaitisme, dénonçait la Révolution nationale, le nazisme. Elle informait sur le combat des forces de la Résistance, sur les succès des Alliés. Un autre but était de stimuler l’esprit de Résistance de ses lecteurs. Les journaux clandestins, émanations des mouvements de Résistance, expriment les mots d’ordre pour s’opposer à l’occupant et ses valets de Vichy, ils font des propositions pour un renouveau républicain.

Le contenu de cette presse clandestine est dirigé vers les résistants eux-mêmes pour les soutenir, les galvaniser, mais aussi en direction du public pour l’inciter à résister sous diverses formes. La distribution de ces journaux est une des façons d’exprimer son adhésion à la lutte menée pour libérer le pays.

La publication d’un journal nécessite la mise en place d’une chaîne importante : recueil des informations, rédaction des articles, recherche des fonds nécessaires et d’un imprimeur ami, impression clandestine, acheminement par divers moyens des journaux à des camarades de confiance par secteur de distribution, ventilation à d’autres personnes chargées de la distribution dans les boîtes à lettres ou de la main à la main. Pour certaines étapes, il fallait assurer la sécurité des personnes impliquées. Tout ceci demande des complicités nombreuses.

Dans les années 1940 et 1941, le nombre de parutions est réduit, il augmente dès 1942 avec l’arrivée des fonds nécessaires en provenance de la France libre. Les plus forts tirages ont lieu en 1943 et surtout après le débarquement du 6 juin 1944. Certains estiment qu’au début de 1944, la presse clandestine tire à deux millions d’exemplaires et qu’elle a alors autant de lecteurs que la presse autorisée.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Collection Jean Sauvageon, don de Liliane Gerin. DVDRom, La Résistance dans la Drôme-le Vercors. Cécile Vast, Franc-Tireur (Le) et Bruno Leroux, « Presse clandestine » dans Dictionnaire historique de la Résistance.