Camille Gervais (1894-1944)

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Collection Michel Seyve Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Anneyron

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Analyse média

Camille Gervais est né à Anneyron, au hameau de Coinaud, le 3 août 1894. « Il est l’un des élèves de l’école primaire du village. Il a probablement obtenu le certificat d’études primaires », commente Jacqueline Grenier, sa petite-fille, habitant avec sa famille, aux Petites Pierres, à Anneyron. De sa propriété, on remarque, de l’autre côté de la route, la stèle sur laquelle est inscrit le nom de son grand-père…

Photographie de Camille Gervais non datée.


Auteurs : Alain Coustaury 

Contexte historique

Il a 20 ans quand commence la Première Guerre mondiale, et 45 lorsque éclate la Seconde. L'idée de la patrie et celle de l'indépendance nationale sont probablement fortes en lui-même. En effet, dès l'automne 1942, il prend contact avec Jean Peyre de Saint-Sorlin-en-Valloire, lui-même lié avec Jacquet de Châteauneuf-de-Galaure, dans une perspective de Résistance.

Des tracts du mouvement Libération sont distribués. Au début 1943, il est en liaison avec Drouot, "L'Hermine", recrute quelques volontaires (sept ou huit d'abord) dont Maurice, son fils, âgé alors de vingt ans. L'effectif, de vingt-cinq au début de l'année, progresse à quarante ou cinquante au 6 juin 1944. Quelques-uns d'entre eux habitent Saint-Rambert-d'Albon. La compagnie Gervais est alors composée de trois groupes.

Naturellement, la vie rurale suit son cours, laborieuse et silencieuse, au fil des saisons, en temps de guerre comme en temps de paix, sans que d'autres souvenirs familiaux soient fixés et viennent enrichir maintenant le portrait du père (ou du grand-père). "À l'époque, dans la famille, on parle peu ; toutefois, on écoute beaucoup, notamment la radio".

Pendant ce laps de temps, la compagnie organise des distributions de tracts et de journaux, participe à la réception d'un parachutage vers la mi-août 1943, "avec des éléments de l'École des cadres du Château de La Pérouze" [Saint-Sorlin-en-Valloire]. Elle s'occupe ensuite du "camouflage de l'armement", distribué, plus tard, le 6 juin, peu avant l'attaque de la garnison allemande à Saint-Rambert.

"Dans la nuit du 7 au 8 juin, [c'est] l'attaque de la garnison allemande de Saint-Rambert-d'Albon. La compagnie Monot de Saint-Sorlin-en-Valloire, renforcée de résistants d'Épinouze, se joint à la compagnie Gervais d'Anneyron, [elle-même] renforcée de résistants de Saint-Rambert. Sous le commandement du capitaine Monot, l'ordre est donné d'attaquer cette garnison". Le rassemblement préalable - environ une centaine de personnes - se fait au cours de la nuit, dans la cour de la ferme de Camille Gervais. Sans doute, une foule inhabituelle, ainsi que des véhicules à gazogène et quelques-uns à essence. Puis, c'est le départ.

Camille Gervais a "une double mission : neutraliser la gendarmerie nationale [...] au sud et attaquer un groupe ennemi [...] au nord". Cette décision "a pour effet de disperser cette unité" et de retarder l'arrivée de celui de ses groupes, chargé d'attaquer vers Chanas... Quoi qu'il en soit, à l'aube, il a fallu battre en retraite rapidement. La compagnie se replie en partie sur la ferme Gervais "où les armes sont à nouveau cachées."

La journée s'engage sous le signe de l'obtention de renseignements : les Allemands menacent, brutalisent et se font aider par des miliciens également. Ils conjuguent leur action, en outre, à des représailles, d'abord à Anneyron, où ils pillent, grenadent et brûlent des fermes ; leur brutalité n'exclut pas une certaine retenue, explicable peut-être par le fait de leur commandant, lui-même ancien de la guerre 1914-1918. Ils sont, vers quatre heures de l'après-midi, à la propriété de Camille Gervais. Ils veulent connaître le lieu où sont cachées les armes. Il semble qu'à ce moment, l'un des résistants, possédant encore ses armes, ait tiré ; les Allemands réagissent en abattant sur place Camille Gervais et Raymond Carat.

La commune a rendu hommage à Camille Gervais, entre autres, en donnant son nom à l'une des principales places d'Anneyron. Également, une stèle, érigée dans ce qui fut sa propriété, au bord de la D 266, rappelle son combat aux générations suivantes.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Témoignage de Gervais Maurice par Grenier Jacqueline, 26 septembre 1985, tapuscrit. Chosson Henri, Desgranges Marcel, Lefort Pierre, Drôme-Nord, terre d'asile et de révolte, 1940-1944, Valence, éditions Peuple Libre, 1993, 488 p. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l'amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, Valence, édition Peuple Libre, 1989, 494 p. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme - le Vercors, édition AERI-AERD, 2007.