"Note sur la réorganisation de l’action politique en France", 30 mai 1942

Légende :

Note dactylographiée de 4 pages

Genre : Image

Type : Note

Source : © Archives nationales, 3AG2/397 Droits réservés

Détails techniques :

Papier, 33 x 20 cm
Quatre pages recto (voir album joint)

Date document : 30 mai 1942

Lieu : Angleterre - Londres

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Analyse média

Dans cette "note sur la réorganisation de l'action politique en France", véritable plaidoyer pour la réforme du BCRAM, Brossolette décrit les modalités souhaitables de l'action militaire et politique de la France libre en France. A l'origine, l'action des FFL était "essentiellement militaire" et confiée au BCRAM "dont le fonctionnement s'est révélé excellent". Confronté à "la possibilité et la nécessité d'une action plus vaste, qu'on qualifiait couramment de politique, sans que ce terme réponde réellement au but de même qu'on se proposait", le général de Gaulle avait fait procéder à la séparation de l'action politique et de l'action militaire pour confier au Commissariat national à l'intérieur (CNI), l'action militaire restant seule au BCRAM. Selon Pierre Brossolette, les raisons de cette décisision ne résistaient "ni à l'examen ni à l'expérience". Il était souhaitable de ne surtout pas confondre "la conception et l'exécution" : si la première devait "incontestablement" être laissée "à un organisme civil du type CNI", il n'y avait aucun inconvénient, s'agissant d'une "action de guerre", à en laisser l'exécution aux militaires". De surcroît, il faisait valoir que la distinction des actions politique et militaire était toute théorique :

"Il n'y a pas de renseignement purement militaire et de renseignement purement politique. Il n'y a pas d'action purement militaire et d'action purement politique. Renseignements militaires et renseignements politiques, action militaire et action politique, action et renseignement mêmes se pénètrent mutuellement de la façon la plus étroite.[...] En fait toute action, qu'elle qu'elle soit, ne peut être envisagée que d'après les renseignements fournis par un fichier unique servant aussi bien à la préparation d'un coup de main, d'un commando, ou d'une action paramilitaire que d'une action de soutien politique pour le mouvement gaulliste". 

Il résumait ainsi sa position : "Tout le monde est d'accord sur la nécessité de réorganiser les services selon le seul principe envisageable : c'est à dire séparation du militaire et du politique pour la conception, mais service unique pour l'exécution, par la voie du réseau secret que constitue le BCRAM".

Dès ce mois de mai 1942, Pierre Brossolette envisageait une coordination de la Résistance intérieure en liaison avec Londres, dont il prenait soin de montrer qu'elle n'était pas incompatible avec le souci légitime de la France libre de conserver la primeur de ses informations politiques, face aux Anglais soucieux avant tout de renseignements. 


Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance, Paris, Odile Jacob, 1998.