Le régime de détention de Jean Zay

Légende :

Les documents présentés dans la notice et l'album joint montrent l'évolution du régime carcéral de Jean Zay et des libéralités qui lui sont accordées ou retirées suivant le contexte politique du moment. Le 7 janvier 1941, Jean Zay est incarcéré à la maison d'arrêt de Riom où il obtient quelques libéralités. Ce régime sera durci à plusieurs reprises, en particulier en septembre 1943, après l'évasion du général de Lattre, puis en avril 1944.

Genre : Image

Type : Notes et directives

Source : © Archives départementales du Puy-de-Dôme, Y671 Droits réservés

Détails techniques :

Notes et courriers dactylographiés et manuscrits

Date document : 1941-1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Auvergne) - Puy-de-Dôme - Clermont-Ferrand

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Contexte historique

Condamné politique, Jean Zay aurait du bénéficier du « régime politique ». Or, il est d’abord traité comme un droit commun. Au fort Saint-Nicolas à Marseille où il est interné entre le 4 décembre 1940 et le 7 janvier 1941, il est placé dans le quartier des condamnés à mort, au secret, à l’isolement total. Ce n’est que fin janvier 1941, alors qu’il a été transféré à la prison de Riom que, sur proposition de Joseph-Barthélemy en conseil des ministres, Jean Zay obtient un « régime spécial ».

Vichy accorde certes à Jean Zay les conditions matérielles admises pour les condamnés politiques. Mais en se refusant à faire référence explicite au « régime politique », Vichy se donne, en réalité, la possibilité de retirer les améliorations dont bénéficie Jean Zay pour des raisons autres que celles prévues par les textes, à savoir « le maintien du bon ordre », « l’abus » ou « la nécessité de service ». D’où l’insécurité permanente et les variations arbitraires de ses conditions de détention, qui fluctuent au gré des individus en poste et de l’évolution des événements.

  • Invasion de la zone libre en novembre 1942 : les visites et les journaux sont suspendus, puis rétablis.
  • Évasion du général de Lattre de Tassigny en septembre 1943 : édiction de «consignes particulières» de sécurité (promenade surveillée, fouilles régulières de la cellule du condamné).
  • Un mois plus tard, on envisage même de retirer certains permis de visite permanents, en particulier celui de l’ancien directeur de cabinet de Jean Zay, Marcel Abraham et de l’un de ses avocats, Me Varenne. Or, le défenseur est toujours admis à visite quand il s’agit d’un condamné politique… Ces restrictions envisagées ne semblent pas avoir eu de suite.

En revanche, le 25 avril 1944, alors que la Libération approche, et que la nervosité des autorités de Vichy s’accroît, nouvelle modification du « régime spécial ». Jean Zay redevient un détenu de droit commun. Le 14 juin 1944, Jean Zay note dans ses Carnets qu’on lui annonce une nouvelle modification de son régime de détention. Il n’en saura pas davantage, mais ne s’inquiète pas outre mesure. Les changements, il en a l’habitude. Celui-là sera toutefois le dernier : le 20, trois miliciens viennent le chercher à la prison de Riom. Jean Zay sera abattu dans le bois de Cusset près de Vichy.