Les autorités résistantes devant la préfecture de Marseille

Légende :

De gauche à droite : Gaston Deferre, Raymond Aubrac et Francis Leenhardt devant la préfecture de Marseille, vers le 24 août 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives municipales de Marseille - 109 FI 8 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 24 août 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Sur cette photographie prise devant la préfecture, on peut voir de gauche à droite : Gaston Defferre (nommé, lors de cette rencontre, président de la délégation municipale de Marseille) qui regarde l’objectif, Raymond Aubrac (commissaire régional de la République), et Francis Leenhardt (président par intérim du CDL).

Le 22 août, le Comité Départemental de Libération s’installe en Préfecture sous la présidence de Francis Leenhardt, Lionel, en l’absence de Max Juvénal qui a été blessé à Venelle (Bouches-du-Rhône) durant les combats des jours précédents.

En effet, la journée du jeudi 24 août est marquée par l'arrivée à Marseille du représentant du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), le commissaire régional de la République, Raymond Aubrac. Ingénieur des Ponts, grand résistant, fondateur du mouvement Libération-Sud avec son épouse, Lucie, et Emmanuel d'Astier de la Vigerie, âgé de 30 ans, il a été nommé à ce poste par le général de Gaulle, peu avant les opérations de débarquement.
Raymond Aubrac est d'abord arrivé à Saint-Tropez avec les troupes de Libération. En début d'après-midi du 24 août, une voiture envoyée par F. Leenhardt, dit "Lionel", vient le chercher au PC de Gémenos. Il parvient, sous la mitraille et en contournant les barricades, à gagner la préfecture où il est accueilli par "Lionel". Comme prévu, le CDL reconnaît son autorité, lui cède le bureau du préfet où il siège et s'installe dans la salle du conseil général.


Auteur : Laetitia Vion

Sources :
1944, La Libération, catalogue de l’exposition du Musée d’Histoire de Marseille.

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947), Midi rouge, ombres et lumières, tome 4Paris, Syllepse, 2014. 

Contexte historique

Le comité départemental de Libération (CDL) des Bouches-du-Rhône est créé au début de l’année 1944. Il regroupe les mouvements de Résistance (Front national de lutte pour la Liberté et l’indépendance de la France, FN, et Mouvement de Libération nationale, MLN, ex-MUR), CGT et partis politiques (PCF et PS). Des problèmes ardus de dosage se posent pour son « noyau actif », ainsi que le signale une circulaire « confidentielle » du Comité directeur des MUR, en janvier 1944. Comme pour d’autres CDL, elle propose qu’y soient représentés, chacun par un délégué, les MUR/MLN, le PC conjointement avec le FN, la CGT (avec des problèmes de choix entre les deux tendances de l’avant-guerre) et le PS. Soit quatre personnes au total, plus un autre résistant à choisir hors des MUR.

Mais les tensions demeurent fortes entre le courant communiste et le MLN, à tel point que l’arbitrage du Comité de coordination de la zone Sud est nécessaire. L’opposition se cristallise sur la représentation du MLN et la question de la présidence du CDL. Les réunions communes reprennent le 22 avril 1944 sans qu’une solution n'ait été trouvée. En juin 1944, un rapport de Richemont, alors à Alger, fait encore état de divergences importantes, à propos de la composition du noyau actif. Selon lui, le PC refuse la présence de modérés au sein du CDL (en particulier catholiques ou protestants) et « va jusqu’à demander l’exclusion des éléments SFIO du noyau actif ». C’est évidemment l’équilibre politique au sein de l’organe de direction qui est en jeu. La question de la présidence n’est résolue que très tardivement, entre le 17 et le 21 août 1944, alors que l’insurrection se développe. La présidence du CDL est alors attribuée au MLN en la personne de Max Juvenal, Maxence, dont le suppléant est Francis Leenhardt, Lionel.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :
Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, p. 541-543 ; Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores, 1944-1947, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 4, Paris, Syllepse, 2014, p. 92-93; « SCD à toutes régions », Henri Noguères, en collaboration avec Marcel Degliame-Fouché, Histoire de la Résistance en France, tome 4, octobre 1943-mai 1944, Paris, Robert Laffont, p. 350 ; AN 72 AJ 104, NAP BdR, Richemont à Alger, juin 1944 ; AD BdR 9 W 48, extraits des procès-verbaux du noyau actif clandestin.