Les brassards des Gardes civiques républicaines

Légende :

Brassard de la section du XVIIe aronddissement de Paris des Gardes civiques républicaines

Genre : Image

Type : Brassards

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Brassard 100 X 360 mm, simple tissu, piqué en pointe pour fixation par épingle à nourrice, tamponné GCR

Date document : Fin 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XVIIe

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Contexte historique

Le 28 octobre 1944, prenant prétexte d'exécutions sommaires commises par les milices patriotiques de Maubeuge, le général de Gaulle décida de faire voter en conseil des ministres des mesures rendant illégales les actions de police des gardes patriotiques, ce qui conduisait à les dissoudre. Cette décision est à insérer dans une politique plus générale de neutralisation des institutions autonomes nées de la Libération et en particulier du désarmement définitif des forces de la Résistance par les pouvoirs publics. La dissolution des milices entraîna une protestation du PCF largement amplifiée par ses principaux relais et satellites, notamment le FN et les Forces Unies des Jeunesses Patriotiques (FUJP). Le CNR s'emporta également ; au-delà de la simple protestation, il jugeait cette mesure difficilement applicable. Certes, le PCF était largement représenté au CNR, mais sur ce point précis, le CNR unanime associait son désaccord à celui du Parti, ce qui donna à la protestation du PCF une toute autre ampleur. La direction communiste, à travers la défense des milices patriotiques, poursuivait la stratégie duale en cherchant à maintenir à la base un pouvoir concurrentiel.

Tandis que le CNR adoptait le 3 novembre un statut de la GCR spécifiant, entre autres, que les gardes civiques devaient être armées et que la responsabilité des armes incombait aux CLL ou aux municipalités, le PCF créait un rapport de force en menaçant de la crise gouvernementale et en faisant défiler là où elles existaient des masses de patriotes en armes. Le Parti diffusa l'idée qu'il fallait comprendre l'attaque du gouvernement contre les milices patriotiques comme une offensive contre la Résistance. Pourtant, l'opinion, même chez les résistants, n'était pas favorable au maintien de ces organismes. Un sondage réalisé par l'IFOP début novembre 1944 indiquait que 63 % des Parisiens interrogés étaient favorables à la dissolution des milices patriotiques et seulement 24 % hostiles à la décision gouvernementale. Mais les manifestations de soutien aux protestations du CNR et du PCF, animées par les communistes, furent nombreuses en province et en région parisienne : le gouvernement temporisa en réclamant que les armes soient déposées à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de la localité. Il n'acceptait pas pour autant une police bicéphale, mais mettait en place un processus qui conduisait dans un premier temps à placer les gardes civiques sous les ordres des forces de l'ordre. Quelques semaines plus tard, le 8 décembre, la création des CRS permis aux gardes civiques qui le souhaitaient de s'enrôler.

Le retour de Maurice Thorez ne mit pas un terme immédiatement à l'aventure des GCR. En décembre, les CDL et le Parti les défendaient encore, mais, fin décembre / début janvier 1945, les gardes civiques sombrèrent dans le non dit et leur bimensuel, Défense de la patrie, disparut sans explication. L'affaire fut close à l'échelle nationale lors de la session du comité central du PCF réuni à Ivry du 21 au 23 janvier 1945 ; Maurice Thorez déclara à cette occasion : « Ces groupes armés ont eu leur raison d'être avant et pendant l'insurrection. La sécurité doit être assurée par les forces régulières de police constituées à cet effet. Les gardes civiques et, d'une façon générale, tous les groupes armés irréguliers ne doivent pas être maintenus plus longtemps »31.


Extrait de : CAPDEVILA, Luc. Chapitre 6. "La base FFI, les Gardes civiques, l'ordre et le désordre public" In : Les Bretons au lendemain de l'Occupation : Imaginaire et comportement d'une sortie de guerre (1944-1945) [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1999 (généré le 15 juillet 2016). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/8874>.