Brassard des milices patriotiques du Comité de libération du cinéma français

Légende :

Brassard portant les sigles FFI et MP, une caméra stylisée, le tampon du Comité de libération du cinéma français et celui du syndicat CGT du film.

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu (toile de jute ?)

Date document : 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Dans les milieux du cinéma, les engagements résistants restent d'abord ponctuels, ils sont le fait d'individu isolé. Ainsi, Jean-Paul Le Chanois, assistant réalisateur et scénariste, commence dès décembre 1940 par écrire une page dactylographiée qu'il distribue dans les boîtes aux lettres de ses amis. En septembre 1941, lorsqu'il est engagé à la Continental, maison de production allemande, il crée, en partie avec les techniciens qui travaillent dans cette société, le Comité de salut public du cinéma français. Les "têtes" du réseau sont alors Jean Lods (futur directeur des études de l'IDHEC), Claude Vermorel (scénariste), Jean Painlevé (réalisateur de films scientifiques), Jacques Lemare (opérateur), Nicolas Hayer (chef opérateur), Marc Maurette (assistant réalisateur), Max Douy (décorateur), Étienne Laroche (assistant opérateur), René Houdet (ouvrier technicien). Les réunions de travail ont lieu chez Max Douy, rue des Bourbonnais.

Le réseau se spécialise dans la propagande et le renseignement. Des tracts sont distribués au sein de la profession. Un reportage sur Paris occupé est réalisé et envoyé, par l'intermédiaire de Dagneau, chef développeur au laboratoire CTM de Gennevilliers, à Londres. En 1943, le mouvement se renforce, devient l'Union des syndicats CGT et se rapproche des organisations communistes au sein desquelles se trouve depuis 1942 la section cinéma du Front national que dirige René Blech. Cette dernière est formée de réalisateurs de toutes sensibilités politiques (Louis Daquin, Jacques Becker, Claude Autant-Lara, Jean Grémillon, André Zwobada, Jean Delannoy…), et d'intellectuels comme les frères Prévert, Jean-Paul Sartre, Armand Salacrou, Nino Franck ou Pierre Bost… Tous partagent le même refus de la collaboration.

Plus littéraire que politique, le petit groupe passe les scénarios au crible, du moins ceux des scénaristes qui acceptent de les leur soumettre. Mais, les énergies se rassemblent plutôt autour de problèmes purement corporatifs liés à la future organisation du cinéma français lorsque celui-ci sera libéré. En 1943, le mouvement s'attache à la publication du journal clandestin L'Écran français ; le 10 mars 1944, celui-ci sera intégré dans Les Lettres françaises clandestines. Il faudra attendre la fin de l'année 1943, où les revers militaires des Allemands font comprendre à certains résistants que la fin est proche pour voir ces deux réseaux, qui demeuraient autonomes, s'unir et préparer l'insurrection dans le cinéma.
C'est ainsi que prend naissance le Comité de libération du cinéma français (CLCF). Il regroupe le Front national, l'Union des syndicats CGT, les Milices patriotiques, les Comités populaires d'entreprises, les Employeurs patriotiques, le Mouvement des prisonniers et déportés, et les Communistes du cinéma. Le CLCF, présidé par l'acteur Pierre Blanchar est rattaché au CNR.
La première action d'envergure du CLCF avant la bataille finale date du mois d'avril 1944. Environ 200 professionnels partis des studios des Buttes-Chaumont, auraient descendu la rue de Belleville pour rejoindre la place de la République en distribuant des tracts aux commerçants et à leurs clients pour informer les gens de l'existence des résistants et de leur volonté de bouter l'occupant hors de France (témoignages).
Après le débarquement du 6 juin, Jean-Paul Le Chanois prend en main l'organisation de l'insurrection. Le but est d'occuper tous les secteurs stratégiques du cinéma pendant que le reporter d'actualités Hervé Missir s'occupe de planifier les prises de vue d'un film sur la libération de Paris.
À la Libération, le CLCF, qui regroupe tout ce que le cinéma compte de résistants communistes, cégétistes et sympathisants, se considère comme le porte-parole de la profession et se veut l'interlocuteur privilégié du gouvernement provisoire pour toutes les questions de réorganisation cinématographique.


Auteur : Jean-Pierre Bertin-Maghit in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Sources et bibliographie :
Archives nationales, F21.
Archives de la Cinémathèque française.
Archives Jean-Paul Le Chanois.
Archives de la Coopérative générale du cinéma français.
Archives départementales de la Seine, archives du Comité régional interprofessionnel d'épuration.
Jean-Pierre Bertin-Maghit, Le cinéma français sous l'Occupation, Paris, Orban 1989, réédité par Plon en 2002.
Jean-Pierre Bertin-Maghit, Le cinéma français sous l'Occupation, Paris, PUF, Que Sais-je ?, 1994.
Sylvie Lindeperg, Les Écrans de l'ombre, Paris, CNRS Éditions, 1997.
Entretiens de l'auteur avec Louis Daquin, Jean Delannoy, Max Douy, Jean-Paul Le Chanois, Marc Maurette, André Zwobada.