André Wolff

Légende :

André Wolff, MUR-MLN, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR de Marseille Droits réservés

Détails techniques :

Scan de photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

André Emmanuel Wolff naquit le 27 juin 1900 à Belfort (Territoire-de-Belfort), au sein d’une famille très patriote. Son père, marchand de bestiaux, avait quitté l’Alsace, annexée par l’Allemagne après la défaite de 1870. Son frère, « Mort pour la France », fut tué lors de la Première Guerre mondiale. Lui-même abandonna son emploi de clerc de notaire et s’engagea volontairement en août 1918. Affecté au 8e, puis 20e escadron du Train, devenu maréchal des logis, il fut démobilisé une première fois en novembre 1919, mais réincorporé lors de l’appel normal de sa classe en mars 1920. Affecté à l’armée du Levant, il fut renvoyé dans ses foyers en mai 1921.

Le 5 novembre 1932, à Toulouse (Haute-Garonne), André Wolff se maria avec Marthe Dobiot, dont il eut un fils. En 1937, il s’établit dans les Bouches-du-Rhône, non loin du village de Fontvieille, dont son épouse était originaire, et acheta une étude de notaire à Lançon-de-Provence. En septembre 1939, il fut réformé définitif du fait de graves problèmes de santé.

Après l’armistice et l’Occupation, il entendit reprendre le combat et s’engagea dans la Résistance en 1943, aux côtés de Marcel Roustan et de son équipe MUR-MLN de Salon (Bouches-du-Rhône). Il confectionna de faux papiers pour les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) et assura des transports d’armes, y compris depuis les Basses-Alpes. Parfaitement germanophone, il put faciliter des désertions parmi les unités allemandes stationnées dans cette petite région. Il prit en charge et cacha des déserteurs d’origine alsacienne, enrôlés de force. En juin 1944, lors de la mobilisation de la Résistance à l’occasion du débarquement de Normandie, il ravitailla le maquis du Petit Sonnailler, en formation dans les Bouches-du-Rhône, près d’Alleins, sur le flanc de la Chaîne des Côtes, et participa, à l’heure du repli, à son évacuation. 

Lorsque Marcel Roustan fut arrêté le 7 juin 1944 (et fusillé ensuite au Val de Cuech, près de Salon, avec Gaston Cabrier et Jules Morgan), André Wolff prit le relais. Mais il fut lui-même arrêté par les Allemands, quelques jours après, le 13 juin, en soirée, et conduit à Marseille, au siège du SIPO-SD (la Gestapo), 425 rue-Paradis.

André Wolff fut fusillé à Signes le 12 août et enterré, de manière sommaire, avec 8 autres victimes dans la « seconde fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 695), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata qu’un projectile reçu au niveau du front avait provoqué l’éclatement de l’occipital et des pariétaux. Un autre projectile avait traversé le thorax, à la base, du côté gauche.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, André Wolff fut inhumé d’abord au cimetière de Lançon, puis transféré, en octobre 1946, dans le caveau familial de son épouse à Fontvieille.

André Wolff fut reconnu Mort pour la France. Son nom a été donné à la place centrale de Lançon et il est gravé sur le monument aux morts du village. Une plaque a été apposée sur son ancien domicile.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès ; archives départementales du Territoire de Belfort, matricule militaire ; DAVCC Caen, 21P 551 023 dossier de mort pour la France, André Wolff ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, note du cabinet du préfet, 15 juin 1944 ; journal Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 20 octobre 1944, presse régionale, septembre 1944 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 312 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Bulletin du club d’histoire locale, numéro spécial, « Maître André Wolff. Notaire et Résistant, 1900-1944 », Les Amis du Vieux-Lançon, La Bergerie, n°45, mai 2004 ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930-1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, Paris, Syllepse, 2011, p. 601.