André Aune

Légende :

André Aune, Berthier, chef départemental de l'Armée secrète des Bouches-du-Rhône sous le pseudonyme de Marceau, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR de Marseille Droits réservés

Détails techniques :

Scan de photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

André Fernand Élie Aune est né le 28 avril 1899 à Marseille, rue des Abeilles, d’une mère journalière, Marie Aune, célibataire, et d’un père inconnu. Sa mère avait déjà un autre enfant naturel, né le 1er octobre 1896, Albert Henri Jean Aune, qu’elle reconnut. De même, André Aune fut reconnu officiellement par sa mère en juillet 1902.

Pendant la Première Guerre mondiale, en 1917, André Aune s’engagea pour quatre ans et fut affecté au 6e bataillon de chasseurs alpins. Après avoir participé à l’occupation de l’Allemagne, il fut démobilisé en 1921. Rendu à la vie civile, il travailla dans le commerce et se fit une place parmi les courtiers en huiles et savons.

En 1939, il fit partie, comme conseiller technique, de la Mission française pour le ravitaillement en graines oléagineuses envoyée à Londres. Après l’armistice, il revint à Marseille, puis partit pour Dakar. De retour en France en 1941, il s’engagea dans la Résistance sous le nom de Berthier. Il devint en 1944, au sein des Mouvements unis de Résistance (MUR) – Mouvement de Libération nationale (MLN), chef départemental de l’Armée secrète sous le pseudonyme de Marceau.

Son frère, Albert Aune, devenu dominicain et aumônier des prisons avait fondé, en mai 1942, l’Étape, une association pour la réinsertion des prisonniers, basée à Sénas, près de Salon (Bouches-du-Rhône), dans une propriété que possédait André. Ce fut l’occasion de faire sortir des résistants de prison : Albert Chalandon, en contact avec Albert Aune aux Baumettes, en profita avant sa libération. Il l’utilisa, par la suite, pour des réunions. L’Étape aurait également servi pour l’entraînement au maniement d’armes.

Au cours du premier semestre 1943, le SIPO-SD (la Gestapo) de Marseille avait repéré André Aune, mais uniquement sous son pseudonyme de Berthier. C’est ainsi qu’il fut recensé, le 14 juillet 1943, dans le rapport « Flora », sous le numéro 58, grâce à des renseignements obtenus localement et par l’intermédiaire du SIPO-SD de Lyon. Ce rapport avait été rédigé par Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD de Marseille. En 1944, en revanche, André Aune fut clairement identifié par les services allemands. Le 11 août 1944, il apparaît sous son vrai nom, au numéro 9 du rapport « Antoine », dans lequel Ernst Dunker-Delage établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. André Aune est considéré comme « adjoint du chef régional NAP de mai 1944 jusqu’à son arrestation ». Selon ce rapport, il aurait été transféré des FFI au NAP à cause de son manque d’activité, bien que, de manière assez contradictoire, Dunker-Delage lui attribue la responsabilité de l’exécution du collaborationniste Tomasini, membre du Parti populaire français (PPF).

André Aune fut arrêté le 13 juillet 1944, dans l’appartement de René Mariani, Gaillard, et conduit au 425, rue Paradis, siège du SIPO-SD (la Gestapo) où il fut interrogé. Dans le registre de saisies de la police de sécurité allemande (SD), il figure page 126 sous le numéro 920, à la date du 10 août 1944, comme Widerstand Chef (chef de la Résistance). Il était en possession de 6 345 francs.

André Aune fut fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 712), fut parmi les 32 premières identifiées. Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, André Aune fut inhumé au cimetière Saint-Pierre.

Le conseil municipal de Marseille décida, dans sa séance du 19 juillet 1945, de donner le nom d’André Aune au boulevard-Gazzino, dans le 6e arrondissement de Marseille. Une rue de Sénas porte son nom qui est aussi gravé sur le monument aux morts de cette localité. André Aune a été reconnu Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :
Actes de naissance et de décès ; DAVCC Caen, dossier de mort pour la France, André Aune ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; 27 P 45, registre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, Antenne SIPO-SD de Marseille, « Rapport final de l’enquête sur l’affaire “Flora”, concernant les mouvements de résistance gaullistes », Marseille ou mouvements unis de résistance en France », 19 juillet 1943 ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, interrogatoires de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945, et à propos du rapport Flora, 23 juillet 1945 ; archives de la ville de Marseille, extrait des registres de délibérations du conseil municipal, séance du 19 juillet 1945 (dossier 44U) ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier, les numéros 1, 3, 42 ; Augustin Laffay, « Une attitude chrétienne face à l’antisémitisme : les Dominicains à Marseille pendant la Deuxième Guerre mondiale », Mémoire dominicaine, n°21, 2007, p. 165-183, ici p. 174 ; Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éd. Jeanne Laffitte, rééd. 2001, pp. 40-41 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Germaine Madon-Semonin, Les années d’ombre, 1940-1944. Les Jeunes dans la Résistance à Marseille, ronéotypé, sd., 19 p. ; Jean Fabre, Les soldats de l’ombre, Marseille, chez l’auteur, 1998, ronéotypé, 76 p. ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 291 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, pp. 503-506 et p. 536, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.