Maurice Béchade

Légende :

Maurice Bechade, très probablement fusillé à Signes à l'été 1944, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © DAVCC Caen Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Maurice Béchade naquit le 3 octobre 1922 au Verdier, hameau de la commune de Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne), à une dizaine de kilomètres de Limoges, dans une famille modeste. Son grand-père maternel, François Lauzerie, agriculteur au Verdier, déclara ne pas savoir signé l’acte de naissance. Son père, Antoine Louis, était employé de chemin de fer à La-Coquille (Dordogne) où il résidait avec son épouse, Catherine Lauzerie.

Titulaire du certificat d’études primaires, Maurice Béchade était caporal-chef ou sergent d’aviation à la base aérienne du Luc, dans le Var. Engagé dans la Résistance, il fut membre du réseau Marine et rattaché, en juillet 1943, à l’Organisation de Résistance de l’armée (ORA). Le dossier de recherche établi après sa disparition lui prête comme adresses connues à Marseille le mess des sous-officiers de garnison ou l’hôtel de l’Aviation, 28 rue-Pavillon. Selon la même source, lié au capitaine Ninck, il aurait participé aux maquis du Pilon du Roi et du Plan d’Aups. Sous la direction du chef de bataillon Joumelard, alias Georges, l’un des responsables pour l’ORA de Marseille-ville, il aurait fourni en armes les groupes phocéens. La fonction d’agent de liaison du capitaine Ninck est signalée également dans le dossier de ce dernier.

Maurice Béchade fut arrêté à Marseille le 15 juillet par les services de police allemands et incarcéré. Il est qualifié de « courrier de l’organisation d’étudiants de Marseille », sous le numéro 20, dans le rapport « Antoine », rédigé le 11 août 1944 par Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD (la Gestapo) de Marseille. Dans ce texte, Dunker-Delage établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. Après la Libération, lors de l’instruction de son procès, Ernst Dunker, interrogé par la BST, déclara, le 9 juillet 1945, n’avoir jamais vu Maurice Béchade et estima qu’il avait été arrêté par d’autres membres de la section IV. L’arrestation aurait été effectuée « dans un local de scouts », lieu de rendez-vous de l’organisation, que les papiers saisis chez René Mariani auraient permis de repérer.

Maurice Béchade apparaît également, à la date du 10 août 1944, sous le nom de « Béchada Maurice », dans le registre de saisies du SIPO-SD de Marseille (p. 129,   n° d’ordre 937) pour une somme de 4 760 francs. Comme pour d’autres résistants, la date d’enregistrement dans ce registre est postérieure à sa probable exécution. L’inscription atteste seulement de son passage par le 425 rue-Paradis et non de la période de sa détention dans les locaux du SIPO-SD. Qualifié de Widerstandler (résistant), il est domicilié à Marseille, 5 rue-Édouard-Stéphan.

À la fin des quelques lignes concernant Maurice Béchade, il est mentionné, dans le rapport « Antoine », comme pour les résistants reconnus fusillés à Signes le 18 juillet 1944, « il fut… le 18… ».

Maurice Béchade fut d’abord, en 1944, déclaré disparu, « non rentré ». On a supposé, pendant un temps, qu’il avait pu être déporté. Un nommé Edmond Morel, agent de la Gestapo, exécuté par la suite, déclara en 1946 qu’il avait été arrêté et exécuté par la Wehrmacht. Il ne figure pas, jusqu’à ce jour, parmi les résistants identifiés du charnier de Signes. Pourtant, le 4 mars 1952, le tribunal de 1re instance de l’arrondissement de Toulon (Var) a bien conclu que « Béchade a été fusillé à Signes par les Allemands, le 18 juillet 1944 » et a ordonné que ce jugement serve d’acte de décès et que cette mention soit transcrite sur le registre d’état civil de la commune de Signes. Mais, selon l’inscription marginale de son acte de naissance, le lendemain, le 5 mars 1952, le tribunal civil de Marseille le déclara décédé « en un lieu inconnu en France » le 31 juillet 1944.

Le nom de Maurice Béchade est gravé sur le monument aux morts de Saint-Just-le-Martel avec la mention « Adjt FFI ». Il fut reconnu adjudant FFI à titre posthume, interné résistant et Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : acte de naissance ; DVAAC, dossier de Mort pour la France, Maurice Béchade, 21P 422 589 ; archives nationales, 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, interrogatoire de Dunker-Delage, par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; DAVCC, Caen, 27 P 45, registre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977, 3 volumes, 820 p. ; Sapin (Jacques Lécuyer) et quelques autres, Méfiez-vous du toréador, Toulon, AGPM, 1987 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014 ; Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930-1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, pp. 541-543.