Jean Piquemal

Légende :

Jean Piquemal, Jaquème, MUR-MLN, responsable départemental du NAP (Basses-Alpes), sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR de Marseille Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Jean Léon Piquemal naquit le 24 septembre 1904 à Saint-Raphaël (Var). Son père, mécanicien, mourut sous l’uniforme en février 1916 et Jean Piquemal devint pupille de la Nation par jugement du tribunal civil de Draguignan du 6 novembre 1918. Il se maria avec Hélène Noélie Ciccoli, dont il eut une fille. Installé comme pharmacien à Draguignan, il dirigeait aussi le laboratoire de biologie de l’hôpital-hospice de la ville. Socialiste et franc-maçon, membre de la loge L’Égalité de Draguignan, il fut révoqué de l’hôpital en mars 1941. Il s’installa alors à Manosque avec sa famille.

En contact avec Louis Martin-Bret, il adhéra à Combat, puis aux Mouvements unis de Résistance (MUR), où, sous le pseudonyme de Jaquème, il occupa rapidement des responsabilités, en particulier comme responsable départemental du Noyautage des administrations publiques (NAP). Il organisa aussi, avec le docteur Jean André, le service médical du maquis de Banon. Au printemps 1944, il participa aux côtés de Martin-Bret aux réunions des MUR avec l’Organisation de Résistance de l’armée (ORA) et avec le chef de la mission interalliée Grand Michel, réunions préparatoires à l’application du « plan d’opérations », lors du débarquement. Il suivit, avec Martin-Bret, la mobilisation de juin 1944 et présida, à la fin de ce mois, la réunion du comité d’action immédiate.

Représentant, avec Martin-Bret et François Cuzin, des MUR (devenus Mouvement de libération nationale, MLN) au sein du Comité départemental de Libération (CDL) des Basses-Alpes, il s’impliqua dans le débat qui opposa le MLN à l’ORA, à propos des dernières opérations et de leur suite. Au début juillet 1944, en possession de la circulaire du chef régional FFI Robert Rossi, Levallois, décidant de la destitution de Lécuyer, Sapin, il fit connaître à Chaumont, responsable départemental de l’ORA, le rapport du CDL adressé à Juvénal qui le mettait en cause. Il participa, le 5 juillet 1944 à Mison, à la réunion du CDL où fut décidé le remplacement de Chaumont à la direction de l’AS.

Jean Piquemal était présent à la réunion du CDL des Basses-Alpes qui se tint à Oraison le samedi 15 juillet 1944 avec, entre autres, Marcel André, François Cuzin, Maurice Favier, Émile Latil, Louis Martin-Bret. La réunion du CDL continua le lendemain, dans une salle au-dessus du café de France, géré par Léon Gaubert.

Mais les Allemands, informés de cette rencontre, étaient aussi au rendez-vous. En 1945, lors de l’instruction de son procès, l’homme clé de la Gestapo à Marseille, Ernst Dunker-Delage, déclara en avoir appris la tenue grâce aux papiers saisis sur un résistant – Georges Cisson en l’occurrence, arrêté à Marseille le 12 juillet - et déchiffrés. Le SD de Marseille fut donc à l’origine de l’intervention à laquelle il participa et qui fut soigneusement préparée. Les occupants utilisèrent, pour arriver à leurs fins, une unité de Brandebourgeois. Déguisés en maquisards, comme ils avaient coutume de le faire, ils simulèrent, dans la matinée du 16 juillet, des combats avec des soldats allemands – arrivés dans la localité quelques jours auparavant - et firent accroire à la population une libération du village. L’objectif était, évidemment, d’identifier le maximum de dirigeants de la Résistance. Dans l’après-midi, mettant fin à cette mauvaise comédie, ils arrêtèrent plusieurs membres du CDL et d’autres résistants.

Comme ses camarades du Comité départemental de Libération, Jean Piquemal fut transféré à Marseille, puis fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 704), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement de l’occipital et des pariétaux, dû à des rafales de projectiles tirés à courte distance.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, Jean Piquemal fut inhumé à Draguignan.

Le nom de Jean Piquemal figure sur une stèle, avec celui des dix autres résistants arrêtés le 16 juillet, à la sortie nord d’Oraison et, à Manosque, sur le monument « Aux martyrs de la Résistance dans les Basses-Alpes » dans la longue liste des victimes de la répression classées par villes et villages (à l’emplacement dédié aux résistants de Manosque). Il est également gravé sur le monument aux morts de Draguignan. Son nom a été donné à une place de Draguignan et une plaque à sa mémoire a été apposée au collège de cette ville. Il est également inscrit sur le Mémorial du Grand Orient de France, 16 rue Cadet à Paris, comme membre de la loge L’Égalité de Draguignan. Jean Piquemal a été reconnu Mort pour la France.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » Vérités, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier, les numéros 1 et 42 ; La Liberté des Basses-Alpes, organe du CDL des Basses-Alpes, n°5, 30 septembre 1944 ; presse quotidienne régionale ; Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, rééd. 1990, p. 351 et sq. ; Jean Vial, Un de l’AS bas-alpine. Souvenirs d’un résistant, Marseille, Chez l’auteur, imprimerie Villard, 1947, 3e rééd., Imprimerie Villard, 1990, p. 214-218 ; Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, thèse d’histoire de l’Université de Provence (Aix- Marseille I), dir. Émile Témime, 1989 ; Jean-Marie Guillon, Notice in Maitron-en-ligne ; Jean-Christophe Labadie, La répression allemande. Basses-Alpes 1943-1944, Digne, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2014, p. 121-125 et recueil documentaire, p. 20-21 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014 ; Commission départementale de l’information historique pour la paix, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, 1992 ; Hélène Vésian, Claude Gouron, Les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI/AMRID, 2004.